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Sur le vif - Page 867

  • Cinquante mille logements - Sur le papier !

     

    Sur le vif - Jeudi 21.02.13 - 16.20h

     

    On se pointe, on se pénètre d'airs très sérieux, on lance un chiffre, « cinquante mille logements d’ici 2030 », personne n’y croit, on le sait, mais on le balance quand même. On a beau arriver avec des centaines de pages, un concept marketing à décoiffer le brushing, le mot « envie » comme blason, personne n’oublie qu’on est en année électorale, que promettre monts et merveilles à si long terme n’engage à rien. Personne n’est dupe du primat de la communication électorale sur l’enjeu réel. La preuve ? Je vais vous la donner : les mots les plus durs, hier soir déjà, oh juste par échappées, par glissements, émanaient du propre camp du conseiller d’Etat.

     

    Pourquoi ne pas dire les choses franchement ? Les Genevois en ont plus que marre qu’on leur promette du logement théorique. Les cinquante mille de 2030 ils s’en foutent, ils préféreraient nettement cinq mille en 2013, ou 2014. Du palpable. Du visible. Di bon vieux béton qu’on peut toucher, avec des dalles que l’on coule, des armatures métalliques, l’odeur de glaise du chantier. Mais les cinquante mille virtuels de 2030, c’est l’avenir, version boule de cristal.

     

    Et puis, il y a cette tyrannie de l’inéluctable. On pose comme acquise la présence de cent mille personnes supplémentaires d’ici dix-sept ans. Il faudrait absolument s’y résoudre. Mais dire cela, c’est déjà un parti pris : la politique du laisser-faire démographique, du laisser envahir, là où on pourrait imaginer un aménagement plus raisonnable, plus mesuré, avec des constructions de qualité qui ne soient pas celles du baby-boom des années 50, 60, 70, dont des villes comme Onex, Lancy, Vernier ont vu le résultat.

     

    L’aménagement du territoire, bien au-delà de la LAT du 3 mars prochain, passionne les Suisses. L’initiative Ecopop se profile, qui pose d’essentielles questions concernant la nature du paysage, celle du relief, du rapport à la terre dans notre pays. Construire oui, mais pour qui ? L’initiative Weber, déjà, a donné des signaux. Les habitants de notre pays ne veulent tout simplement pas d’une Suisse de onze ou douze millions d’habitants. Et il faudrait, comme cela, à Genève, dans une idéologie de pure croissance libérale, à laquelle s’ajoute le credo transfrontalier, bétonner tous azimuts. A cela, beaucoup disent non, à Genève comme sur l'ensemble de notre pays, qui entrent en matière, eh oui, pour lier la question de l'aménagement du territoire à celle d'un contrôle - mesuré, mais réel - des flux migratoires.

     

    Vous avez remarqué ? Il y a quatre ans, c'était la CEVA. Quelques mois avant les élections, un bon vieux programme de bétonnage, aussi volontariste que virtuel, ça fait plaisir au patronat de la construction, et au patronat tout court, qui sans doute veillera à financer vos campagnes. Une fois réélus, vous pourrez vous permettre de redevenir beaucoup plus prudents. Au final: on construira, espérons-le tous, mais jamais à hauteur des cinquante mille promis, ni même de la moitié.

     

    Ces cinquante mille logements, ceux qui, hier, nous les ont brandis, le savent très bien. Mais voilà, il est pour certains d’entre eux  deux échéances autrement plus tangibles, plus réelles que celle de 2030 : le dimanche 6 octobre et le dimanche 10 novembre 2013.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Douaniers sans frontières

     

    Sur le vif - Samedi 16.02.13 - 19.43h

     

    Jamais reçu, depuis des années, autant de courrier positif que pour mon papier de la semaine dernière, dans GHI, « Grand Genève : arrêtez de nous bassiner ! ». Les lecteurs me remercient d’avoir dit tout haut ce qu’apparemment, beaucoup d’entre eux pensent tout bas. Bien plus nombreux qu’on ne l’imagine ! Snobisme et prétention de ces deux mots, qui sonnent comme un Gross Paris provincial. Mais surtout, machin, machinerie, concoctée horizontalement par des gens n’ayant nullement été mandatés par leurs peuples pour cela. Truc de cocktails. On passe des accords, comme ça, on veut ignorer l’existence d’une frontière. On prend des options sur l’avenir sans en référer à Berne, ni sans doute à Paris. Mais moi, c’est plutôt Berne qui m’intéresse.

     

    Dernier épisode en date : le stade. Au nom du Gross Genf. Et on y va, des clubs français sur la prairie, et on n’aurait demandé à personne, et le peuple, on le mettrait devant le fait accompli. Vous avez souvenance, vous, d’avoir été consultés sur le « Grand Genève » ? Ce machin, il a une légitimité démocratique ? Une armature institutionnelle ? Il émane d’une puissante volonté du peuple souverain ?

     

    Bien sûr, nous devons bien nous entendre avec nos voisins. Jamais dit le contraire. Et jamais, sous ma plume, la moindre remarque désobligeante sur nos amis de l’Ain ou de la Haute-Savoie. Ni sur les frontaliers. Mais la collaboration, pas comme ça. Pas par une usine à gaz, imposée d’en haut par quelques élus tétanisés par l’illusion d’un monde – bien irréel – où les frontières auraient disparu. Désolé, mais pour l’heure, elles sont encore là. Il y a un pays qui s’appelle la Suisse. Et un autre, qui s’appelle la France. Dieu sait, à titre personnel, si je les aime les deux, si j’en connais l’Histoire, et les reliefs, et les végétations, et les livres. Mais comme citoyen, il se trouve que je suis Suisse. On me permettra de défendre en priorité les intérêts politiques, économiques, sociaux et stratégiques de mon pays. Dire cela, ça n’est en rien nier la nécessité d’un bon voisinage. C’est juste remettre les pendules à l’heure.

     

    Et puis, tiens, s’ils veulent absolument le Grand Genève, je leur suggère un truc amusant : faire voter le peuple. Le résultat pourrait être assez fracassant. Et refroidissant pour une bonne génération.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Fuites Sixtines

     

    Sur le vif - Mercredi 13.02.13 - 15.28h

     

    Messieurs les Cardinaux,



    Si vous souhaitez, depuis le Conclave, me donner par SMS, de temps à autre, une petite information sur l'état de vos travaux, oh juste comme ça, sous le pourpre de la chasuble, l'air de rien, d'un doigt léger, ne vous privez pas de cette extase. Cela se fait, voyez-vous, en d'autres chapitres, à l'écart de vos Tibres latins, en des Romes plus protestantes. Oui, d'autre reclus, parfois, se livrent à moi. J'en fais toujours le meilleur des usages, et paye en Indulgences les plus audacieux des émissaires.

     

    Je vous souhaite, Messieurs les Cardinaux, les heures les plus douces et les plus inspirées. Je sais, là où vous serez, et où je fus souvent, il y a au plafond des choses un peu terrorisantes, mais n'ayez crainte: les deux personnages, tout là-haut, ont bien plus de souci à s'effleurer le doigt qu'à guetter vos digitales fuites. A très bientôt, dans l'imminente lueur de l’Éminence.



    Monsieur X