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Liberté - Page 1583

  • Les grilles, la liberté, les ondes

     

    Edito Lausanne FM - Vendredi 16.11.07 - 07.50h

     

    Dans l’univers audiovisuel, il y a deux mots que j’ai toujours détestés : le mot « chaîne » et le mot « grille ». J’aimerais savoir quel sinistre et grisâtre garde-chiourme, un beau matin, s’est mis en tête de lancer ces horribles vocables carcéraux dans un domaine où, plus que partout ailleurs, devraient régner la liberté, l’excitant parfum du volatile, l’imagination, la créativité, l’invention.

    Dans l’audiovisuel public, qui vit (je vous donne rendez-vous dans dix ou quinze ans) ses dernières années comme monopole financé par l’impôt déguisé, mais aussi, de façon plus surprenante, dans certaines offres privées, on parle encore beaucoup trop de grilles, de structures, de mécanismes lourds et incroyablement onéreux. Et on ne parle pas assez d’émissions. Le centre, pourtant, de toutes choses, l’unité amirale, ce sont les émissions.

    La radio, la télévision, sont en pleine révolution, et tout cela ne fait que commencer. Longtemps, on arrivait fatigué du boulot, le soir, on prenait une cannette, on se lâchait sur le canapé, et on se disait : « Je vais regarder la télé ». Et on restait comme ça, assis, une heure, deux heures, en zappant, à regarder défiler les images. Les nouveaux supports, internet aujourd’hui, le numérique demain, vont rendre incroyablement plus sélectif le consommateur de radio et de télé. Plus question de fidélité (on se demande bien au nom de quel contrat, d’ailleurs !) à une grille. À une grille, on n’est pas fidèle : on est attaché. Mais fidélité oui, à coup sûr, par désir et par appétence, à une émission.

    Les nouveaux vecteurs, déjà, nous délivrent de l’obligation de simultanéité : je n’ai pas vu, pas entendu en direct ; peu importe : je podcaste. Et ces mêmes vecteurs, assez vite, dans les années qui viennent, vont rendre complètement caducs les concepts même de grille horaire, journalière, d’enchaînement lourdingue de programmes : 24 heures d’émission par jour, etc. Pourrait-on rêver que cette heureuse évolution nous soulage un peu des apparatchiks en faveur des créatifs : ceux qui font, ceux qui façonnent, ceux qui pétrissent la glaise, ceux qui inventent, ceux qui s’exposent, ceux qui se battent.

    À la vérité, les mots « chaîne » et « grille » doivent rejoindre les placards du passé. Au centre de tout, il y a des émissions. Et au centre d’une émission, il y a toujours, il doit y avoir, un homme ou une femme pour l’incarner. Et cet homme, ou cette femme, doit être totalement responsable de son émission. Assumer quand ça va bien, assumer quand ça va mal. Il doit s’exposer, prendre des risques, incarner son émission, vivre avec elle, 24 heures sur 24 dans la tête, la porter, l’enfanter. Ce pari, beaucoup plus individuel que collectif, c’est celui de la responsabilité. Et c’est celui de la liberté.


  • Madame Bugnon, ne partez pas!

    Madame Bugnon, ne partez pas. De grâce, ne faites pas ce cadeau aux quelques cafards de soupirail qui profitent de l’anonymat des blogs (que j’ai vertement dénoncé dans un commentaire du Matin dimanche, le 26 novembre 2006) pour suinter l’injure et l’invective.

     

    Sans être ni Vert, ni exagérément féministe, je respecte infiniment ce que vous êtes. Votre voix, votre sensibilité, votre intelligence doivent demeurer sur la toile des blogs.

     

    Pour ma part, j’ai posé trois conditions à la publication des commentaires sur mon blog :

     

    1) Aucune insulte. Je refuse même la familiarité, le tutoiement, sauf de la part de ceux qui je tutoie dans la vie.

     

    2) On peut tout dire, mais en le signant. Il y a deux ou trois mandrins d’arrière-bosquet qui fleurent à plein nez la pestilence d’un pseudonyme, ou d’une anagramme que, passionné de lettres, je décèle assez vite.

     

    3) Le commentaire doit porter sur le sujet traité dans mon billet.

     

    A partir de là, ces trois conditions respectées, liberté totale. Que volent, fusent et s’entrechoquent les idées !

     

    Madame Bugnon, je vous demande de rester. Si les gens de qualité laissent ce bel espace de libre expression aux professionnels de l’opprobre et de l’insulte, c’est l’univers éditorial dans son entier qui s’en trouvera appauvri.

     


     

  • Le capitaine embusqué

     



    Édito Lausanne FM – Jeudi 15.11.07 – 07.50h



    Hier soir, à la Radio Suisse Romande, la conseillère nationale vaudoise Isabelle Moret s’est déclarée candidate à la vice-présidence du parti radical suisse. C’est le poste du « numéro deux romand », occupé jusqu’ici par le Valaisan Léonard Bender, radical canal historique, présenté d’ailleurs par Isabelle Moret, hier soir, comme un demi-dieu vivant de la politique suisse.

    Le parti radical suisse va très mal, il a évidemment besoin d’un renouvellement complet, et pas seulement à sa vice-présidence. Fulvio Pelli, le patron, a perdu les élections, il a perdu la guerre de la communication, il a passé trop de temps à regretter les temps anciens, il devrait céder la place. En attendant ce jour, comme le chante Brel dans « Zangra », toute énergie nouvelle est à saluer. Et la Suisse romande a beaucoup à apporter à ce parti trop longtemps prisonnier d’une aile zurichoise, héritée d’un « Freisinn » froid, n’ayant pas grand-chose à voir avec la tradition républicaine, plus populaire et à bien des égards plus sociale des radicaux romands. Cette lignée incarnée – et avec quelle panache – par Jean-Pascal Delamuraz, le dernier des grands.

    Seulement voilà, dans la démarche d’Isabelle Moret, il y a quelque chose d’étrange : pourquoi cette jeune et brillante élue ne porte-t-elle pas son regard, ses ambitions, plus haut et plus loin ? Pourquoi ne tenterait-elle pas d’arracher la présidence ? C’est cet échelon-là, devant l’opinion publique suisse et suite à l’échec du 21 octobre, qui est en cause. S’imaginer – comme le faisait hier soir Olivier Feller sur le plateau de Léman Bleu – que les ailes de la victoire viendraient en se contentant d’ « encadrer Fulvio Pelli pour la communication » apparaît un peu court.

    Voici donc le moment où vont surgir des têtes, des appétits, des ambitions. Le parti radical suisse a besoin de beaucoup plus que de simples aménagements de casting. Il a besoin d’un électrochoc. À cet égard, je signale au passage qu’il existe un homme de 29 ans, dévoré d’énergie intérieure et d’idées réformatrices pour la recomposition du centre-droit en Suisse. Il est membre de l’exécutif de la Ville de Genève, et me semble un peu jeune pour consacrer l’intégralité de son temps à la gestion des agents municipaux et des pompiers. Il s’appelle Pierre Maudet. Je ne vois pas très bien pourquoi, alors que le parti est en danger de douce et valoisienne satellisation, il n’appellerait pas, comme recours, cet homme qui, de toute façon, un jour ou l’autre, tiendra un rôle signalé dans l’univers de la politique nationale.