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Sur le vif - Page 874

  • Il est minuit, docteur Morel

     

    Sur le vif - Samedi 15.12.12 - 18.19h

     

    Il se passe quelque chose avec Philippe Morel. On apprend, par la TG online, que cet homme brillant, d'une énergie phénoménale, truffé de projets pour l'avenir de Genève, renonce à sa candidature au Conseil d'Etat.



    Que s'est-il passé ? Il y a encore un mois, ce grand chirurgien, professeur de médecine, était chef de groupe, infatigable, performant, réactif, donnait l'impression de vouloir croquer la politique à pleines dents, dévorer l'avenir, il rêvait mille projets pour Genève. C'était un être en fusion, illuminé par le désir politique. Une boule de feu.



    Et puis, sous prétexte qu'il était candidat au Conseil d'Etat, un improbable et sombre quarteron de jaloux s'est employé à le virer glacialement de son poste de chef de groupe. Et maintenant, quelques jours après ce lamentable épisode, le voilà qui renonce. Je viens d'avoir des contacts, dans les dernières minutes, avec pas mal de responsables PDC, la plupart se disent désolés, mais pour certains, je peine à croire à leur sincérité. Philippe Morel, à l'heure où j'écris ces lignes, est au bloc opératoire, en train de faire son métier.



    Des poignards ont dû entrer en action, j'ignore pour l'heure  lesquels, disons que je les devine : on s'aime entre chrétiens avec la même ardeur, celle des familles bordelaises de Mauriac, qu'entre libéraux. Et encore ! Le jeu de dupes se limite-t-il au seul parti du bon docteur Morel ? Ce parti cantonal décide-t-il encore lui-même de son destin ? A-t-il à sa tête un capitaine ? Les noires instances qui désignent désormais, pour la Ville comme pour l'Etat, sous prétexte de stratégie d'Entente, les candidats qui leur conviennent, écartent les autres, ne sont-elles pas désormais extérieures à la démocratie chrétienne genevoise ? Le PDC, ce vieux parti qui a largement contribué, depuis plus d'un siècle, à faire le canton, a-t-il l'intention de se laisser faire ? Se laisser satelliser, par une troïka qui d'en haut, décide de tout ?

     


    Questions que nous reprendrons. En assurant, ce soir, Philippe Morel de notre sympathie et de notre admiration pour sa formidable énergie politique. Et, aussi, de notre amitié. Ce qui, chez ces gens-là, Monsieur, doit sonner comme un mot lunaire, ou paléolithique, tant il est aujourd'hui galvaudé par l'hypocrisie et par la trahison.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Saviez-vous que Mme Filippetti était ministre de la Culture ?

     

    Sur le vif - Lundi 10.12.12 - 09.43h

     

    Nous avions déjà tous noté qu'Aurélie Filippetti, ministre française de la Culture et de la Communication, n'avait pas nécessairement la trempe de Malraux, ni celle de Jack Lang. Elle vient de le prouver avec éclat, en taxant mon confrère Jean-Pierre Elkabbach de "machisme", parce qu'il avait osé déclarer, l'ignoble individu, que la porte-parole du gouvernement était "une très jolie femme qui s'en occupe avec une très belle langue de bois".


    Si relever les qualités esthétiques d'une personne, c'est être machiste, alors nous sommes quelques centaines de milliers, sans doute, à l'être. Quant à Mme Filippetti, on se réjouit d'entendre de sa part l'annonce d'un quelconque projet audacieux, révolutionnaire, rassembleur, de nature à nous rappeler soit les Maisons de la Culture de Malraux, soit les Fêtes de la Musique de Jack Lang. Quelque chose de fort, qui marquerait son ministère. Autrement que par d'insignifiantes remarques qui fleurent la police du langage. Et celle de la pensée.
     
     
    Pascal Décaillet
     
  • Berlusconi : au peuple italien de décider !

     

    Sur le vif - Dimanche 09.12.12 - 17.08h

     

    Evidemment, ils vont tous lui tomber dessus. Comme des mouches. Avez-vous seulement, ces dernières années, lu une fois un commentaire favorable à Silvio Berlusconi dans la presse romande ? Voilà un homme qui a dominé la politique italienne du dernier quart de siècle, tenu les plus longs mandats de l’après-guerre, plusieurs fois obtenu du peuple italien les majorités nécessaires à former des gouvernements, et à qui notre bonne vieille presse de Suisse romande n’a jamais réussi à trouver la moindre qualité. Parce qu’il incarne une figure de pouvoir fort. Mais aussi, double réussite, donc double jalousie, parce qu’il est très riche. Parce qu’il est, surtout, un homme de droite. Sans trop d’états d’âme, en effet.

     

    Il faudrait reprendre la pâmoison des éditos sur Mario Monti, lors de la chute du dernier gouvernement Berlusconi. Sous couvert de « cabinet de techniciens » (quelle horreur !), on a sanctifié la succession, pour mieux diaboliser le legs. On a déifié l’empire des « techniciens » pour souligner le contraste avec le démiurge partant. On nous présentait cette Restauration du sérieux (vous pensez, un ancien commissaire européen, homme de dossiers) comme la salutaire reconstruction du pays. Comme s’il surgissait des cendres. A peu de choses près, on allait s’inspirer du discours de la Democrazia Cristiana des années De Gasperi après l’aventure du fascisme. Un monde nouveau était à inventer, et le « technicien de Bruxelles » en serait le sorcier. On a vu le résultat.

     

    Le problème, ici, n’est pas l’Italie. Respectons le chemin que cette grande nation, cette grande démocratie voisine de la nôtre, et ô combien amie, voudra bien se donner. Mais justement, respectons-le, ce choix ! J’ignore si Berlusconi reviendra aux affaires, mais une chose est sûre : il appartient au seul peuple italien d’en décider. S’il souhaite, comme il l’a fait tant de fois, confier son destin à une typologie d’hommes différente de la nôtre, c’est son problème. On a eu l’impression, ces vingt dernières années, chaque fois que la démocratie italienne, souveraine, envoyait Berlusconi à la présidence du Conseil, qu’elle commettait une erreur, à en croire nos gazettes. Comme si la masse des millions de votants de la Péninsule se trouvait, par ensorcellement, dénuée de la lucidité qu’auraient, en Suisse romande, nos chers éditorialistes.

     

    Vous allez voir comme ils vont le flinguer. Utiliser ses problèmes judiciaire, sa vie privée, ses histoires de fric, son pouvoir sur les médias, pour noircir une nouvelle fois sa figure. A ce stade, je doute qu’un retour au premier plan soit possible. Mais il appartient à une seule et unique instance d’en décider. Pas aux moralisateurs. Pas aux juges. Mais au peuple italien, souverain, celui qui vote, et qui choisit son destin.

     

     

    Pascal Décaillet