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Liberté - Page 1092

  • Pays réel, pays des songes

     

    Commentaire publié dans GHI - 29.05.13


     

    1814, 1815 : il y aura bientôt deux cents ans, Genève devenait canton suisse, et entrait dans la Confédération. Déjà, de partout, ça commence à phosphorer pour marquer l’événement. Très bien. Mais qu’il soit juste permis ici d’élaborer un souhait : que toute cette commémoration soit quelque chose de vivant ! L’occasion d’une réflexion sur notre double identité : celle d’habitants de Genève, et de citoyens suisses. Deux natures qui, loin de se combattre, se complètent et se superposent. C’est le miracle de notre pays : Valaisan de Genève, je suis aussi citoyen suisse. Chacun de nous peut allègrement cumuler trois ou quatre de ces reconnaissances, sans se dédire, ni s’abjurer. Nos amis étrangers, sans être suisses, peuvent à coup sûr s’associer à cette réflexion. Genève est une ville ouverte, un canton d’accueil et de partage.


     
    Je rêve d’une commémoration qui soit autre chose que les gentils défilés confédéraux de 1964, dont je garde un vague souvenir. Il n’y aurait même aucun défilé, ça m’irait très bien. Mais des livres, des émissions, des échanges, des engueulades sur notre degré d’Helvétitude. Je rêve de quelque chose d’à la fois très élitaire et très populaire, ces deux notions se rejoignent d’ailleurs beaucoup plus qu’on ne l’imagine. J’espère vivement qu’on ne joue pas le gentil canton suisse invitant d’autres gentils Suisses dans des gentils pavillons. Mais posons nos différences. Crions-le, ce pays, au lieu de n’en murmurer le désir que dans la tiédeur d’un confessionnal. Si 2014, 2015, pouvaient agir comme une catharsis, une révélation, loin des officialités, des flonflons, des fanfares. Du vrai, du cruel, qui fait mal et qui fait du bien. Le pays réel. C’est à dire celui des songes.


     
    Pascal Décaillet

     

  • Election par le peuple : osons le oui !

     

    Edito publié en première page du Giornale del Popolo - Lundi 27.05.13


     
    La Suisse est un pays merveilleux. Ainsi, ici même, le plaidoyer d’un Valaisan de Genève, ayant travaillé à Berne, pour convaincre ses amis tessinois de ne pas avoir peur de voter oui à l’élection du Conseil fédéral par le peuple, le 9 juin prochain. Oh, je sais, beaucoup de Tessinois sont sceptiques : ils craignent pour la représentation de la Suisse italienne. Et préféreront sans doute garder un système qui leur a permis, depuis 1848, d’avoir souvent l’un des leurs au gouvernement de la Confédération. La même réserve existe en Suisse romande. Elle est légitime, je n’essaye pas de m’en cacher.


     
    Mais avant de parler des minorités, voyons plus grand, parlons de notre pays : la Suisse. C’est d’elle qu’il s’agit, après tout, notre Suisse fédérale, cette mise en commun de nos destins depuis 1848. Il s’agit du gouvernement de la Suisse ! Au milieu du 19ème siècle, lorsqu’a émergé l’Etat fédéral, dans une Europe en pleine tourmente, le vrai pouvoir était dans les cantons. Nos conseillers fédéraux des premiers temps relevaient, dans la tête des Suisses, d’un échelon administratif, lointain, on ne les connaissait tout simplement pas. Alors, pour élire ce comité de Sages, on a fait confiance aux parlementaires fédéraux. Eux, au moins, se rendaient à Berne plusieurs fois par année, connaissaient les papables des autres cantons, pouvaient voter en connaissance de cause.


     
    Et puis, comme ce système a plutôt bien marché, donné aux pays de grands hommes (comme le Tessinois Motta), est allé de pair avec une exceptionnelle élévation de nos niveaux de vie, nous a préservés de deux guerres mondiales, garanti depuis 1937 la paix sociale, façonné dès 1948 un excellent système de retraites, on s’est dit qu’au fond, il n’y avait pas grande raison d’en changer. Deux fois pourtant, en 1900 et 1942, l’élection au suffrage universelle fut soumise au peuple et aux cantons, mais deux fois, balayée. A noter qu’à l’époque, c’était la gauche qui voulait changer le système. Mais, aussitôt intégrée au Conseil fédéral avec le premier socialiste, Ernst Nobs, en 1943, elle a trouvé que le système indirect avait du bon. A noter, encore, que le 4 novembre 1900, l’initiative, certes refusée au niveau fédéral, était acceptée par le Tessin (50,5%), Fribourg (72,9%), le Valais (59,9%), et nombre de cantons catholiques, bref une opposition qui ressemblait furieusement aux ultimes alluvions du Sonderbund.
     


    Nous sommes aujourd’hui en 2013. Par internet, nous savons immédiatement ce qui se passe, partout dans le monde. Par les médias, nous connaissons les grandes figures de la politique suisse : le Zurichois Blocher, le Vaudois Maillard, la Saint-Galloise Keller-Sutter, le Tessinois Lombardi, le Valaisan Darbellay, etc. A noter que la plupart de ces personnes (et les Tessinois sont les plus brillants dans ce domaine) s’expriment dans deux, voire trois langues nationales. Nos problèmes sont devenus nationaux. J’estime infiniment plus légitime, pour un conseiller fédéral, d’être élu par quatre millions de citoyens que par 246 parlementaires. L’onction de cette immédiateté lui donnera une légitimité beaucoup plus puissante que le seul jeu de miroirs du sérail parlementaire. Le candidat devra aller à la rencontre du pays profond, il aura pour horizon d’attente, pour théâtre d’opérations, le pays tout entier.


     
    J’ajoute une chose : Valaisan de Genève, il m’est parfaitement égal qu’il y ait des Valaisans ou des Genevois au Conseil fédéral. Il s’agit d’une instance suisse. Dans le Bâlois Tschudi, le Saint-Gallois Furgler, les Vaudois Delamuraz, trois grands hommes, j’ai toujours reconnu MES conseillers fédéraux. Non par l’origine cantonale. Mais justement parce que différents de moi, ils me parlaient et me touchaient quand même. Osons l’élection par le peuple. Osons la Suisse. Osons donner un nouvel élan à ce fabuleux pays. Il a besoin d’audace, d’amour et de modernité. Besoin de nos énergies. Besoin de nous.


     
    Pascal Décaillet
     
     

  • Le corporatisme par le sexe

     

    Sur le vif - Samedi 25.05.13 - 18.29h

     

    Ca rime à quoi, les "Femmes PLR" ? Les "Femmes socialistes" ? Les "Femmes PDC" ? Depuis quand, en République, l'identité d'un parti doit-elle se fractionner en fonction du sexe ? Que diraient-elles, ces dames, si s'érigeaient des sections d'"Hommes PLR", Hommes socialistes", "Hommes PDC" ? Je vais vous le dire: elles hurleraient.


    C'est gênant, ce que j'écris là ? Ca n'est pas dans l'air du temps ? Si vous saviez, amis lecteurs, à quel point je m'en fous.

     

    Pascal Décaillet