Liberté - Page 291
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Tenez, il les tutoie !
Sur le vif - Vendredi 25.03.22 - 09.06hJ’entends dire que la présidentielle 2022 n’est pas normale. Sous prétexte que la droite libérale et européenne d’un côté, le socialisme de l’autre, qui se partageaient le gâteau pendant des décennies, sont pulvérisés.Ben oui, ils le sont. Ils l’étaient déjà en 2017. Et là, ça s’est renforcé. Lisez l’Histoire politique : les partis naissent, vivent et meurent. Comme les journaux. Comme les humains. Tout meurt, c’est la vie.Considérer une élection comme atypique parce qu’elle ne reproduit pas les modèles de notre jeunesse, ou ceux que voudraient les rédactions des journaux convenables, c’est refuser l’évolution naturelle des tissus vivants que sont les partis.À vrai dire, l’état des fronts, à deux semaines du premier tour, est parfaitement conforme à la nouvelle carte politique de la France.D’un côté, avec Macron, la France bourgeoise et installée, bons revenus, bonne formation, beaux quartiers, pro-Europe, pro-Otan. La France orléaniste, du bas de laine. La France qui trouve normale la présence, depuis Mitterrand, de la bannière étoilée de l’Europe derrière le drapeau tricolore, qui fut celui des Soldats de l’An II.Avec Marine, ou Zemmour, ou Mélenchon, la France nationale, profondément républicaine, nourrie des grandes colères révolutionnaires, sensible à ce grand récit-là, celui de Michelet, celui de Péguy, celui de Barrès. Pour Mélenchon, celui de Jaurès.Un second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen serait parfaitement conforme à la nouvelle frontalité française. Les citoyens auraient à trancher entre deux visions de société vraiment antagonistes. C’est justement cela, la démocratie: un combat entre les forces réelles du moment. Celles qui plaisent, celles qui déplaisent.Cette élection 2022 n’a rien d’atypique. Elle est très normale. 40% au moins des Français veulent l’indépendance et la souveraineté. Ils ne veulent ni Bruxelles, ni l’Oncle Sam. Ils veulent freiner de façon draconienne l’immigration. Ils ne supportent plus l’invasion du débat public par les questions sociétales, liées au genre, ou à la couleur de la peau. Ils veulent une école qui transmette des connaissances. La moindre des choses, c’est que leur courant soit représenté dans la compétition amirale de la vie politique française.Si elle est au second tour, face à Macron, Marine Le Pen sera la fédératrice de cette France-là. Son score sera autrement plus massif qu’il y a cinq ans. Elle représentera l’alternance, la vraie, à la politique libérale, atlantiste et européiste du Président sortant.Un homme si charmant, si intelligent, si élégant, si convenable. Il connaît si bien les grands de ce monde. Avec eux, il parle anglais. Tenez, il les tutoie.Pascal DécailletLien permanent Catégories : Sur le vif -
Coupable par essence
Commentaire publié dans GHI - 23.03.22
Quand vous arrivez en voiture place du Cirque, direction Pont de la Coulouvrenière, vous tombez sur un feu qui ne reste vert que quelques secondes. Seuls cinq ou six véhicules passent, les autres attendent. Vous restez là, plantés. Vous avez tout loisir d’admirer le paysage. Un exemple, parmi tant d’autres. Chacun de vous pourra donner le sien. Chacun a en tête la cartographie des bouchons genevois, ceux qu’on pourrait parfaitement éviter, mais qu’on ne touche pas, pour bien laisser l’automobiliste, ce coupable par essence, mariner dans le jus de sa colère.
Cette politique ne doit rien au hasard. Elle relève d’un choix idéologique bien précis : rendre la vie impossible aux conducteurs de véhicules motorisés, les inciter à laisser leurs voitures au garage, et à entrer dans le paradis des transports publics.
Cette politique porte un nom : celui de Serge Dal Busco. A la ville, le meilleur des hommes, je le dis sans ironie. Un magistrat soucieux du bien public. Mais hélas, un ministre qui a, de façon totalement incompréhensible, troqué la politique de son camp naturel, en matière de mobilité, contre celle de ses adversaires. Ce transfert (voyez, je reste poli), unique dans l’Histoire de Genève, demeure l’un des mystères de la législature. L’homme serait-il allé à Damas ? Serait-il tombé de cheval ? Aurait-il été frappé par une révélation ?
La loi sur la mobilité dite « cohérente et équilibrée » brille par deux aspects singuliers : son incohérence, son déséquilibre. Ainsi va le monde : parfois, il nous déroute.
Pascal Décaillet
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Fiche technique
Sur le vif - Jeudi 24.03.22 - 11.57hOTAN : organisation visant à placer l’Europe centrale et orientale sous contrôle américain. Contrôle stratégique, mais aussi économique et financier. A tapissé de bombes, nuit et jour, il y a 23 ans, un pays souverain du continent européen : la Serbie. En a profité pour établir ses têtes de pont, militaires et économiques, dans les Balkans, vieux rêve d'un autre Anglo-Saxon : Winston Churchill, l'homme qui s'était couvert de succès aux Dardanelles, en 1915. L'homme qui a rasé Hambourg en juillet 43, et Dresde en février 45.Signe particulier : se pare de l’étendard du Bien. Jouit de prestige auprès des naïfs, des incultes, des manichéens, de ceux qui n'ont jamais ouvert un livre d'Histoire, et des moralistes à la petite semaine.Bénéficie d'un excellent service de propagande, visant à toujours placer ses actions militaires sous le signe de la protection des peuples, de la promotion du "monde libre", de la "liberté". Fait passer les Etats-Unis d'Amérique pour une nation de paix, soucieuse de la seule concorde entre les peuples. Entretient et encourage les trous de mémoire sur les huit années de bombardements du Tiers-Monde, loin des caméras et des médias, sous Barack Obama.Peut compter sur le soutien sans faille des atlantistes, des amateurs de westerns, des motards de la Route 66, des amis d'Elvis, des centristes belges, du Syndicat des Parrains de la Democrazia Cristiana italienne, du Président sortant de la République française, des orléanistes, des Ligues anti-communistes, des nostalgiques du maccarthysme, des boursicoteurs mondialisés, des maquettistes de B-52 à l'échelle 1/100%, de la Société polonaise de Country.Et aussi, d'un manifestant de la Place fédérale, nommé Ignazio Cassis.Pascal DécailletLien permanent Catégories : Sur le vif