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Liberté - Page 1180

  • Le goudron et les plumes

     

    Sur le vif - Samedi 17.03.12 - 10.08h

     

    Prêt à parier que, comme par miracle, l'Aéroport et Palexpo se verront rattachés au DCTI (enfin, au vaste empire élargi qui portera ce nom-là ou un autre) à partir de cet été.



    Prêt à parier, aussi, qu'on est en train, au sein même du collège, de déplumer PFU de tout pouvoir réel sur "la région".



    Prêt à parier que les mêmes, au sein du Conseil d'Etat, qui déplument, sont ceux qui se goudronnent la voie royale. Les mêmes qui, faisant tirer à répétition (par spadassins interposés) sur M. Gruson, en profitent pour affaiblir son ministre de tutelle. L'aubaine.



    Ces gens si compétents, au costume si bien coupé, qui nous préparent une concentration de pouvoirs, dans les mêmes mains, sans égale depuis la Seconde Guerre mondiale. Douceurs de l'intérim. On arrache les bornes, on les déplace à sa guise. On se taille des terres sur mesure.

     

    Et, pour anesthésier l'esprit critique du bon peuple, on laisse les spadassins, déguisés en séraphins, entonner - ici même - à longueur de journées, l'air de "la région".

     

    Ce gentil mot. Tellement inoffensif. Fleurant Giono, les santons, Denis de Rougemont, l'humanisme doux. Tellement éloigné des raideurs de la nation, avec ses oblgations de servir, ses devoirs. Alors, comme on a tellement échoué à l'intérieur du canton, on endort les consciences avec la seule magie de ce mot-là, "région".

     

    Paravent! Un de plus. Qui osera le dénoncer?

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

  • Merci, Stéphane Valente !

     

    Vendredi 16.03.12 - 12.33h

     

    Stéphane Valente vient de m'annoncer qu'il mettait un terme à sa grève de la faim. C'est une excellente nouvelle, car nous étions quelques-uns, à Genève, à commencer à nous inquiéter: 30 jours sans manger! Vous avez pris, Stéphane, la bonne décision: cette affaire de citernes est assurément à mettre à l'ordre du jour politique. Mais en aucun cas, elle n'aurait justifié le sacrifice d'une vie. Votre vie.

     

    Vous êtes un homme d'honneur et d'engagement. Au fil de ces semaines, je vous ai vu maigrir, votre visage s'émacier, vos traits se tirer. Je crois que la classe politique genevoise, et au fond toute la population, grâce à vous, a maintenant compris qu'il fallait faire quelque chose avec ces citernes.

     

    Je vous souhaite de reprendre quelques kilos, quelques couleurs. La Cité a besoin de vous. Dans cette affaire, comme dans d'autres. Nous avons besoin de citoyens bien vivants pour porter le débat.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • J'aime pas les mous !

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 16.03.12

     

    Me revoici à vous parler de François Bayrou ! Décidément, l'homme m'impressionne, sa candidature me touche. Je ne reviendrai pas ici sur la texture humaine, mais sur la chance inouïe, avec ce programme, de réinventer un champ politique totalement broyé par la Cinquième République. Je ne dirai pas « le Centre », parce que j'ai toujours haï ce mot, mais je dirai la démocratie chrétienne française, naguère appelée MRP. A laquelle, dans la galaxie Bayrou, il convient d'ajouter une partie (par les ralliements) de cette très grande famille politique française, celle de Clemenceau, d'Herriot et même de Mendès France, que fut le parti radical. Deux galaxies, non pas éteintes, mais profondément éclipsées par la machine bipolaire de la Cinquième.

     

    Parlons du « Centre ». Ce ne sont pas les idées des centristes qui me dérangent ! Non. C'est cette manière, chez pas mal d'entre eux, de se poser au milieu, entre la droite et la gauche, et de dire, avec une bonasse tranquillité joufflue : « Ben voilà, je suis au centre ». Cette posture, en M. Homais, le caricatural apothicaire de Madame Bovary, a quelque chose d'insupportable. Elle sublime l'opportunisme, érige le slalom en remplaçant officiel de la ligne droite, sécrète la compromission en valeur suprême : non, non et non ! Non qu'il faille, avec la raideur d'un monolithe, être totalement de droite, ou de gauche. Mais enfin, j'aime les politiques, de n'importe quel bord, qui fondent leur action sur des VALEURS. Et non sur la simple ductilité passagère de l'occasion.

     

    La puissance d'un Bayrou, c'est qu'il ne transige pas avec ses valeurs. Il ne dit pas : « Je suis au centre », mais « Voici ce que je suis. Me voilà, face à vous, avec mes qualités, mes défauts, l'enchevêtrement de mes racines ». Il ne se définit pas comme un intermédiaire (cette euclidienne stupidité du mot « centre »), mais énonce ce qu'il est, à prendre ou à laisser. Avec son sale caractère, ce côté tête de lard, bourru, j'ai toujours aimé ces gens-là. J'aime pas les mous ! En cela, il renoue avec les grandes figures MRP (sa famille) ou radicales de la Troisième et de la Quatrième Républiques. Sans donner le moindre signe de renoncement, bien au contraire, il redonne vie à une conception très ancienne du dialogue politique français, mélange d'écoute et de convictions, profondément ancrée dans la province de ce pays. Et je me demande si cette posture n'est pas un peu celle de nos politiciens vaudois ou valaisans, surgis de la vigne ou des terres céréalières, où on discute. On s'engueule sur la politique, mais au fond on se respecte. On partage une même terre. Et on boit les mêmes verres. Chez un Darbellay, un Nantermod, un Tornare, et bien d'autres de chez nous, je reconnais des similitudes avec Bayrou. Tellement loin de Paris ! Mais tellement plus justes que l'arrogance, parachutée de tout là-haut.

     

    Pascal Décaillet