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Liberté - Page 1355

  • Les effets spécieux du Conseil d’Etat

     

    Sur le vif - Mardi 09.11.10 - 10.54h

     

    Sous la plume de mon confrère Christian Bernet, la Tribune de Genève nous en sort une toute bonne, ce matin. Une toute savoureuse. Une toute brumeuse de chez les automnales, avec feuilles mortes qui se ramassent à l’Appel (du 18 juin). Une qui relègue le plus tordu des jésuites, le plus torréfié par les effets les plus éthérés de la casuistique, au rang de simplet de village, benêt, boyet, taguenatzêt, marnozêt. Mais trêve de plaisanteries, n’étant pas socialiste, je ne suis pas là pour faire rire.

     

    Donc, dixit la Julie, le Conseil d’Etat estime que l’interdiction de l’affiche MCG n’est en aucun cas une « décision » de sa part. Et, comme il n’y a pas « décision », il ne peut évidemment (sommes-nous bêtes !) y avoir recours. CQFD. Ah, les braves gens !

     

    Pas de décision. Pas d’affiche, non plus. Pas de recours. Il ne s’est rien passé. Il n’y a d’ailleurs pas, non plus, de Conseil d’Etat. Pas de dictateur en Libye. Pas de garde noire. Il n’y a plus rien. Il n’y a jamais rien eu. Et quand on croise le président du Conseil d’Etat, déguisé en mouton, il répond comme Ulysse : « Mon nom est personne ».

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

  • Les caprices de Manuel – Comptine d’automne

     

    Sur le vif - Lundi 08.11.10 - 17.21h

     

    Bien qu’il y existe, selon Claudel, des maisons pour cela, Manuel Tornare se veut un homme de tolérance. Bon prince, ouvert, humeur enjouée, gai comme un pinson. Le premier, parlant de tout et de rien, de ses chers camarades comme de ses quatre collègues, il se révèle grinçant, tonitruant, sulfureux, moqueur, vinaigré dans le choix de la pique et de la dague. Et c’est très bien ainsi.

     

    Très bien, sauf s’il se trouve, à son tour, en situation d’être attaqué. Alors, aussi vite qu’il en faut à la palombe pour se transformer en milan, les griffes de l’homme se mettent à jaillir. Et il saisit son téléphone, Manuel, et il trame, et il ourdit, et il jacasse de venimeux propos. Et là, d’un coup, finie la tolérance. Envolée. Adieu Gide, Claudel, adieu salons mondains, place à l’ire vengeresse. Princière. Acidulée.

     

    Et il croit qu’avec la presse, il peut faire valser têtes et bustes ainsi qu’en son empire municipal, ici un courtisan, là un laquais, partout le grand miroir de la servilité. Et si, par mégarde, il n’a pas eu accès à tous les libelles que d’odieux plumitifs ont cru bon de rédiger à son endroit, alors il a droit à de hautes âmes, directement de la Tour Baudet, pour les lui signaler. Entre malmenés, on s’entraide.

     

    Le problème, c’est que la presse est libre. Et ne le demeurera que tant qu’elle se battra. Pour sa dimension critique. Contre l’esprit de cour. Contre le sirupeux empire des cocktails. Elle ne s’use, cette liberté-là, que lorsqu’on ne s’en sert pas. Que cela plaise au prince. Ou que cela lui déplaise.

     

    Pascal Décaillet