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Liberté - Page 1298

  • Vomissements liturgiques

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 09.05.11

     

    Avec la régularité d’une liturgie, dimanche après dimanche, Laurent Flutsch vomit sur le Pape. Sur les catholiques. Sur les évangéliques. Sur les musulmans. Sur tout phénomène de foi qui échapperait à la raison. Sa raison. La raison de Laurent Flutsch. La norme. Même pas celle des Lumières, du Compas, de l’Equerre. Non, juste la norme de Flutsch. Le dimanche. A heure fixe.

     

    Et il est fier de lui, Flutsch. Persuadé d’être un héros. Vous pensez : dégommer la foi des uns, les attaches spirituelles des autres, relève, en mai 2011, c’est connu, d’un époustouflant courage. Il risque, comme chacun sait, le bûcher. Et il rentre chez lui, le militant déguisé en humoriste, gonflé à bloc, comme un Croisé, d’avoir défendu la Raison triomphante face à l’Obscur. Qu’il puisse blesser, heurter, ne lui importe pas. Ce qui compte, c’est sa position. Celle du missionnaire.

     

    Et il reviendra, dimanche après dimanche. Prévisible comme un métronome. Sous couvert d’humour, il officiera dans sa Mission. Autour de lui, sagement, la cléricature applaudira. Toute la bien-pensance, sous l’autel de ses paroles, se prosternera. Ses amis, dans l’Ordre de la Satyre Officielle, en rajouteront. Tous, persuadés d’être des héros. La Clarté contre l’Obscur. Le jour contre la nuit. La raison contre le mythe. La raison de Flutsch. Sa raison. Seule, contre l’immonde.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Tu sondes, ou tu manipules ?

    Sur le vif - Dimanche 08.05.11 - 19.30h

     

    Fabuleuse SSR. Elle consacre, égosillée, toute la première demi-heure de Forum à nous prouver par A + B, sur la base d’un sondage par elle-même commandé, que l’immigration est vraiment le cadet des soucis des Suisses. Moment magique : l’un des sondeurs avoue, expressis verbis, avoir formulé les questions de façon à ne pas entrer dans le jeu de l’UDC !

     

    Il y aura, le 23 octobre prochain, un sondage assez intéressant, et grandeur nature. Il porte un nom : les élections fédérales. Il sera temps, au soir de ce dimanche-là, de constater les préoccupations des Suisses. N’en déplaise à Monsieur de Weck. Et à ses services commandés.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le nectar, le vent, le ministre

     

    Sur le vif - Dimanche 08.05.11 - 15.34h

     

    Didier Burkhalter a dit « autant ».

     

    Il a osé dire « autant ».

     

    Il aurait pu ne rien dire. Ou ne pas effleurer le sujet. Ou parler de tout autre chose, la météo, la sécheresse, l’intense fraîcheur de vivre. Mais il a dit « autant ».

     

    A Chamoson, commune dont même les extra-terrestres savent qu’elle produit le meilleur vin du monde, Didier Burkhalter, s’exprimant devant le 119ème Festival des Fanfares radicales démocratiques du Centre, dans un élan de témérité aussi mortifère que dionysiaque, vient de déclarer : « Et les nectars d’ici – je dois bien l’avouer – sont de haute tenue et me plaisent autant que les produits des coteaux neuchâtelois ! ».

     

    Il a dit « autant ».

     

    Il a osé dire « autant ».

     

    Il aurait pu se taire. Disparaître. Mourir. Non. Il a préféré nous proposer la plus ahurissante corrélation depuis que le premier humain a osé la première comparaison. Et le vent, si clément, n’a même pas emporté l’insoutenable légèreté de sa parole.

     

    Pascal Décaillet