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Liberté - Page 1182

  • L'Enfer dans un verre d'eau

     

    Sur le vif - Lundi 12.03.12 - 17.36h

     

    On vient de l'apprendre: c'est à huis clos que le Grand Conseil, ce jeudi 15 mars à 22h, traitera l'opposition d'Eric Stauffer contre sa sanction de cinq mois d'exclusion des commissions.

     

    Il y a une pièce de Sartre, plutôt géniale, qui s'appelle "Huis Clos". Et qui se termine par cette phrase: "L'Enfer, c'est les autres". Mais là, qui est le Diable? Qui sont les juges? Et qui sont les damnés? Et si l'Enfer, comme la soif du mal, n'était rien d'autre qu'une histoire d'eau?

     

    Pascal Décaillet

     

  • La dérive, en fonction du rivage

     

    Sur le vif - Lundi 12.03.12 - 12.08h

     

    Singulier (et un peu tardif) communiqué des Verts genevois, à l'instant: "La démocratie en dérive". A propos de la loi sur les manifestations. Il y avait une votation populaire. Il y a eu débat. Tous on pu s'exprimer. En toute connaissance de cause, le souverain a pris sa décision. En quoi la démocratie est-elle à la dérive?

     

    Pascal Décaillet

     

  • Prix du livre : vous prendrez bien un petit ouzo ?

     

    Sur le vif - Dimanche 11.03.12 - 18.55h

     

    Refusé par 56, 1% du corps électoral, le prix unique du livre n'est accepté que par les Romands. La coupure est nette, entre une partie centrale et orientale du pays (incluant le Tessin) et son aimable Finistère occidental, où paraît-il l'ouzo le dispute aux olives, qu'on appelle « Suisse romande ». Pourquoi ?

     

    L'argument le plus détestable serait de faire de nous des humanistes attachés aux petites librairies, là où nos compatriotes alémaniques, se foutant des bouquins comme de l'an quarante, n'auraient comme souci premier que la fréquentation du Salon de l'Auto. Hélas pour les tenants de cette vision, il y a Frisch et Durrenmatt, Gottfried Keller et Carl Spitteler, l'éblouissant cahier littéraire de la NZZ le samedi : non, pour la dimension culturelle, les Alémaniques n'ont strictement rien à nous envier.

     

    Dans mes années bernoises, j'ai fréquenté de magnifiques librairies, dans la Vieille Ville, il y en a tout autant à Zurich. Et cette manière, de la part de partisans, de mépriser les opposants est l'une des raisons, ce soir, de leur défaite. Bravo, au passage, au courage d'un Philippe Nantermod qui, seul contre tous, et sans beaucoup d'alliés dans son camp politique, a bien voulu endosser le rôle de la brute inculte, débarquée des montagnes, dans les débats. Décidément, ce jeune homme est un tempérament politique de premier plan.

     

    La vraie raison, c'est la différence de rapport au protectionnisme - pour le livre comme pour tout - entre Romands et Alémaniques. La Révolution française est passée par chez nous, ou plutôt l'Helvétique de 1798, beaucoup de nos cantons sont imprégnés de ce modèle où l'Etat n'est pas rien, doit protéger la culture, quitte à sortir certains secteurs de la logique de concurrence. Les Alémaniques, eux, sont beaucoup moins porteurs de cette vision. En un mot comme en mille, ils sont plus libéraux.

     

    Dans cette votation, se posait la question d'un cartel. Pourquoi épargner celui-ci, lorsqu'on combat les autres ? On peut être un immense amoureux des livres, je crois faire partie de cette catégorie, et demeurer sceptique sur les raisons, et surtout l'efficacité, de cette exception.

     

    Mon dernier mot sera pour Françoise Berclaz-Zermatten, la magnifique libraire de « La Liseuse », à Sion. Sachant que je ne voterais pas ce prix unique, elle m'a envoyé une remarquable lettre, pleine de respect et d'intelligence. Elle se trouve ce soir dans le camp des perdants. Je lui envoie toute mon amitié.

     

    Pascal Décaillet