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Liberté - Page 1287

  • Docteur Boris, Mister Prozak

     

    Sur le vif - Mercredi 15.06.11 - 16.55h

     

    Aurait-on idée de nommer Jack l'Eventreur à la chaire d'anatomie des viscères ? Je plaisante, of course.

     

    Il n'existe, je m'en porte garant sur la tête de Patrice Mugny, aucune espèce  de relation entre la hardiesse de cette métaphore initiale et la nomination de Boris Drahusak comme directeur des Ressources humaines de la Ville de Genève. Aucune.

     

    De même, cette nomination n'obéit strictement à aucune forme de compensation, de promesses de campagne, ni d'équilibre des barbichettes. Juré. Sur la tête de Patrice.

     

    Je souhaite sincèrement bonne chance à Boris-le-Terrible dans ces nouvelles fonctions. Il saura gérer les ressources. Mais saura-t-il gérer l'humain ? Finissons donc par souhaiter encore davantage bonne chance à ses futurs administrés. Les veinards !

     

    Plus chanceux encore : quelque part dans la froideur d'une pharma, sans doute du côté de Bâle : les vendeurs de Prozac.

     

    Une histoire dans laquelle tout le monde est gagnant. Ah, la Belle Idée ! Non ?

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

     

  • Les TV privées et le syndrome de Stockholm

     

    Sur le vif - Mercredi 15.06.11 - 11.51h

     

    En Suisse romande, la SSR a beaucoup de chance. Elle n'a plus besoin de perdre temps et argent à financer, par d'improbables attachés de presse, un organe de propagande. Le quotidien Le Temps, avec une régularité de métronome, s'en charge. Ainsi, au lendemain d'une grande enquête dont nous avons souligné ici la totale indifférence au combat des TV régionales, et la parole uniquement donnée aux caciques de l'Usine à Gaz, voici, en page 18 de ce matin, une nouvelle tribune offerte à Gilles Marchand. Nommer ce dernier chroniqueur officiel, avec apparition au moins hebdomadaire, ne serait-il pas plus simple ? En remplacement de François Gross ?

     

    Dans son épitre d'aujourd'hui, le directeur de la RTS ne donne hélas aucune réponse satisfaisante aux questions légitimement soulevées par Christophe Rasch, directeur de La Télé, et relayées par Antoni Mayer, son homologue de Léman Bleu, la semaine dernière. Botter en touche en qualifiant de « secondaire » la mise à disposition, par la SSR, du logiciel de réservation des pubs à TF1 ou M6, apparaît pour le moins comme léger. Parler d'une concurrence « professionnelle et correcte » en démolissant son propre argument par le rappel, quelques lignes plus tôt, de la répartition du gâteau publicitaire en Suisse (670 millions en tout, dont 397 pour la SSR, 200 pour les fenêtres étrangères, et seulement 72 millions pour l'ensemble des chaînes privées locales et régionales), ne manque pas d'un certain sel. Eviter toute allusion à la scandaleuse loi actuelle sur la radio et la télévision (LRTV), machine de guerre destinée à favoriser la SSR et étouffer toute initiative privée, relève de l'aveuglement volontaire.

     

    Il y a quelques jours, les directeurs de deux TV régionales parlaient d'une même voix, sur un plateau. Et les autres ? Ils restent là, chacun dans son coin, à attendre des jours meilleurs ? Ils se disent, Dieu sait pourquoi, qu'il vaut mieux maintenir de bonnes relations avec un grand frère qui ne songe qu'à les incarcérer? C'est leur droit. Chacun, ici-bas, peut bien vivre, si ça peut lui apporter quelque frémissement, son syndrome de Stockholm. C'est une option. L'autre, c'est se mettre ensemble et faire la guerre. Si personne ne la livre, cette guerre, le Mammouth aura gagné sur toute la ligne. Et l'univers de l'audiovisuel, en Suisse, demeurera ce qu'il est aujourd'hui : préhistorique.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

  • Nous sommes tous des humoristes corréziens

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Mercredi 15.06.11

     

    Humour corrézien ? Laissez-moi rire ! Ce que tout le monde prend pour la galéjade d'un homme fatigué, pourrait bien tenir, en fait, du trait de génie, l'un de ces monumentaux coups de gueule dont Jacques Chirac, depuis l'Appel de Cochin le 6 décembre 1978, a le secret. Une manière de dire : « Non, je ne suis pas sénile, non ne m'oubliez pas, oui Sarkozy est un usurpateur, oui je vais encore vous surprendre, oui des lapins, j'en ai encore des tonnes, dans mon chapeau magique ! ». Une manière, après quarante-quatre ans d'une vie politique justement entamée en Corrèze, à la hussarde, en 1967, de proclamer : « Je suis encore vivant. Et ceux à qui ça ne plaît pas, je les emmerde ».

     

    Jacques Chirac, comme l'a remarquablement montré Franz-Olivier Giesbert, n'est pas, ne sera jamais l'homme que l'on croit. Joueur, semeur de fausses pistes, souple là où on le croit raide, un jour libéral, le lendemain jacobin, en fait l'incarnation d'un pragmatisme radical qu'il partage avec deux hommes : le légendaire docteur Queuille (1884-1970), trois fois Président du Conseil sous la Quatrième République, et un certain... François Hollande ! Et ces trois hommes ont en commun un patrimoine, qui s'appelle la Corrèze. En ces terres-là, aux mœurs peut-être pas si éloignées de certaines régions valaisannes, disons latérales, il n'est pas sûr que la fixité idéologique détermine les comportements politiques. L'adaptation - au sens de Darwin - y tient une place majeure. En clair, ça maquignonne sec, ça toise, ça hume, ça renifle, ça se méfie, et puis, d'un coup parfois, ça adhère, ça s'embrasse, ça illumine les cœurs. A ce jeu-là, les pète-sec sont assez vite dépassés, les raisonnables dépérissent, le grain de folie a sa chance.

     

    Et puis, Chirac est au fond, comme François Mitterrand, un radical de la Quatrième, terrien et cadastré, égaré dans les sphères célestes de la Cinquième. Ces deux-là ont dû, bon gré mal gré, endosser le costume taillé en 1958 pour un géant : ils s'en sont l'un et l'autre, d'ailleurs, plutôt bien sortis. Qu'un ancien président de la République de droite évoque l'idée de voter pour un candidat de gauche, c'est restaurer quoi ? Mais la Quatrième, pardi ! Sa ductilité. Sa malléabilité. Sa primauté de l'alliage sur l'alliance. Sa douce, sa délicieuse complexité, à laquelle il n'est pas exclu que la France, après un demi-siècle de scrutin uninominal à deux tours, revienne doucement. Reste l'essentiel : l'instinct. Chirac, qui a d'excellentes raisons de détester Sarkozy, sent venir, de profondeurs qu'il connaît bien, la lente, la patiente maturation d'une candidature qui, en 2012, pourrait séduire beaucoup de ceux que l'ère orléaniste du Fouquet's a exaspérés. Le chemin, pour Hollande, est encore long, à coup sûr il sera semé d'embûches. Mais voilà, foi de Corrézien, un onctueux parrainage, dont il se souviendra toute sa vie !

     

    Pascal Décaillet