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Liberté - Page 1163

  • Economie genevoise : Bonne Nuit, les Petits !

     

     

    Sur le vif - Mercredi 06.06.12 - 16.16h

     

     

    Incroyable : dans l'affaire Merck Serono, c'est la Ville de Genève qui, à très juste titre, secoue le Conseil d'Etat ! Guéguerre de communiqués, en début d'après-midi : la Ville tance le gouvernement cantonal en réclamant la création d'un groupe de travail ; quelques minutes plus tard, le Conseil d'Etat montre qu'il maîtrise l'anglais et annonce (sans donner le moindre détail supplémentaire) la création d'une task force. Au final, l'autorité municipale apparaît bien plus offensive, plus anticipatrice ; l'autorité cantonale, quoi qu'elle s'en défende (et saisisse ses combinés pour nous le rappeler), donne l'impression, désolé, d'un profond sommeil.

     

    Dans l'économie genevoise, que se passe-t-il ? 250 postes de travail, chez Merck Serono, vont sauter. D'autres multinationales donnent des signes très inquiétants. Le secteur bancaire, celui de la parfumerie, d'autres encore, pourraient être amenés à nous annoncer de fort mauvaises nouvelles dans les semaines ou mois qui viennent. Tout cela mêlé exige quoi ? Mais qu'on se REVEILLE, pardi ! Or, désolé, désolé, et désolé encore, le Conseil d'Etat, dans la gestion de ce type d'affaires depuis quelques semaines, ne donne pas cette impression. Sans doute œuvre-t-il, dans la discrétion, à chercher des solutions, nous voulons tout au moins le croire. Mais gouverner, c'est aussi FAIRE SAVOIR. La détermination, il faut la montrer. Le moral, il faut l'entretenir. Ces signaux-là, ce Conseil d'Etat franchement à bout de souffle à douze jours d'une complémentaire et seize mois des élections générales, ne les montre tout simplement pas.

     

    Dans ces conditions, la Ville de Genève apparaît totalement légitimée à tirer la sonnette d'alarme. Les signes de vigueur, d'où qu'ils viennent, sont les bienvenus. Pour le reste, c'est Nounours, Nicolas et Pimprenelle : Bonne Nuit, les Petits !

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Toni et l'extase de la marge

     

    Sur le vif - Dimanche 03.06.12 - 15.11h

     

    « Camp d'internement ». Ils ont osé utiliser ce mot. Les « camps d'internement light » ne suffisent pas, a renchéri Toni Brunner. Il faut donc en conclure que le président de l'UDC suisse souhaite, pour les requérants « récalcitrants », des camps d'internement lourds. Le contraire de light. Comme il y a Coca light et vrai Coca.

     

    Alors, voilà, on peut discuter de tout. On doit, même. L'explosion des demandes d'asile en Suisse, les cas de faux requérants, ceux qui commettent des délits et des crimes, oui, tout cela est un vrai thème. Il n'est pas question de l'oblitérer.

     

    Mais en politique, les thèmes sont portés pas des mots. Celui de « camp d'internement » ne passe tout simplement pas. Trop chargé d'Histoire, M. Brunner. On peut discuter de tout, y compris de votre idée de camp central, national. Pour ma part, je la combattrais, mais enfin on peut en parler. Mais « camp d'internement », non.

     

    Les partisans de M. Brunner me diront que je chipote. Non. Les mots, en politique, ne sont pas seulement vecteurs de pensée. Il arrive qu'ils la précèdent. La dominent. La guident vers des chemins de brume qu'elle n'aurait pas souhaités. Et là, M. Brunner, « camp d'internement », outre que j'en rejette le concept, j'en vomis simplement les syllabes. Parce qu'elles charrient, je l'espère en tout cas pour vous, et pour nous tous, autre chose que votre projet. Un autre arrière-pays, pas si lointain.

     

    Je remercie les partisans de M. Brunner, dans leurs commentaires, d'éviter de me ramener le grief de « reductio as Hitlerum », même s'ils le pensent, c'est juste pour s'éviter un nouveau débat sans fin, comme après l'histoire de l'UDC genevoise et de sa demande de dissolution de Mesemrom.

     

    Je note simplement que ce grand parti, le premier de Suisse, qui aurait pu être le pivot d'une reconstruction des droites dans notre pays, ne semble, de son plus haut niveau, pas en avoir envie. Comme si pour écrire le texte, la page étant offerte, et laissée en jachère par l'inexistence des droites traditionnelles, on demeurait, inamovibles, dans la boue de la marge.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Je ne dis jamais

     

    Samedi 02.06.12 - 09.37h

     

    Je ne dis jamais agriculteur, mais paysan.

     

    Je ne dis jamais solutionner, mais résoudre.

     

    Je ne dis jamais personne âgée, mais vieillard.

     

    Je ne dis jamais thématique, mais simplement thème, ou sujet.

     

    Je ne dis jamais développement durable.

     

    Je ne dis jamais adénopathie.

     

    Je ne dis jamais office, mais messe. Et ceux qui disent culte sont mes frères.

     

    Je ne dis jamais non-voyant, mais aveugle.

     

    Je ne dis jamais groupe sujet, ni aucune de ces pollutions, j'use de la magnifique et limpide grammaire de mon enfance.

     

    Je ne dis jamais pédagogie, mais éducation.

     

    Je ne dis jamais écoquartier.

     

    Je ne dis jamais « requalifier l'espace urbain », j'aime trop les mots.

     

    Je ne dis jamais épicène, mais épicé oui.

     

    Je ne dis jamais conflit armé, mais guerre.

     

    Enfant, je disais toujours Russie, jamais URSS.

     

    Je ne dis jamais Europe, mais France, Allemagne, Italie, très souvent.

     

    Je ne dis jamais Vichy, mais Perrier.

     

    Je ne dis jamais mode, parce que ça se démode.

     

    Je ne dis jamais Réseau d'enseignement prioritaire. Il y en aurait des secondaires ?

     

    Je ne dis jamais petite enfance, même si c'est très beau.

     

    Je ne dis Phénix que dans Apollinaire.

     

    Je ne dis jamais art contemporain. L'art est contemporain, ou n'est pas.

     

    Je ne dis jamais grands textes, c'est trop con.

     

    Je ne dis jamais citoyennes et citoyens, je dis citoyens, et j'entends que ce neutre englobe les deux sexes.

     

    Je dis toujours bonjour, et au revoir.

     

    Je ne dis jamais adieu, même aux morts.

     

    Je ne dis jamais mur, ni statut. Si ce n'est pour parler d'un mur. Ou d'une statue.

     

    Je dis très volontiers week-end, l'anglais n'est pas le diable.

     

    Je dis strophe, quatrain, impair et vers libre. Surtout, je m'en nourris.

     

    Je dis le pain, le vin, l'eau, la rivière, le ciel, la source, la terre, le lac de montagne, la paix de l'oiseau, au-dessus de l'étang.

     

    Je dis l'huile et le feu.

     

    Je dis vivez. De la fureur du verbe. Que vos mots soient les vôtres. Et vôtres, la révolte, et la beauté du monde.

     

     

    Pascal Décaillet