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Liberté - Page 1171

  • Que d'eau, que d'eau !

     

    Sur le vif - Lundi 30.04.12 - 08.56h

     

    Mon excellente consoeur Valérie Duby nous apprend, dans le Matin, qu'Isabel Rochat veut distribuer verres et carafes aux fonctionnaires genevois pour les inciter à boire de l'eau. Louable ambition. Mais hélas, surpassée depuis longtemps par les redoutables techniques de communication du MCG. L'ancien président de ce mouvement n'a-t-il pas, d'un geste auguste, montré il y a quelques semaines qu'on pouvait distribuer l'eau sans conduite ni aqueduc, en totale gratuité, et par la seule mécanique du poignet? Dans cet art du baptême improvisé, la ministre, hélas, a encore beaucoup à apprendre. Au coup par coup ciblé, elle préfère l'arrosoir. A la jouissive irruption d'un rafraîchissement, elle substitue l'inondation pour tous, aux frais du contribuable. A la fluide magie d'une voie d'eau, elle tente de noyer nos désespoirs. A la grâce d'une source, elle établit l'uniformité du marais. Scepticisme. Insatisfaction. Soif.

     

    Pascal Décaillet

     

  • France : je voterais Hollande

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 27.04.12

     

    Je l'ai dit et répété : j'aurais voté, si j'étais électeur en France, pour François Bayrou au premier tour. Comme il y a cinq ans, j'ai aimé, chez cet homme, le discours de vérité, le rapport à la terre, l'exigence de rigueur. Nous voilà maintenant, comme dans le plus classique des scénarios, en présence d'un traditionnel duel gauche-droite. D'un côté, la France libérale, celle de Nicolas Sarkozy. De l'autre, la France socialiste de François Hollande. Deux grandes traditions politiques s'affrontent. Comme dans six seconds tours sur huit, depuis 1965. Il n'y eut que deux exceptions : le duel Pompidou-Poher (interne à la droite) de 1969 ; le fameux deuxième tour Chirac - Le Pen de 2002.

     

    Une fois écrémées les candidatures populistes de gauche (Mélenchon) comme de droite (Marine Le Pen), l'une et l'autre habitées par le sel de la rhétorique et un sacré talent, il est vrai que les deux finalistes ne sont pas les plus excitants. A droite, un président usé, lâché, réduit à diaboliser son adversaire. A gauche, un homme dont il est difficile d'oublier la très grande discrétion lorsqu'il était premier secrétaire du PS, avec ses allures de Charles Bovary, ex-rondouillard aux airs de notable de province : il pourrait figurer le mari trompé d'un film de Chabrol. Avec Isabelle Huppert dans le rôle-titre, of course.

     

    C'est pourtant pour cet homme-là que je voterais, le 6 mai. Même si ses propos sur les niveaux d'imposition m'exaspèrent. Même si son charisme ne m'a, pour l'heure, que très moyennement ensorcelé. Mais simplement parce que Sarkozy, ça n'est pas, ça n'a jamais (pour moi) été possible. Doué, certes, énergique, travailleur, et même sincèrement attaché à la réussite de son pays. Mais le rapport au monde de l'argent ! La fascination pour les riches, que relève cruellement Franz Olivier Giesbert dans son livre « Monsieur le Président » (Flammarion, 2011). Mais l'impossibilité d'une fierté d'Etat face aux possédants. Ça n'est pas dans la gestion courante que le président sortant a échoué, mais bel et bien dans son inaptitude à adopter la posture présidentielle. Laissons ici le Fouquet's et la croisière maltaise, qui sont ses diamants à lui, mais il y a tant d'autres signaux de manque de hauteur, déficience d'Etat.

     

    Alors voilà, si j'étais Français, je donnerais sa chance à François Hollande. Pour réhabiliter la primauté de l'intérêt public. Relancer l'enseignement, qui est la clef de tout, et qui est notoirement malade. Restaurer une justice sociale - en espérant qu'elle ne soit pas thermidorienne - dans un pays dont c'est la tradition, la fierté, le fleuron. Ecole : pensons à Guizot et Jules Ferry. Equité : pensons à Blum, mais aussi aux grandes lois sociales de la Libération, à l'époque du Général de Gaulle. Oui, ce pays qui fut celui des grands ordres chrétiens avant d'être celui d'une République à laquelle je crois, mérite mieux qu'une éternelle génuflexion devant l'Argent spéculé. Oui, je voterais François Hollande.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Merck Serono : Sandrine Salerno dérape

     

    Sur le vif - Mardi 24.04.12 - 16.02h

     

    La préparation d'une émission spéciale (avec David Ramseyer et l'équipe de Léman Bleu, dès 18.30h) ainsi que la rédaction d'une analyse pour demain, le tout sur le séisme de Merck Serono à Genève, tout cela m'ôte le temps de m'exprimer en détail, ici, sur le sujet. Pour faire court, on dira :

     

    1)   L'impératif de solidarité par rapport aux personnes qui perdent leur emploi sur la place genevoise.

     

    2)   De solides questions sur la stratégie d'une entreprise qui vient d'augmenter considérablement ses dividendes, quelques jours avant l'annonce d'une charrette qui marquera le canton. Favoriser à ce point la valeur du capital, par rapport à celle du travail, n'est pas acceptable.

     

    3)   Tout autant de questions par rapport à la faculté d'anticipation des pouvoirs publics. Ont-ils vu venir le séisme ? Disposent-ils des outils suffisants, dans l'ordre du renseignement, pour agir en amont ? Ne manque-t-il pas, dans l'espace genevois, une tête chercheuse du style d'un Aebischer, passerelle de génie entre le public et le privé ?

     

    Toutes ces questions, oui. Mais pour l'heure, un dérapage de Sandrine Salerno. Autant nous étions là, il y a quelques mois, pour reconnaître sa liberté totale de parole lorsqu'elle s'exprime, comme militante, sur les multinationales. Autant nous sommes ici choqués de lire, sur le site de la TG, que la magistrate « ne se dit pas inquiète pour les collaborateurs en col blanc, qui peuvent facilement retrouver un emploi ».

     

    Un peu léger, Madame Salerno. Un emploi, où ? Chez vous, à la Ville ? Dans une biotech subventionnée par M. Unger ? Et puis, en quoi le fait d'être « en col blanc », plutôt qu'en bleu de travail, devrait-il vous valoir moins d'inquiétude ? Vengeance de classe ? Vous avez dérapé, Chère Madame. Reconnaissez-le.

     

    Pascal Décaillet

     

    PS - 17.05h - Porte-parole de Sandrine Salerno, Valentina Wenger vient de m'appeler. Elle m'assure que les paroles de la magistrate ont été sorties de leur contexte. Ce que, bien entendu, je crois. Car je crois toujours ce qu'on me dit.