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Sur le vif - Page 871

  • Qui osera répondre à la France ?

     

    Sur le vif - Lundi 07.01.13 - 09.55h

     

    D'urgence, il importe que la Suisse adopte face à la France le ton qu'il convient pour rappeler à ce cher voisin, beaucoup plus grand et beaucoup plus peuplé que nous, que notre petit pays est une démocratie souveraine. Pas un dominion négligeable sur ses marches orientales. Un pays, fier de l'être.



    Face aux pressions de plus en plus insupportables que Paris fait peser sur nous, nous devons garder la tête froide, ne céder en aucun cas. Une éventuelle réforme de notre système fiscal doit procéder de notre dialectique interne : on peut discuter de tout, rien n'est tabou, mais cela doit venir de nous, de nos énergies, nos révoltes. En aucun cas, cela ne doit être dicté par une puissance certes amie, mais étrangère à notre souveraineté nationale. Sinon, pour nous Suisses, ça n'est plus la peine de nous proclamer "pays". Autant mettre la clef sous le paillasson national, renoncer à notre statut d'Etat souverain au milieu des autres nations, admettre que nous ne serions plus, désormais, que la circonscription administrative d'un univers mondialisé, ou continentalisé. C'est cela que nous voulons ?



    Le problème, ça n'est pas la Suisse. Le problème, c'est la France. Qui a géré de façon calamiteuse ses finances publiques depuis des décennies, gauche ou droite au pouvoir d'ailleurs. Et qui vient maintenant lancer une grande croisade, prétendument morale (laissez-moi rire), pour récupérer le maximum d'argent, là où c'est possible.


    Dans la classe politique suisse, le discours de "compréhension" pour la France, chez certains, semble primer sur la défense de l'intérêt national, qui devrait être le but absolument prioritaire de tout élu de ce pays, qu'il soit de gauche ou de droite, cantonal ou fédéral, en cas d'attaque extérieure. A mes yeux, aujourd'hui, ce critère de "compréhension" ne passe pas. Il est exactement à rebours de ce qu'il faudrait faire, dire, alors que le pays court un véritable danger. Cette "compréhension", chez certains, au diapason d'une ministre fédérale des Finances qui conduit une politique confinant à l'abandon, est extraordinairement inquiétante. Il y a un moment où il faut savoir qui est on est, quel camp on défend.



    Lorsque l'exemple, hélas, de la fermeté ne vient pas du plus haut niveau (nous avons un Conseil fédéral d'une rare faiblesse, les plus gris ayant été préférés par l'Assemblée fédérale, pour ne pas lui faire de l'ombre), il ne faut pas trop s'étonner qu'il soit absent dans le reste de la classe politique.



    Oui, des mots forts, face à la France, sont attendus par la population. Il ne s'agit ni de remettre en question notre amitié pour ce voisin avec qui nous partageons tant, ni surtout de défendre les banquiers. Les banquiers, nous verrons plus tard. Entre nous. Entre Suisses. Et croyez-moi, dans ce débat futur, je ne serai pas le moins sévère, moi qui ait toujours combattu le primat de l'argent sur les valeurs républicaines. Mais pour l'heure, le pays est sous attaque. Il s'agit de faire de la politique debout. De montrer notre souveraineté. Le reste, c'est une autre affaire.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Coire-Paris, aller simple

     

    Sur le vif - Dimanche des Rois - 06.01.13 - 14.34h

     

    Ne serait-il pas plus simple, après réflexion, que Mme Widmer-Schlumpf devienne directement ministre de la République française ? Au moins, les choses seraient claires. La verticalité de l'allégeance, sans ambiguïté. Ca nous éviterait toutes sortes de malentendus. La vie parisienne, et pourquoi pas au sens d'Offenbach, ferait du bien à la Grisonne. Elle pourrait initier nos amis jacobins à la complexité des Ligues Grises, à côté desquelles celles de la regrettée Maison de Guise font figures de paisibles clubs de pétanque. En échange, juste du bout des lèvres, quelques menus cours de français, oh trois fois rien, juste apprendre les mots fidélité, loyauté, lire un peu Verlaine, tiens disons Sagesse. Que du bonheur.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Pompidou, suite et pas encore fin

     

    Samedi 05.01.13 - 18.44h

     

    Il est très rare que je lise un livre politique deux fois de suite. C'est pourtant ce que je viens de faire, avec les "Lettres, notes et portraits, 1928-1974" de Georges Pompidou, dont j'ai déjà parlé ici le 24 décembre dernier (http://pascaldecaillet.blogspirit.com/archive/2012/12/24/pompidou-un-livre-a-lire-absolument.html), et dont je viens de relire avec une extrême attention de nombreux passages.



    Ce qui m'intéresse, c'est la motivation de monter vers le pouvoir, chez Pompidou. D'un bout à l'autre de l'ouvrage, dès les lettres de 1930 (il a 19 ans) à son ami Pujol, jusqu'en 1969 (son élection à la Présidence de la République), il ne cesse de clamer que le pouvoir politique ne l'intéresse pas, que la vraie vie est ailleurs, par exemple en littérature, où ce Normalien excelle. Une tension dialectique interne que je puis, profondément, comprendre.



    Il ne cesse de le dire, et, plus il le répète, moins nous le croyons. Parce que toute la réalité de son existence, au contraire, évidemment à partir de septembre 1944 (sa rencontre avec de Gaulle, il se met à son service, à la Libération), est celle d'une implication totale, certes souvent dans l'ombre, dans la glaise politique. Toute sa correspondance des années 1946-1958 (la Quatrième République, de Gaulle traverse le désert, mais Pompidou, lui, au service du Général, sait tout, voit tout, entend tout), révèle un homme d'une habileté diabolique.



    Son génie : arriver à chaque fois (chef de cabinet du Général à Matignon de mai à décembre 1958; Premier Ministre en 1962; Président en 1969) comme un homme qu'on serait venu chercher. Jeu de masques, évidemment, que tout cela. Extraordinaire savoir-faire de cet homme de très grande valeur. Avec lui, le héros du 18 juin, l'homme mythique, hors normes, légendaire, pouvait compter sur le pragmatisme d'un terrien. Un couple de rêve, au fond, où l'un complète l'autre.



    Je crois que vais lire ce bouquin une troisième fois.

     

     

    Pascal Décaillet