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Liberté - Page 1166

  • Bonny & Clyde

     

    Sur le vif - Vendredi 14.09.12 - 18.32h

     

    Bon, je déclare tout de suite mes liens d’intérêt : prof d’allemand, il y a longtemps, j’ai eu Didier Bonny comme élève, fort bon d’ailleurs. Et une vingtaine d’années plus tard, tout aussi bon comme instituteur, il a eu ma fille aînée. Il est plutôt chrétien social, je ne le suis pas, tout en connaissant sur le bout des doigts les souches philosophiques et politiques de ce grand mouvement né de l’encyclique « Rerum Novarum », de Léon XIII, en 1891. Un Jaune, Bonny, comme on dit en Valais. Il arrive parfois que les Jaunes deviennent Noirs : l’actuel président du PDC suisse, neveu d’un Jaune parmi les Jaunes, s’est noirci pour être élu en 2003, mais là n’est pas la question, passons.

     

    Didier Bonny a parfaitement le droit, après la carrière politique qu’il a eue, et de très longues années comme militant et conseiller municipal, de se présenter à l’élection pour le cinquième poste à l’exécutif de Genève, laissé vacant par Pierre Maudet. Il n’est – hélas – plus PDC, suite aux événements du printemps 2011, c’est dommage pour tout le monde, pour lui, pour le parti, pour la vie politique genevoise. C’est dommage, mais en même temps ça fait de lui un homme libre. Un indépendant. Il n’a de comptes à rendre à personne.

     

    A-t-il des chances ? Je n’en sais rien. Mais une chose est sûre : des gens de gauche voteront pour lui, beaucoup même. Et puis, des gens du centre, que ne tétanise peut-être pas de désir la candidature très bourgeoise, très salon, très convenable de l’Entente. Inutile de dire que cette dernière, dont on connaît maintenant les méthodes en période électorale, disons méthodes.com, va tout faire pour torpiller Bonny. Reste que ce politicien courageux, attachant et atypique bénéficie, en Ville, d’un ancrage associatif qui pourrait faire pâlir d’envie beaucoup de monde.

     

    Dans ce bel univers légué par le Sillon, Marc Sangnier, et tant de grandes figures, en Suisse et en Europe, du vingtième siècle, il est après tout légitime que puissent concourir, dans une douce fraternité réglée, pour une fois, ailleurs que sous l’Equerre, le Jaune et le Noir, le social et le libéral, l’impromptu et le convenable, bref Bonny & Clyde. La violence en moins. Du moins, on le souhaite.

     

    Pascal Décaillet

  • Otto Stich (1927-2012) - Hommage

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    Jeudi 13.09.12 - 13.03h

     

    C’était un homme à la toute petite voix, fluette, juste un filet sonore entre des dents serrées à cause de la pipe, sempiternelle. Otto Stich, qui vient de nous quitter à l’âge de 85 ans, était un inconnu en Suisse romande jusqu’à ce jour, si fracassant, de son élection au Conseil fédéral. C’était en décembre 1983, je m’en souviens comme si c’était hier : toute la Suisse attendait la socialiste zurichoise Lilian Uchtenhagen, et s’apprêtait à fêter la toute première femme élue au Conseil fédéral. Eh bien non, comme dans l’histoire de Grouchy et de Blücher, ce fut le Soleurois Otto Stich ! Traumatisme national !

     

    C’est ce jour-là, précisément, que commença la longue carrière de pleureuse d’Amelia Christinat. Ce jour, aussi, que triompha un secrétaire du groupe socialiste aux redoutables qualités tactiques, un certain Jean-Noël Rey. Ce jour, encore, que la moitié des socialistes menacèrent de quitter un Conseil fédéral où ils étaient représentés (à part une petite parenthèse dans les années cinquante) en continu depuis l’élection d’Ernest Nobs en 1943. On sait que le Congrès de début 1984 rejeta cette issue.

     

    Je garde d’Otto Stich, que j’ai si souvent interviewé à Berne, le souvenir d’un ministre des Finances incroyablement compétent sur ses dossiers : il connaissait par cœur les comptes et les budgets de la Confédération ! Un social-démocrate attaché aux valeurs de la Suisse, prudent, bon gestionnaire. Digne, au fond, d’avoir succédé à des camarades de parti comme Hanspeter Tschudi, l’un des plus grands conseillers fédéraux de l’Histoire suisse, ou encore le si populaire Willy Ritschard, Soleurois comme lui. Il fut, aussi, l’homme de grandes réformes, comme la TVA ou l’entrée de la Suisse au FMI.

     

    La Suisse perd un serviteur de l’Etat. Un homme discret, mais efficace. Entêté, opiniâtre. Il suivait le sillon, rien ne l’en détournait. Hommage à lui.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le Consul qui a dit non à Salazar

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    Mercredi 12.09.12 - 16.32h

     

    Il s’appelait Aristides de Sousa Mendes (1885-1954). En 1940, au moment où la France vit le plus grand effondrement de son Histoire, il est Consul du Portugal à Bordeaux. La capitale de l’Aquitaine, en ces journées de la seconde quinzaine de juin, croule sous les centaines de milliers de réfugiés de l’exode. Paris, le 14, est tombée aux mains des Allemands, le gouvernement s’est justement réfugié à Bordeaux. Paul Reynaud démissionne. Le maréchal Pétain demande l’Armistice.

     

    Dans ce contexte d’écroulement général, le Consul de Bordeaux, désobéissant aux ordres de Salazar, sauve des milliers de vies, en établissant, à Bordeaux, mais aussi à Bayonne, Hendaye, des visas d’émigration pour le Portugal. Salazar ne lui pardonnera pas. En 1954, le Consul mourra en disgrâce.

     

    Cette page d’Histoire, nous l’évoquons ce soir, 19h, dans Genève à chaud. En compagnie de Monica Barzilay, dont les grands-parents furent sauvés par le Consul, et d’Anita Halasz, responsable des activités culturelles de la Communauté Israélite de Genève.

     

    Pascal Décaillet

     

    *** Demain, jeudi 13 septembre, le film « Le Consul de Bordeaux », de Joao Correa, sera dffusé à 19.30h à la Fondation Arditi, 1 avenue du Mail. Réservations : (022) 317.89.00.