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Liberté - Page 1095

  • Oui, protégeons nos parcs !

     

    Sur le vif -Dimanche 24.11.13 - 15.38h

     

    A part Ensemble à Gauche et quelques mouvements, notamment du côté de la défense des aînés, toute la classe politique, en Ville de Genève, nous recommandait de rejeter l’initiative municipale « Sauvons nos parcs au bord du lac ! ». Il avait fait ricaner, ce texte, on l’avait méprisé, traité les initiants de vieux réacs de gauche, ou d’indécrottables conservateurs du patrimoine. Surtout, du côté des opposants, presque personne n’a fait campagne. Sans doute considérait-on la partie comme gagnée.

     

    Clairement, on a eu tort. L’initiative passe la rampe : 23'568 citoyens et citoyennes de la Ville de Genève l’acceptent, contre 21'616. Cela signifie 52,2% de oui. On va sans doute entendre, d’ici ce soir et demain matin, le chœur des pleureuses et des mauvais perdants nous dire à quel point ce vote est réactionnaire, relève d’un fondamentalisme de la nature érigée en sanctuaire, va figer le paysage pour une génération. A ces gens, nous répondrons qu’ils auraient mieux fait de mener campagne, et surtout qu’ils ont commis l’irréparable erreur, comme au niveau fédéral dans l’initiative Franz Weber, ou celle des Alpes, ou celle des Marais de Rothenthurm, de sous-estimer l’attachement viscéral d’une population à son patrimoine naturel.

     

    Je fais partie de ceux qui ont accepté l’initiative. Le cœur, davantage que la raison, m’a dicté ce oui. C’est au Parc Mon-Repos que j’ai fait mes premiers pas : de l’avenue de France au Château de Penthes, en passant par le Jardin botanique, je connais personnellement chaque arbre. Certains sont plusieurs fois centenaires. Il ne s’agissait certes pas de les déraciner. Mais, dans un réflexe d'affection et de protection de ces magnifiques lieux de nature, une majorité de la population a donné un signal : on ne touche pas à ces merveilles, inestimables compagnons de nos solitudes errantes. Un parc, un bosquet, le contour d’un paysage ne sont pas choses légères, ni gratuites. Elles impriment en nous quelque chose de puissant, qui fait partie de notre reconnaissance collective.

     

    « Sanctuaires », titre cet après-midi une dépêche. Eh bien oui, sanctuaire ! Ce mot, avec sa connotation religieuse, ou tout au moins spirituelle, me convient parfaitement. Le signal donné par une majorité des citoyens en Ville de Genève, c’est qu’on ne touche pas impunément, et surtout pas pour de seuls motifs mercantiles, à un paysage qui, depuis l’enfance, vous berce et vous bouleverse. On me dira que c’est « émotionnel ». Je répondrai : « Oh, oui, bienvenue à l’émotion ». Elle a sa place en politique, n’en déplaise aux pisse-froid et aux ratiocineurs.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le peuple souverain face aux unanimités dictées

     

    Sur le vif - Samedi 23.11.13 - 18.47h

     

    Le déséquilibre avec lequel l'immense majorité des médias traitent de l'initiative de l'UDC "Contre l'immigration de masse", qui sera soumise au souverain de ce pays le 9 février 2014, est hallucinant. Parole donnée beaucoup plus aux opposants, diabolisation du texte, partisans traités de "xénophobes" (alors qu'ils ne demandent qu'une régulation des flux migratoires, laquelle n'implique nul jugement de valeur sur le "migrant").


    A la RSR, toute la journée, on a épié Ueli Maurer, à l'Assemblée générale des délégués de son parti, dans l'extatique attente d'un "dérapage" de sa part, mot répété dans le journal de 12.30h et ce soir dans Forum. "Dérapage": les mêmes présentateurs eussent-ils usé de ce vocable s'il s'était agi d'une Simonetta Sommaruga ou d'un Alain Berset, deux ministres également confrontés à des dilemmes entre collégialité au sein du Conseil fédéral et allégeance à leur parti ? "Dérapage", personne n'a songé à utiliser ce mot, en 1974, lorsque le conseiller fédéral PDC Kurt Furgler s'est désolidarisé du gouvernement, pour raisons de conscience, dans l'affaire de la solution des délais.


    Mais Maurer, président de la Confédération populaire et apprécié, le "service public" veut sa peau. Histoire de plaire au big boss de la SSR, l'euroturbo Roger de Weck, qui a fait de l'UDC sa bête noire, et considère comme une croisade personnelle le combat contre la bête immonde.



    Dans le cas de cette initiative, pas un jour où, par petites touches ou perfides glissements, l'ensemble des acteurs de la SSR ne laissent perler leur haine de l'UDC, leur absolu rejet de cette initiative, lorsqu'ils n'en insultent pas les partisans.



    Le 9 février pourtant, le résultat pourrait nous surprendre. Et le texte, passer. Parce que le peuple suisse, lorsqu'il vote, fait parfaitement la part des choses entre propagande et réalité. Il sait qu'il aura à se prononcer sur une question de régulation des flux migratoires. Qu'il ne s'est jamais agi de fermer les frontières. Que tous les pays du monde, à commencer par nos chers voisins, tentent de contrôler l'immigration. Il sait aussi, le peuple suisse, se méfier, comme de la peste, de ces ouragans d'unanimité, où l'immense majorité des chroniqueurs disent la même chose, en l'espèce pour taxer de "xénophobes" les partisans du oui, ce qui est abus de langage, dérive sémantique, procédé primaire de dénigrement de l'avis d'un citoyen avec lequel on n'est pas d'accord. Le 9 févier 2014, en toute sérénité, le peuple de ce pays tranchera. Et nous verrons bien.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La tentation de ne rien comprendre

     

    Commentaire publié dans GHI - 20.11.13

     

    Le seul signal qui vaille, en cet automne électoral, a été donné le 6 octobre. Le peuple a voulu un déplacement du curseur sur la droite protectionniste, une progression du MCG et de l’UDC, une régression sans appel du PLR et des Verts, et le retour d’Ensemble à Gauche. Cinq semaines plus tard, le même corps électoral a envoyé au Conseil d’Etat un nombre surfait de magistrats de l’Entente par rapport à la représentation parlementaire. Mais c’est ainsi, c’est le jeu, chaque élection a sa logique, tous sont bien sûr légitimes.

     

    Mais il faudra qu’ils fassent très attention, ces quatre Messieurs de l’Entente au Conseil d’Etat. S’ils s’imaginent, sous prétexte qu’ils sont majoritaires, qu’ils vont pouvoir mener exactement la même politique que pendant les deux dernières législatures, avec leur libre circulation à tout crin, leur obédience au patronat, leur mythologie incantatoire du « Grand Genève », sans la moindre prise en compte du déplacement du curseur au Parlement, alors ils fonceront droit dans le mur.

     

    Ont-ils seulement compris que l’idéologie transfrontalière avait pris, le 6 octobre, un sérieux coup dans l’aile ? Qu’une part montante de la population exigeait davantage de contrôles aux frontières et sur le marché du travail ? Espérons que oui. Sinon, il appartiendra à l’opposition de le leur signaler. Poliment, mais fermement.

     

    Pascal Décaillet