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Tout là-haut, Bonatti

 

Hommage - Jeudi 15.09.11 - 14.27h

 

Il existe des suites de syllabes, comme des fugues, qui donnent la chair de poule : « Pilier sud-ouest des Drus ». Je l'ai vu souvent, d'assez près, oh jamais touché. Je le photographiais encore samedi. Août 1955, un jeune alpiniste italien de génie passe six jours en solitaire dans une voie qui, pour toujours, portera son nom. Il s'appelle Walter Bonatti, entre alors dans la légende, jamais ne la quittera. Avant-hier, à l'âge de 81 ans, il nous a quittés. Disons, son ultime ascension. Quelque part, la lumière.

 

Il y a Michel Darbellay et la paroi nord de l'Eiger, et puis il y a Bonatti avec son Dru, ou sa face nord hivernale du Cervin, ou son Capucin. J'ignore qui sont les 90 Suisses romands du vingtième siècle, mais j'ai ma petite idée sur les 10 plus grands Italiens. Il y a Toscanini, il y a Fellini, il y a Fausto Coppi, il y a Mastroianni. Et puis, tout là-haut, il y a Bonatti.

 

Je pensais à lui samedi, sur les hauts de cette vallée qui m'est paternelle, là où les ultimes contreforts du Valais se mêlent à la Haute-Savoie, par une journée d'arrière-été d'une incroyable clarté. J'ignorais qu'il lui restait trois jours à vivre. En 1965, il disait : « Je quitte un alpinisme fatigué, désormais vidé de sa substance par la médiocrité, l'envie et l'incompréhension ». Il emporte avec lui le mystère d'une vie. L'exceptionnelle noblesse de son rapport à la montagne. Son altière solitude. Découpée, ciselée. Face à la verticalité du néant.

 

Pascal Décaillet

 

 

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