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Liberté - Page 1161

  • Le PDC et les feux éclatants de l'automne

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 26.10.12


     
    Cent ans ! La démocratie chrétienne suisse existe, elle vit, ici elle flamboie, là elle laisse miroiter ses braises. Elle a les couleurs de l’automne, au reste exceptionnelles par les journées que nous vivons. L’automne, ça n’est pas l’antichambre de la mort, les saisons simplement se succèdent, « Mourir pour renaître », avais-je titré ici même au lendemain de la non-réélection de Ruth Metzler (2003). C’est un parti étrange et fascinant, le réduire à l’état de Centre, de Marais, est totalement insuffisant. Il vaut à vrai dire beaucoup plus que cela, n’a pas à se définir par annulation physique de deux forces antagonistes. Il doit affirmer son existence propre, ses valeurs, son ancrage.


     
    Je ne vous ferai pas ici l’Histoire passionnante de ce parti, encore que je la connaisse par cœur, depuis la Doctrine sociale (1891) jusqu’aux réalités polymorphes de nos cantons d’aujourd’hui, parti centriste (limite gnangnan) à Genève, fier parti majoritaire en Valais, clairement conservateur dans les cantons de Suisse centrale, incroyablement ancré à Fribourg, dans le Jura, au Tessin, dans les Grisons, en Suisse orientale, et j’en oublie. Ça n’est certes pas, sur le plan national, le parti le plus fort numériquement, mais son attachement tellurique est tel, son rapport à la terre, aux familles, aux traditions locales, qu’il est sans doute l’un des plus inoxydables.
     


    On n’en a pas fini avec le PDC, sous toutes ses coutures et dans toutes ses composantes, avec ses contradictions, ses hésitations, sa volatilité. Terrestre et aérien, surgi des racines et pourtant si sensible au vent, enfant de cette double appartenance, robustesse et souplesse, voilà une aptitude à la survie qui mérite d’être saluée. Je dois vous dire, pourtant, que j’ai été un peu inquiet pour ce parti, jusqu’à l’arrivée de Doris Leuthard, et surtout de Christophe Darbellay. Avant ces deux-là, une succession de présidents nationaux insignifiants, centristes qui me faisaient penser aux montres molles de Salvador Dali, sans vision, sans rhétorique (depuis le départ du plus grand d’entre eux, Kurt Furgler), une politique indécise, bricolée, opportuniste. Je le dis ici, Christophe Darbellay a donné à ce parti une incarnation, une classe, un savoir-faire, une visibilité qui étaient absolument nécessaires pour demeurer dans la cour des grands.


     
    J’aime le PDC, pour ma part, lorsqu’il arrive avec des valeurs, solides, qui lui sont propres. Je le déteste lorsqu’il me donne l’impression d’atermoyer, chercher à tour prix le consensus comme but en soi, en réalité pour survivre dans tous les cas dans les allées du pouvoir. Je n’aime pas non plus ses tiédeurs. Ce parti a, dans son Histoire, sa philosophie, son expérience dans les cantons, largement  de quoi brandir un message original. Un peu moins convenable, un peu plus « mauvais garçon », il pourrait presque commencer à me plaire. Dans une autre vie. Bon Anniversaire.


     
    Pascal Décaillet

     

  • Scénario pour une Revue

     

    Fagments - Mercredi 24.10.12 - 15.08h

     

    Acte III, scène 1 – Bureau crasseux, rideaux jaunâtres, vieilles Remingtons, ventilateurs années quarante empesés de sirocco. Bouteilles de whisky bon marché servant de vases à des plantes pestilentielles. Le bureau du juge D. Rien ne se passe. C’est la scène du silence.

     

    Acte III, scène 2 – Le juge D. somnole. Dans un tintamarre d’enfer, le juge G. surgit comme un métal hurlant, se rue sur son collègue, veut lui faire avaler sa barbe. Par la fenêtre ouverte, on n’entend que le bruit des sirènes. C’est le Super-Procureur qui arrive.

     

    Acte III, scène 3 – Déjà, le juge G. a pris la fuite. Le juge D. cherche ses lunettes, hélas écrasées par la piétinante folie de l’intrus. Il saigne du nez, tente de se relever. Retombe. Il revoit passer sa vie, une vie de juge, l’intimité des prétoires, la jouissance des dossiers. Il est là, presque heureux, à gésir au milieu des cafards.

     

    Acte III, scène 4 – Brisant la fenêtre, le Super Procureur arrive. Du ciel ! Cuir noir, moulant, masque sur les yeux, grande cape, celle des side-cars de la Wehrmacht, à l’époque bénie de la Meuse franchie. Incommodé par l’odeur, le Super Procureur se protège les narines d’un revers de son gant de dresseur d’aigles.

     

    Acte III, scène 5 – Les scellés – Le juge D., encore à terre, tout à gésir, regarde, impuissant, la porte du paradis se refermer. Rends-nous les documents, hurle le Super PG, l’infortuné juge déjà n’entend plus. Déjà, il est ailleurs. Une délicate mésange, sur le rebord de la fenêtre, vient se poser. Elle a la grâce du passage. Rideau.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Cour des Comptes: des députés si tranquilles...

     

    Sur le vif - Mardi 23.10.12 - 12.49h

     

    Cour des Comptes: les citoyens de ce canton sont en droit d'espérer du Grand Conseil qu'il accomplisse dans les plus brefs délais son devoir de surveillance de la Cour des Comptes. Au besoin, en accélérant son calendrier de sénateurs. Nous sommes à douze jours d'un renouvellement de cette Cour, les affaires (notamment le rapport sur la FLPC, Fondation pour la protection du logement bon marché et de l'habitat coopératif, que nous avons dévoilé hier matin) puent la protection politique.

     

    La précipitation du Parquet à tomber, ce matin, sur le juge Devaud, laisse perplexe. Il y a quelque chose, dans tout cela, qui suinte la barbichette par laquelle les partis au pouvoir se tiennent. Ce fameux Bureau du Grand Conseil, lui qui adore prendre de grands airs pour sanctionner tel lanceur d'eau, voudra-t-il bien se réunir en urgence, ou laissera-il pourrir les choses ? Surtout pas de vagues, hein, avant l'élection du 4 novembre.

     

    Pascal Décaillet