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Liberté - Page 1166

  • Scénario pour une Revue

     

    Fagments - Mercredi 24.10.12 - 15.08h

     

    Acte III, scène 1 – Bureau crasseux, rideaux jaunâtres, vieilles Remingtons, ventilateurs années quarante empesés de sirocco. Bouteilles de whisky bon marché servant de vases à des plantes pestilentielles. Le bureau du juge D. Rien ne se passe. C’est la scène du silence.

     

    Acte III, scène 2 – Le juge D. somnole. Dans un tintamarre d’enfer, le juge G. surgit comme un métal hurlant, se rue sur son collègue, veut lui faire avaler sa barbe. Par la fenêtre ouverte, on n’entend que le bruit des sirènes. C’est le Super-Procureur qui arrive.

     

    Acte III, scène 3 – Déjà, le juge G. a pris la fuite. Le juge D. cherche ses lunettes, hélas écrasées par la piétinante folie de l’intrus. Il saigne du nez, tente de se relever. Retombe. Il revoit passer sa vie, une vie de juge, l’intimité des prétoires, la jouissance des dossiers. Il est là, presque heureux, à gésir au milieu des cafards.

     

    Acte III, scène 4 – Brisant la fenêtre, le Super Procureur arrive. Du ciel ! Cuir noir, moulant, masque sur les yeux, grande cape, celle des side-cars de la Wehrmacht, à l’époque bénie de la Meuse franchie. Incommodé par l’odeur, le Super Procureur se protège les narines d’un revers de son gant de dresseur d’aigles.

     

    Acte III, scène 5 – Les scellés – Le juge D., encore à terre, tout à gésir, regarde, impuissant, la porte du paradis se refermer. Rends-nous les documents, hurle le Super PG, l’infortuné juge déjà n’entend plus. Déjà, il est ailleurs. Une délicate mésange, sur le rebord de la fenêtre, vient se poser. Elle a la grâce du passage. Rideau.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Cour des Comptes: des députés si tranquilles...

     

    Sur le vif - Mardi 23.10.12 - 12.49h

     

    Cour des Comptes: les citoyens de ce canton sont en droit d'espérer du Grand Conseil qu'il accomplisse dans les plus brefs délais son devoir de surveillance de la Cour des Comptes. Au besoin, en accélérant son calendrier de sénateurs. Nous sommes à douze jours d'un renouvellement de cette Cour, les affaires (notamment le rapport sur la FLPC, Fondation pour la protection du logement bon marché et de l'habitat coopératif, que nous avons dévoilé hier matin) puent la protection politique.

     

    La précipitation du Parquet à tomber, ce matin, sur le juge Devaud, laisse perplexe. Il y a quelque chose, dans tout cela, qui suinte la barbichette par laquelle les partis au pouvoir se tiennent. Ce fameux Bureau du Grand Conseil, lui qui adore prendre de grands airs pour sanctionner tel lanceur d'eau, voudra-t-il bien se réunir en urgence, ou laissera-il pourrir les choses ? Surtout pas de vagues, hein, avant l'élection du 4 novembre.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Une droite genevoise réinventée

     

    Sur le vif - Mardi 16.10.12 - 09.16h

     

    Je suis en désaccord total avec l'analyse "La droite genevoise en guerre fratricide" de Marc Moulin, suite aux débats animés du Grand Conseil, notamment le refus du budget, dans le Temps.



    D'abord, le titre est faux. Ce qui s'effrite, sur cet objet précis, c'est l'alliance du PLR avec le PDC (voire, de plus en plus depuis 2009, avec les Verts). Ce qui se consolide, c'est celle du PLR avec deux partis de la Marge que mon confrère ne semble évoquer qu'en se bouchant le nez (UDC, MCG). Non seulement le signal politique de vendredi soir n'est pas de "guerre fratricide à droite", mais il peut au contraire être interprété comme la construction, enfin, d'une vraie droite genevoise, ne reniant pas ses composantes plus populaires (oh, si voulez dire populistes, si ça vous fait du bien, sur le moment, ne vous gênez pas), moins coincée, moins patricienne. Sur maints objets politiques précis, cette alliance PLR-UDC-MCG a du sens. Elle est pertinente. Par exemple, éminemment, en matière fiscale et financière. Mais de plus en plus, aussi, en matière de retour du protectionnisme, le PLR ayant sérieusement infléchi un discours ultra libre échangiste dont plus personne, aujourd'hui, ne veut.


    Mon autre désaccord avec Marc Moulin concerne le Conseil d'Etat. Avec un blanc-seing bien gracieux, mon confrère chante les louanges de cette équipe gouvernementale catastrophique, d'où ne se dégage aucun choix clair, aucune vision d'ensemble, même pas la saine juxtaposition de sept gestions. "Autisme" (reconnaît l'auteur) en matière budgétaire, à quoi il faut ajouter l'incroyable arrogance avec laquelle François Longchamp, vendredi soir, oubliant qu'il parlait aux élus du peuple, s'est adressé à certains députés. La remarque à l'élu législatif cantonal Stauffer sur sa gestion exécutive communale à Onex, par exemple, n'avait strictement rien à faire dans ce cénacle. Oui, il convenait, à ce gouvernement-là, de donner une leçon. C'est chose faite.

     

    Il serait intéressant que l'alliance politique de vendredi soir, sur d'autres sujets, de façon moins réactive et plus pensée, plus construite, puisse se renouveler. Il y a là un grand dessein: celui d'une droite genevoise enfin assumée, délaissant les tiédeurs de l'illusion centriste, qui est avant tout un Marais d'opportunismes. Une droite un peu déplacée sur le curseur, fière d'elle-même. Une droite qui voudrait bien renoncer une fois, par exemple à l'horizon de l'automne 2013, à s'afficher comme la plus bête du monde.

     

    Pascal Décaillet