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La Suisse en 2012 : un pays attaqué, mais en bonne santé !

 

Edito publié aujourd'hui dans le Giornale del Popolo, sous le titre "Paese sotto attaco, ma in salute" - Samedi 05.01.13

 

La première bonne nouvelle, en forme de bilan de l’année 2012, c’est l’incapacité totale de nos amis les Mayas à émettre la moindre prévision correcte : à l’heure où j’écris ces lignes, début 2013, la Suisse, le monde, la planète, sont encore là, et la fin des temps est remise à une date ultérieure ! L’autre bonne nouvelle, c’est que la Suisse, malgré les incroyables pressions qui pèsent sur elle de la part de ses chers voisins, se porte finalement plutôt bien : notre taux national de chômage, autour de 3%, est sans comparaison avec ceux des pays qui nous entourent. Il fallait tout de même commencer par dire cela, avant d’en venir à l’examen de détail de nos préoccupations. Qui restent, toujours en comparaison internationale, les soucis d’un pays riche, prospère, où le niveau de vie, celui de formation, la santé publique, la sécurité, la qualité d’existence demeurent très enviés, loin à la ronde.

 

 

Venons-en à 2012. De même que le vingtième siècle a commencé en 1914, il se pourrait bien que l’année 2012 ait vu son véritable début politique…  le 12 mars ! Ce dimanche-là, le peuple (50,6%) et une majorité de cantons (12 + 3 demi-cantons) acceptaient l’initiative de Franz Weber « pour en finir avec les constructions envahissantes de résidences secondaires ». C’était une bombe. Révélant au pays l’importance, pour nos compatriotes, d’un aménagement du territoire mieux contrôlé qu’aujourd’hui. Des cantons comme Zurich, Berne, Genève acceptaient le texte. Le Tessin le rejetait à 54%, tout comme le Valais, canton touristique, à près de 74% ! Une Suisse véritablement coupée en deux, non sur la barrière des langues, mais sur la plaine et la montagne, les grands centres économiques face aux régions périphériques. Une césure dont on n’a pas fini de parler, et qu’il sera très intéressant d’observer le 3 mars 2013, dans deux mois, lors de la votation fédérale sur l’aménagement du territoire. Oui, les Suisses aiment la qualité de leurs paysages, veulent avoir leur mot à dire sur les questions d’urbanisme, n’ont aucune envie de voir leur pays transformé en une immense cité-dortoir, où il n’y aurait plus ni ville, ni campagne.

 

 

L’autre leçon de 2012, c’est que notre pays ne peut pas compter sur grand monde d’autre que sur lui-même ! Finie, la Suisse aimée et câlinée pas ses voisins, voici maintenant le temps d’une Suisse attaquée, de partout, avec une fureur de plus en plus forte, autour de son système fiscal. Nos voisins allemands, français, mais aussi les Britanniques, les Américains, l’Union européenne nous font procès de notre laxisme, et de notre très grande «réceptivité » à l’évasion fiscale venue de leurs propres pays. Et le ton n’est plus du tout à la politesse : la Suisse est houspillée, vilipendée, mise sous pression. Il n’est pas sûr, face à cette véritable guerre lancée contre nous, que nous ayons pu compter, avec la présidente de la Confédération 2012, sur le meilleur appui, le meilleur stratège, la plus farouche détermination à défendre le pays.

 

 

Oui, Mme Widmer-Schlumpf a posé problème. Non, ses négociateurs ne furent pas les meilleurs de notre Histoire. Non, il n’est pas compréhensible qu’elle donne l’impression, fin 2012, d’entrer en matière sur l’échange automatique d’informations, alors qu’elle n’en a reçu nul mandat, de personne. A tel point que même le président du PLR suisse, Philipp Müller, s’est énervé en fin d’année, attaquant avec beaucoup de violence la présidente. Dans ce conflit, début 2013, rien n’est résolu : les pressions de nos voisins vont continuer, le débat interne aussi, les uns accusant les autres de trahison. Nous montrons hélas beaucoup de faiblesse dans la gestion de cette crise.

 

 

Au final, un pays en bonne santé économique. Dont les institutions fonctionnent. Dont la dette est beaucoup moins vertigineuse que celle de nos voisins, ceux qui justement nous font la leçon. Un pays dont la cohésion sociale, elle aussi, se porte plutôt bien, sans doute grâce au tissu de conventions collectives datant de la paix du travail (1937). Mais un pays attaqué. Un pays qui doit définir ses valeurs, démocratiquement, mais ensuite les défendre avec beaucoup plus d’unité qu’aujourd’hui. Un pays qui doit se battre pour demeurer compétitif. Un pays ni meilleur, ni pire que les autres. Mais c’est le nôtre. Il est petit, il est fragile, il n’a pas à rougir de ce qu’il est. Peut-être devrions-nous davantage lui montrer que nous l’aimons.

 

 

Pascal Décaillet

 

 

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