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Liberté - Page 1172

  • Bon Anniversaire au PDC! Pour cent nouvelles années!

     

    Sur le vif - Samedi 21.04.12 - 16.36h

     

    Il n'est peut-être pas, aujourd'hui, le plus nombreux, mais il est l'un des fondements de notre Histoire politique : le PDC suisse fêtera demain ses cent ans ! C'est à l'Unionsaal de Lucerne, le 22 avril 1912, qu'était fondé le Parti conservateur populaire, issu de multiples courants venant de la diversité des souches cantonales, mais notamment de la Doctrine sociale de l'Eglise, exposée en 1891 par le pape Léon XIII dans son encyclique « Rerum Novarum ».

     

    L'Histoire de ce qu'on appelle (depuis 1970 seulement) le PDC suisse, celle des première décennies surtout, est complexe, très décentralisée en fonction des traditions cantonales. Et de toute façon, en tout cas jusqu'à la Grande Guerre, les partis nationaux ne sont pas ceux qui comptent le plus dans la tête des gens : tout se joue dans les cantons. Ambitionner, en 1912, de fédérer des courants aussi différents que ceux du Valais, de Fribourg, de la Suisse centrale ou orientale, n'était pas évident. Il y avait déjà des jaunes (chrétiens sociaux) et des noirs (conservateurs), déjà des clans familiaux, déjà de puissants antagonismes internes. Mais, tout bien pesé, c'est bien cette assemblée lucernoise d'avril 1912 qui peut être considérée comme la pierre fondatrice du parti national.

     

    Ils revenaient de loin, les catholiques conservateurs défaits en 1847 au moment du Sonderbund, exclus des affaires (au niveau national) jusqu'en 1891, date capitale, à la fois celle du puissant message social de Léon XIII et de l'arrivée du Lucernois Josef Zemp, au milieu de six radicaux, au Conseil fédéral. Oui, pendant un demi-siècle, ils furent ostracisés des centres de décision fédéraux (qui certes n'avaient pas à l'époque l'importance actuelle), par les radicaux vainqueurs du Sonderbund. Oui, ils eurent des décennies de traversée du désert. Oui, il fallut attendre la fin de l'ère hyper-conservatrice de Pie IX, et l'avènement de son exceptionnel successeur Léon XIII (le pape du Ralliement de l'Eglise aux principes républicains), pour que lentement, les catholiques conservateurs suisses retrouvent le chemin de l'intégration.

     

    Ce fut douloureux, difficile, non seulement parce qu'ils n'étaient pas aux affaires, mais surtout parce que les radicaux, eux, qui y étaient seuls, ont abattu pendant ces décennies (1848-1891) un titanesque travail, leur permettant, à juste titre, de se prévaloir comme les fondateurs de la Suisse moderne. Pourtant, à partir du moment où les catholiques conservateurs reviennent, ils donneront non seulement d'excellents conseillers fédéraux (dont le plus grand pourrait bien avoir été Kurt Furgler), mais s'intégreront parfaitement dans la machine politique suisse. Dès 1919, l'année de la proportionnelle, ils auront deux conseillers fédéraux (Musy rejoint Motta), ils en auront même trois dans la parenthèse 1954-1958.

     

    L'Histoire du PDC suisse est demeurée complexe et multiple de 1919 à nos jours : le travail à Berne est une chose. L'extraordinaire ancrage du parti dans les cantons (Valais, Fribourg, actuel Jura, Genève, Suisse centrale, orientale, Tessin, Grisons) mérite d'être étudié avec des loupes locales. Que serait l'agriculture valaisanne sans Maurice Troillet, par exemple ? A Genève, c'est même commune par commune qu'il convient d'apprécier le travail de fond du PDC, souvent par familles, par dynasties. En Valais, c'est district par district (allez comparer les Noirs d'Entremont avec des PDC anniviards, ou du Bas), commune par commune. Et parfois, oui : famille par famille ! Paradis pour la micro-Histoire, les mémoires et les thèses de proximité. Sous-estimer la profondeur tellurique de cet enracinement local, sous prétexte que sous la Coupole, ils ne sont pas si nombreux, c'est passer complètement à côté de la réalité du PDC suisse.

     

    Souhaitons bon anniversaire, pour ses cent ans, à ce grand, ce beau, ce chaud parti qui a totalement sa place dans notre paysage politique suisse, la complexité de sa magie, la fragilité de ses équilibres. Souhaitons aussi à Christophe Darbellay, le Flandrin des Glaciers, qui vient d'être réélu à la présidence nationale, de tirer la cordée vers d'enivrantes hauteurs.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • PLR: la nécessité d'un New Deal

     

    Edito publié ce matin en une du Giornale del Popolo - Samedi 21.04.12

     

    Un entrepreneur-locomotive, venu d'Argovie, pour succéder à un avocat tessinois subtil, raffiné et cultivé. Un fonceur, à la place d'une patiente araignée tacticienne. Philipp Müller, 60 ans cette année, pour prendre, ce samedi 21avril, à Berne, le place de Fulvio Pelli. Une page se tourne dans l'Histoire du Grand Old Party, le parti qui a façonné la Suisse moderne, comptait encore 24% des voix, sous la Coupole, il y a vingt ans. Plus que 15,1% aujourd'hui. Le choix de Müller, c'est le pari sur une nouvelle dynamique. Relancer la machine ! Va-t-il réussir ?

    Avec son humour habituel, Fulvio Pelli avait eu cette phrase, au moment des difficultés électorales de l'automne 2011 : « Si les gens commencent à en avoir marre de nous, que peut-on faire ? ». Oh, certes, le parti n'est pas mort. De beaux succès, même, récemment, à Saint-Gall, Schwytz, Uri, Vaud, Neuchâtel. Et le parti réunifié - PLR - demeure, à Genève, malgré les affaires, le premier du canton. Mais enfin, tout le monde est d'accord sur un point : il faut un nouveau souffle. Une nouvelle donne, comme on dit aux cartes. New Deal. Ça passe par une nouvelle équipe. Et par un nouveau chef.

    « Philipp Müller, c'est Monsieur 18% », s'exclamait lundi soir le président sortant (il cède aussi sa place samedi) des Verts suisses, Ueli Leuenberger. Référence à cette initiative que Müller avait portée de toutes ses forces, il y a plus d'une décennie, pour plafonner l'immigration en Suisse. Le texte, en 2000, avait été nettement rejeté par le peuple. Mais depuis, le conseiller national argovien, entrepreneur en bâtiment, plâtrier-peintre de formation, ancien pilote de course (imagine-t-on Fulvio Pelli à Monza ?), en porte les stigmates : pour toujours, il sera Monsieur 18% ! Ses ennemis, à gauche, ne perdent jamais une occasion de le lui rappeler.

    L'avènement de Müller, c'est aussi celui d'une nouvelle équipe. Avec, en principe, cinq vice-présidents élus ce samedi à Berne, pour épauler l'Argovien, appliquer une stratégie commune, dans toute la Suisse. Une Tessinoise, Carla Speziali, Maire de Locarno ; deux Romands : les conseillers nationaux Isabelle Moret (VD) et Christian Lüscher (GE) ; une Zurichoise, Carmen Walker Späh, présidente des femmes PLR ; un Schwytzois : Vincenzo Pedrazzini ; un Bernois : le conseiller national Christian Wasserfallen. Six candidats pour cinq sièges ! Il n'y aura, en principe, qu'un malheureux.

    Tout cela, pour quel objectif ? « Dépasser les socialistes en 2015, et devenir le deuxième parti de Suisse », déclare Philipp Müller. Et l'UDC ? Quelles alliances ? Quel chemin commun ? Quelles impossibilités ? Et le PDC ? Continuer de voir les gentils cousins chrétiens slalomer, quelque part à leur gauche ? Oui, le parti qui a fait la Suisse, et lui a donné certains de ses plus grands hommes, doit absolument se redéfinir. Attaquer l'avenir avec une ligne claire. Retrouver l'essentiel ; la confiance. Tout cela, sous la houlette de « Monsieur 18% ».

    Tiens, 18% : si au moins, en 2015, cela pouvait être un objectif électoral atteint ! Non pas d'étrangers, of course. Mais de voix PLR, en octobre, aux élections fédérales !



    Pascal Décaillet

     

  • Maudet : le sel républicain de l'aventure

     

    Sur le vif - Vendredi 20.04.12 - 15.35h

     

    Il y a quelque chose de fort dans la candidature de Pierre Maudet : le goût salé de l'aventure. Là où le Maire de Genève a tout à perdre ! Il est évident, pour qui sait compter, que Mme Emery-Torracinta, avec derrière elle une gauche unie, est la mieux placée pour le 17 juin. Evident que M. Stauffer va se battre comme un lion. Evident que M. Seydoux grignotera des voix à Maudet. Evident que les UDC n'ont pas oublié d'avoir été traités, il y a un an, comme des abrutis. Evident qu'au sein même de ce nœud de vipères appelé « PLR », d'aucuns, pour de noires raisons de rancœur et de rancune, sanctionneront l'éternel jeune premier de la politique genevoise. Bref, beaucoup d'évidences. La promesse d'une addition très dure. Pour Anne-Emery-Torracinta, un boulevard.

     

    Justement pour tout cela, parce que c'est incroyablement risqué, la candidature Maudet, qu'on y soit favorable ou non, mérite le respect. Il aurait pu ne pas y aller. Rester peinard à la Ville, ne surtout pas se mêler à une compétition électorale où on ne peut pas dire que l'étiquette « PLR » soit le label le plus porteur : c'est à peu près comme se déclarer bonapartiste au début de la Restauration de 1815, au moment où les emperruqués de Louis XVIII règlent les comptes !

     

    Oublions ce sigle, « PLR », qui ne veut pas dire grand-chose. Revenons aux fondamentaux : les radicaux, les libéraux. Les premiers, après la non-réélection de Gérard Ramseyer, en 2001, ont touché le fond. Deux hommes, il faut le dire, ont sauvé ce vieux parti de la disparition : François Longchamp au Canton en 2005, Pierre Maudet à la Ville en 2007. Ce mérite, en aucun cas, ne saurait leur être contesté. Seulement voilà : quand on accède au pouvoir - tous les pouvoirs du monde - le risque de l'abus, celui de l'arrogance aussi, celui de l'isolement dans une tour d'ivoire, celui de n'écouter que ses courtisans, est immense. Même Maudet, à certains moments (la campagne du printemps 2011 pour sa réélection) y a cédé. C'est ainsi : le pouvoir, lorsqu'il n'assoupit pas, corrompt.

     

    En ce sens, l'élection complémentaire, qu'elle soit gagnée ou non le 17 juin, est peut-être la grande chance de Pierre Maudet. Ramasser, à terre, le foulard. Relever le défi. Repartir au combat. Non pas ce jeu de dupes d'il y a un an, en Ville, avec ce trio de co-équipiers si singulier, mais Maudet seul, Maudet contre tous. Contre la redoutable machine de guerre de la gauche (l'équipe est déjà en ordre de marche, et Anne Emery-Torracinta commence très bien sa campagne). Contre les quarantièmes rugissants venus d'Onex. Contre les dissidences et les morsures internes. Le Maudet, comme on l'aime : l'inconformiste qui se bat, celui qui ose. Les morts qu'il doit réveiller ne sont pas ceux de la rue des Granges, où sommeillent d'un œil de lourdes fatigues patriciennes, mais ceux de Sait-Gervais. Les grognards et les mécontents, les populaires, les démocrates viscéraux. Cela porte un magnifique nom, hélas dévoyé par la Bahnhofstrasse, l'insupportable lobby des colonels banquiers de ma jeunesse ; cela s'appelle les radicaux.

     

    Si Maudet ne renoue pas, d'ici le 17 juin, avec cette fibre populaire, cette jactance de la rue (où Stauffer se sent si bien), il est perdu. Si, au contraire, il réussit à incarner un espoir puissamment républicain, ne cédant ni aux redistributions si douillettes de la gauche, ni à l'argent facile de la droite financière, l'argent spéculé, alors oui, qu'il gagne, et même peut-être qu'il perde dans deux mois, il aura relancé quelque chose de fort. Dans son camp, il en est le seul capable. A lui de jouer.

     

     

    Pascal Décaillet