Édito Lausanne FM – Jeudi 07.02.08 – 07.50h
La langue de Pascal Couchepin a-t-elle fourché ? Ou a-t-il, volontairement, tenté un jeu de mots dont il aurait sous-estimé le mauvais goût ? La réponse, nous ne la saurons sans doute jamais. Mais l’évidence est là : pour la deuxième fois en quelques semaines, la parole du conseiller fédéral a émis un rapprochement entre une personnalité UDC et le monde totalitaire de la Seconde Guerre mondiale.
Phonétiquement, musicalement, le jeu de syllabes du Président de la Confédération est assez, avouons-le, salé, croustillant : il a associé le penseur de l’UDC, le conseiller national Christoph Mörgeli, l’un des proches parmi les proches de Blocher, au sinistrissime docteur Mengele, le bourreau des camps de concentration. Son esprit – ou son inconscient – a malaxé les syllabes de ces deux mots, et ça a donné « le docteur Mörgele ».
Pascal Couchepin n’était ni dans une soirée privée, ni dans un bistrot de Martigny, mais devant une commission parlementaire, la très sérieuse commission de la science du Conseil national. En présence d’un certain Oskar Freysinger, qui, on l’imagine, ne s’est pas privé de s’étouffer d’indignation.
La phrase exacte est : « J’ai failli dire le docteur Mörgele, mais je pense bien sûr à Mengele ». Elle a été prononcée juste à un moment où Mörgeli, membre de la commission, était absent. Le « J’ai failli dire », bien sûr, accrédite la thèse du faux lapsus, puisque le glissement est volontairement mis en scène par le locuteur. Dans tous les cas, Couchepin, qui a dû se rendre compte qu’il était allé un peu loin, a tenu, hier après-midi, à calmer les choses, se disant « désolé si quelqu’un s’est senti blessé à la suite de cette intervention qui ne visait personne aujourd’hui ». L’affaire, à vue de nez, devrait en rester là.
Demeure une question : soit Pascal Couchepin avait fait exprès, et le jeu de mots est particulièrement malvenu. Soit c’est vraiment un lapsus, le glissement d’un mot sous un autre, à la place de l’autre. Et alors, il est urgent de recommander au Président de la Confédération quelques petites séances de consultation. Mais au fait, ce genre de séance est-il encore remboursé par l’assurance-maladie ?