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Liberté - Page 1099

  • Journal des Bains: un numéro exceptionnel

     

    Sur le vif - Samedi 04.05.13 - 17.59h

     

    Je viens près de passer deux heures de bonheur. Le tout dernier numéro du Journal des Bains, publié par les usagers des Bains des Pâquis, est une réussite absolue. Une floraison de textes sur le thème de la liberté, ou des libertés. Une page 3 étourdissante, de Philippe Constantin, intitulée "Elefteria i Thanatos" (la liberté ou la mort, en grec moderne). Une double page d'Armand Brulhart, l'un de nos plus grands érudits en matière d'urbanisme, sur "la rade en liberté". Un essai de Chirstophe Gallaz sur la réverbération littéraire. Un magnifique texte, signé Serge Arnauld, sur la jouissance intérieure du reflet. Et plein d'autres. Véritablement écrits. Tissés. Ce numéro unique, polyphonie, nous chante l'écriture elle-même, sa grâce, sa magie qui nous rafraîchit, parfois nous inonde, nous emporte. Vers quels rivages ?

     

    32 pages d'une belle densité, unité de thème, et autour, toute la mathématique solaire des variations. Comme dans une fugue de Bach. A lire, aux Bains ou dans son lit, sur son balcon ou à l'ombre d'un platane. Rien ne vaut le supplément, lorsqu'il ne supplée rien et vit sa vie tout seul. Rien ne vaut le journal unique, que rien ne précède ni ne suit. Comme la rareté d'une saison, celle qui n'existerait que pour la chaleur et la transparence d'elle-même. Quelque part au bord de l'eau. 

     

    Pascal Décaillet

     

  • Tenez bon, Monsieur Hollande !


    Sur le vif - 03.05.14 - 13.20h


    Je ne regrette pas une seule seconde le temps de M. Sarkozy. Et je continue de soutenir François Hollande. Pas son gouvernement, en tout cas pas sur tout. Pas ses choix. Mais cet homme-là, aujourd'hui tellement vilipendé, notamment par une insupportable droite orléaniste revancharde, tient le coup, contre vents et marées. Désolé si je suis très minoritaire à le penser, mais ça force le respect. Et c'est justement pour cela qu'il a été élu. Pour cinq ans, et pas pour démissionner à la première tourmente, ni proposer une "Sixième République" aux premiers vents contraires. Il a été élu, par le suffrage universel de ce pays, pour incarner la nation, tenir, et peut-être même souffrir avec elle. C'est cela le secret de ce système, annoncé d'un bout à l'autre par le général de Gaulle en 1946, dans son Discours de Bayeux. L'équation d'un homme avec une nation.



    C'est cela, depuis la réforme de 1962, un Président de la République. Cette incarnation-là, en un homme, et jusqu'à prendre des coups, est la grande avancée de la Cinquième République, sans doute celle qui réconcilie les institutions issues de la Révolution avec ce qui existait avant. Alors, désolé, Mesdames et Messieurs les pourfendeurs de François Hollande, mais cet homme est élu pour cinq ans. Il doit tenir jusqu'au bout. En attendant, il se bat. Je ne sache pas qu'il ménage ses efforts pour ce qu'il considère comme l'intérêt supérieur du pays. Je comprends parfaitement qu'on combatte ses options, moi aussi certaines d'entre elles m'excèdent, mais il faut respecter la fonction. Il est le Président de la République française, élu au suffrage universel. Dans quatre ans, les Français, peut-être, le sanctionneront. Un mandat se juge sur son ensemble, pas après la première année.


    Pascal Décaillet



  • Eloge des nouveaux partis

     

    Commentaire publié dans GHI - 02.05.13

     

    Verts libéraux, PBD, Pirates, et d’autres encore : l’électeur genevois aura sur ses listes électorales, l’automne prochain, une floraison de nouveaux partis. Nouveaux à Genève, puisque, dans les trois exemples cités, ils existent déjà au niveau national. Disons-le tout net : ces formations ont totalement le droit d’exister, de se présenter, elles prennent un risque important, disposent souvent de peu de moyens, elles sont courageuses et méritent notre respect.

     

    D’autant qu’à Genève, avec un quorum fixé à 7% pour constituer un groupe au Grand Conseil, les nouveaux ne partent vraiment pas en position favorable. 7%, c’est beaucoup, et c’est même franchement trop. Bien sûr, il faut un seuil. Bien sûr, l’abolition totale du quorum aurait pour effet le morcellement, la dispersion, l’illisibilité du politique, qui nécessite des groupes idéologiques clairs. Mais ces 7%, maintenus tort par la Constituante, c’est vraiment une machine à maintenir les sortants, broyer les nouveaux, empêcher tout renouvellement de notre paysage politique. Je plaide, non pour une abolition, mais pour un abaissement du quorum, par exemple à 5%.

     

    D’autant qu’ils ne manquent pas de vitalité, ces nouveaux partis. Regardez La Gauche, avec Magali Orsini : il y a la cohérence d’un discours, une compétence, une vision du monde, une exigence républicaine. Ou encore les Verts libéraux, section Genève : émergence de nouvelles personnes, équipe imaginative, combative. Ou les Pirates, auxquels vient de se joindre Didier Bonny : des thèmes de société très modernes, concernants, autour des nouveaux outils de l’informatique, la protection des données, la sphère privée. Et si c’étaient là les enjeux de demain ?

     

    L’Histoire politique suisse montre, depuis quelque 120 ans, une étonnante stabilité : sont apparus dans l’ordre les radicaux, les catholiques-conservateurs (aujourd’hui PDC), les socialistes, les agrariens (aujourd’hui UDC). Beaucoup plus tard, il y a 30 ans, les Verts. Tous ces partis sont encore là. Et tiennent les parts du gâteau. Mais ils représentent des idéologies des 19ème et 20ème siècles. D’autres commencent à poindre, avec les perceptions du futur. Ce serait folie de ne pas les prendre au sérieux.

     

    Pascal Décaillet