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Liberté - Page 1398

  • Les voyous de la voyelle

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    Sur le vif - Vendredi 02.07.10 - 17.08h

     

    On savait Jean-Pierre Jobin, président de Genève Tourisme, gaga des logos. La dernière nouvelle, fracassante, tombée (mâtin, quelle chute !) sur les téléscripteurs, confirme. Tenez-vous bien, ça déménage, fasten your belt, no smoking, âmes sensibles s’abstenir : « Genève Tourisme & Bureau des Congrès » s’appellera désormais, après dévastateur remue-méninges, « Genève Tourisme & Congrès » !!!

     

    Ca vous en bouche un coin, hein ? Eh oui, Sire, une Révolution. Une nouvelle ère, de ce jour et de ce lieu. Une de ces nouvelles qui s’en viennent miroiter dans vos prunelles incrédules comme mille moulins de Valmy. Manhattan et le poudreux oubli de ses plus hautes tours. Hiroshima. Oui, mon amour : Hiroshima.

     

    J’ai toujours pensé que Jean-Pierre Jobin était un être atomique. Entendez inséparable. De lui-même. Inimitable dans l’art de mettre des points sur les i, comme dans celui de coter en bourse chaque chips d’un apéro de départ. Tenez, le communiqué de Genève Tourisme (y Congressos, señores) précise que désormais, le nouveau logo « met en exergue le « i » de Tourisme ».

     

    Tu vois, ami lecteur, c’est là qu’on voit qu’on est des rigolos, toi et moi. Ce génie rimbaldien de la voyelle, ponctuée jusqu’au plus extrême Finistère de la jouissance littorale. Là où l’Amère, sur le sable, viendrait doucement mourir. Des génies comme ça, ça vaut des millions.

     

    Bon, je vous laisse. J’ai un petit apéro de départ. Je suis responsable de peindre en rouge la lettre « Y ». Coincée entre le bleu immaculé de deux « O ». Non, je n’ai pas dit « comme dans VOYOU »… Non, non, je n’ai rien dit du tout. D’ailleurs, je m’en vais.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Les Neuf Cavaliers de l’Apocalypse

     

     

    Sur le vif - Jeudi 01.07.10 - 14.22h

     

    Les Verts de la Ville de Genève sont des gens particulièrement aimables et attachants. Moins doctrinaires que leurs cousins socialistes, adeptes du vélo et de la plus grande douceur dans la mobilité, admiratifs du legs (en effet hors normes…) de leur magistrat Patrice Mugny, ils sont dans une phase de développement tellement durable qu’ils viennent d’annoncer neuf candidats à l’exécutif de la Ville !

     

    Vous m’avez bien entendu : neuf. Trois fois la Trinité. En sachant que le gouvernement de la Ville de Genève compte, en tout et pour tout, cinq personnes. Dont Manuel Tornare. Donc, au final, en effet neuf, suis-je bête.

     

    Bon, ce ne sont là que des candidats à la candidature, on se réjouit de l’écrémage interne, on se dit juste que ce dernier aurait pu déjà commencer en amont d’aujourd’hui, parce que neuf, ça donne tout de même un peu l’impression qu’on n’a pas trop osé faire le boulot préliminaire.

     

    Alors, va pour neuf ! Pour la liste, je vous renvoie à la Feuille d’Avis officielle, que vous pouvez vous procurer gratuitement avec un verre d’eau. Disons qu’elle va des charmes de la Guinée Conakry à la présidence de la Constituante, en passant par le Jardin botanique, la réparation de vélocipèdes, le cabinet noir du ministre hors normes, la présidence du Municipal, sans oublier la grâce – toujours féline – de l’anonymat.

     

    On se dit simplement que les Verts auraient pu aller plus loin. Pourquoi pas dix-huit ? Ou alors trente-six. Ou mieux : tous candidats. Tous sur les listes électorales. On aurait juste sacrifié quelques tilleuls ou platanes (de Carl-Vogt, par exemple) pour fabriquer du papier. Mais au moins, on aurait proposé à l’univers le grand œcuménisme du non-choix. Celui qui vient juste après le Grand Soir.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Merci, les profs

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    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 01.07.10


    Ils ont choisi le plus beau métier du monde, l’un des plus difficiles aussi. Ils sont des passeurs. Ils sont comme la Dranse, grise et noirâtre, moirée des alluvions d’amont. Ce qu’ils transmettent, c’est la connaissance, donc la vie. Il y a ceux qu’on aime, il y a les autres, peu importe. Ce qui compte, c’est la centralité de leur présence. C’est toi, le prof, le héros de l’histoire, toi qu’on doit admirer, ou haïr. Toi, le magistère. Les manuels de pédagogie, les études Pisa, ne viennent que bien après.

     

    Les profs qui m’ont impressionné m’accompagnent toujours, dans la tête. René Ledrappier, pour l’universalité de ses cours de maths. Le Père Collomb, un prêtre catholique qui nous initia avec un infini respect aux autres religions. Gérard Duc, pour sa première dictée sur Proust. Le rugueux Wyder, autre prêtre, une encyclopédie de la biologie, avec un cours incroyablement complet sur l’évolution, à mille lieues des niaiseries créationnistes. Le jour, il enseignait la théorie des mutations, le soir lisait la Genèse ou jouait du violon.

     

    Voyez, je cite des noms, pas des concepts. Il y avait aussi la chorale de Philippe Corboz. Et tous les autres. Je cite des noms, pas des systèmes d’éducation. L’école, c’est avant tout un choc phénoménal d’humains avec d’autres humains. Aux profs, aux élèves, excellentes vacances. Et que vive l’école, pour toujours.

     

    Pascal Décaillet