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Sur le vif - Page 876

  • Douaniers sans frontières

     

    Sur le vif - Samedi 16.02.13 - 19.43h

     

    Jamais reçu, depuis des années, autant de courrier positif que pour mon papier de la semaine dernière, dans GHI, « Grand Genève : arrêtez de nous bassiner ! ». Les lecteurs me remercient d’avoir dit tout haut ce qu’apparemment, beaucoup d’entre eux pensent tout bas. Bien plus nombreux qu’on ne l’imagine ! Snobisme et prétention de ces deux mots, qui sonnent comme un Gross Paris provincial. Mais surtout, machin, machinerie, concoctée horizontalement par des gens n’ayant nullement été mandatés par leurs peuples pour cela. Truc de cocktails. On passe des accords, comme ça, on veut ignorer l’existence d’une frontière. On prend des options sur l’avenir sans en référer à Berne, ni sans doute à Paris. Mais moi, c’est plutôt Berne qui m’intéresse.

     

    Dernier épisode en date : le stade. Au nom du Gross Genf. Et on y va, des clubs français sur la prairie, et on n’aurait demandé à personne, et le peuple, on le mettrait devant le fait accompli. Vous avez souvenance, vous, d’avoir été consultés sur le « Grand Genève » ? Ce machin, il a une légitimité démocratique ? Une armature institutionnelle ? Il émane d’une puissante volonté du peuple souverain ?

     

    Bien sûr, nous devons bien nous entendre avec nos voisins. Jamais dit le contraire. Et jamais, sous ma plume, la moindre remarque désobligeante sur nos amis de l’Ain ou de la Haute-Savoie. Ni sur les frontaliers. Mais la collaboration, pas comme ça. Pas par une usine à gaz, imposée d’en haut par quelques élus tétanisés par l’illusion d’un monde – bien irréel – où les frontières auraient disparu. Désolé, mais pour l’heure, elles sont encore là. Il y a un pays qui s’appelle la Suisse. Et un autre, qui s’appelle la France. Dieu sait, à titre personnel, si je les aime les deux, si j’en connais l’Histoire, et les reliefs, et les végétations, et les livres. Mais comme citoyen, il se trouve que je suis Suisse. On me permettra de défendre en priorité les intérêts politiques, économiques, sociaux et stratégiques de mon pays. Dire cela, ça n’est en rien nier la nécessité d’un bon voisinage. C’est juste remettre les pendules à l’heure.

     

    Et puis, tiens, s’ils veulent absolument le Grand Genève, je leur suggère un truc amusant : faire voter le peuple. Le résultat pourrait être assez fracassant. Et refroidissant pour une bonne génération.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Fuites Sixtines

     

    Sur le vif - Mercredi 13.02.13 - 15.28h

     

    Messieurs les Cardinaux,



    Si vous souhaitez, depuis le Conclave, me donner par SMS, de temps à autre, une petite information sur l'état de vos travaux, oh juste comme ça, sous le pourpre de la chasuble, l'air de rien, d'un doigt léger, ne vous privez pas de cette extase. Cela se fait, voyez-vous, en d'autres chapitres, à l'écart de vos Tibres latins, en des Romes plus protestantes. Oui, d'autre reclus, parfois, se livrent à moi. J'en fais toujours le meilleur des usages, et paye en Indulgences les plus audacieux des émissaires.

     

    Je vous souhaite, Messieurs les Cardinaux, les heures les plus douces et les plus inspirées. Je sais, là où vous serez, et où je fus souvent, il y a au plafond des choses un peu terrorisantes, mais n'ayez crainte: les deux personnages, tout là-haut, ont bien plus de souci à s'effleurer le doigt qu'à guetter vos digitales fuites. A très bientôt, dans l'imminente lueur de l’Éminence.



    Monsieur X

     

  • La Revue des Deux Mondes

     

    Sur le vif - Mardi 12.02.13 - 19.28h

     

    Je n’ai jamais très bien compris, pour ma part, le signal que voulaient donner les députés en présentant une Revue. Oh, je ne doute pas des talents d’artiste des uns et des autres, dans les domaines du théâtre, de l’humour ou de la chanson. Je ne doute pas, non plus, que ce soit au final un beau spectacle, agréable, drôle, piquant. Mais enfin, qui sont-ils, les députés ? Une centaine d’hommes et de femmes, venant de sept partis différents, rassemblés en deux blocs antagonistes, s’étant présentés à nos suffrages, nous les citoyens, pour œuvrer au mieux, pendant quatre ans, au bien de la République.

     

    Je ne doute pas qu’ils le fassent. Et n’irai pas leur chercher noise jusqu’à prétendre que le temps passé aux répétitions et aux spectacles leur ôterait toute énergie pour accomplir leur mission première. Non, rien de tout cela. Mais quand j’entends qu’ils viennent demander, eux les élus du peuple, chargés d’accoucher d’un budget qu’on attend toujours, en ces temps si déficitaires, une subvention publique de 25'000 francs, alors là désolé, je vois rouge. Ça n’est pas la somme qui provoque ma colère (encore qu’elle soit loin d’être fluette), mais la maladresse politique, ou alors l’inconscience, ou encore l’arrogance, la coupure du peuple. Il y aurait d’un côté le monde, de l’autre leur monde, et puis il y aurait encore, sur la fiction des planches, la Revue des Deux Mondes. Comme si ce petit monde vivait à ce point en vase clos qu’il en aurait oublié les signaux les plus élémentaires de décence, face à la population.

     

    Pire : nous sommes à moins de vingt jours d’une votation historique. Dans tous les cas, oui ou non le 3 mars, le citoyen contribuable sait qu’il devra passer à la caisse pendant des décennies pour éponger la sous-couverture des caisses de retraite de l’Etat. Cela n’a rien à voir avec la Revue ? Si. Cela crée ce qu’on appelle un contexte. Cela, à très juste titre, met le cochon de citoyen payeur dans une humeur bien mal ajustée à débourser davantage encore. Et à quelles fins, je vous prie ? A fins de financer le spectacle récréatif de ceux-là mêmes dont on attend que l’énergie première soit entièrement mise dans le redressement de nos finances.

     

    Alors, désolé, quels que soient vos talents, Mesdames et Messieurs les députés, comme citoyen payant ses impôts depuis l’âge de sa majorité, donc depuis 34 ans, dans ce canton, je dis non. Si vous voulez de l’argent, adressez-vous à ceux d’entre vous qui savent – avec génie, lorsqu’il le faut – dénicher des mécènes.

     

    Pascal Décaillet