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Liberté - Page 1170

  • Poussière et lumière

     

    Mardi 01.05.12 - 14.41h

     

    "A Genève, j'ai un nom, je suis le colonel Duchosal, l'ancien commandant des services de sécurité de l'aéroport. Tout au long du voyage, je ne suis plus rien, juste un type fatigué, qui boite, qui a mal aux pieds, à qui l'on tend un verre d'eau ou un bol de soupe. Quand je marchais au bord des routes, j'avais conscience d'être un grain de poussière."

    Jean-François Duchosal
    , extrait de l'article "En hommage à l'Abbé Pierre", Revue "Les Amis du Chemin de Saint-Jacques", no 49, Mai 2012, pages 22 à 25.

     

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  • Jeanne, vivante énigme

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    Sur le vif - Mardi 01.05.12 - 12.31h

     

    Annonçons la couleur : je suis très sensible, depuis l'âge de sept ans (la dixième, dans l'école où j'étais), à la figure de Jeanne d'Arc. Réelle ou supposée, ancrée dans l'Histoire ou mythifiée, évidemment transfigurée par le dix-neuvième siècle, je dis bien « la figure ». Quand on a travaillé, une partie de sa jeunesse, sur des mythes grecs revivifiés par la littérature allemande des 18ème et 19ème siècles, et d'ailleurs aussi du 20ème (Brecht, Heiner Müller, Christa Wolf), on n'en est plus vraiment à la question de l'existence historique. Dont il faut certes débattre, c'est le travail des historiens.

     

    Jeanne d'Arc n'appartient à personne. Et à tous, en même temps. Elle est, comme Antigone, une figure de résistance. Elle n'appartient ni au Front national, ni au Front populaire, ni à la gauche, ni à la droite. Elle appartient à tous ceux qui veulent reconnaître en elle la grandeur d'un renoncement, la folie d'un sacrifice. Que l'occupant de l'époque fût l'Anglais importe, aujourd'hui, assez peu. En d'autres temps, il fut prussien, allemand, ou peut-être le capital mondialisé, la toile de l'ultra-libéralisme, à chaque époque ses tyrans. Faire de Jeanne, aujourd'hui, l'héroïne du rejet de l'Autre, n'est pas plus acceptable que de repousser d'une chiquenaude la pertinence du mythe. Les mythes ont la vie très dure : on les croit morts, et voilà qu'après des générations d'oubli, ils resurgissent. Les mythes, comme les arbres, ont la vie beaucoup plus longue, plus tenace, plus patiente qu'un simple parcours d'homme ou de femme. C'est pourquoi j'aime les mythes. Et c'est pourquoi j'aime passionnément les arbres.

     

    Pour parler franc, je ne supporte pas que le Front national récupère Jeanne d'Arc. Oh, il a bien raison de le faire, il joue son jeu. Mais s'il s'accapare cette grande figure nationale, c'est bien parce que les autres familles politiques l'ont laissée en jachère. A commencer par la droite « classique », celle qui veut faire moderne, ne cesse de s'incliner devant les forces de l'Argent, ne lit jamais, rejette comme vieilleries folkloriques les ancestrales figures populaires. Drame de cette droite arrachée à ses valeurs. Je vous en supplie, lisez Michelet : « L'Histoire de la Révolution française », bien sûr, le grand chef-d'œuvre. Mais lisez aussi sa « Jeanne » (pour quelques francs, chez Folio), extirpée de l'oubli en 1841, en plein règne de Louis-Philippe. Approchez  la « vivante énigme » : c'est le texte de Michelet qui fondera le culte de Jeanne sous la Troisième République (1870-1940), et jusqu'au plus profond des tranchées, de la Marne à Verdun, de la Somme au Chemin des Dames. Figure toujours récupérée, pour le meilleur et pour le pire, figure de vierge combattante, l'un d'un plus vieux mythes véhiculaires de l'Histoire humaine : déjà Antigone, du temps de Sophocle, reprenait un thème ancien comme la nuit du monde.

     

    Lisez Michelet, s'il vous plaît. Et puis, si vous avez le temps, écoutez le discours de Malraux dédié à Jeanne. Vous n'y trouverez nulle haine, nul rejet. Juste l'histoire d'une jeune fille. Bouleversante.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Merck Serono : l'exécutif de la Ville ne brille pas !

     

    Sur le vif - Lundi 30.04.12 - 12.09h

     

    Dans le drame social causé par la fermeture du site genevois de Merck Serono, les autorités politiques genevoises font ce qu'elles peuvent. C'est essentiellement au niveau cantonal (MM Unger pour l'économie et Longchamp pour le social) que les principaux leviers devront être actionnés. Que ces deux personnalités politiques soient soutenues dans leurs efforts. Mais de grâce, que d'autres magistrats, au niveau municipal, ne viennent pas compliquer les choses.

     

    Nous avons déjà dit, ici, à quel point les propos de Mme Salerno sur les cols blancs, propos qui ont bel et bien été tenus (ensuite, on a tenté de censurer un quotidien), étaient déplacés. Franchement, ceux de son collègue de la Ville, Pierre Maudet, certes Maire de Genève en exercice, dans le journal « Der Sonntag », suintent trop l'électoralisme pour être crédibles. On est très heureux d'apprendre que M. Maudet est « prêt à prendre personnellement l'avion pour Darmstadt » (quel exploit !), on le voit surtout décoller vers l'horizon du 17 juin.

     

    De grâce, l'affaire est assez grave comme cela. Il faut au canton une cellule de crise, ce que s'emploient à mettre en place les deux conseillers d'Etat cités plus haut. Que M. Maudet y mette sa formidable énergie, pourquoi pas. Mais dans une stratégie globale. Et non dans une aventure isolée, à fins strictement électorales.

     

    Pascal Décaillet