Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sur le vif - Page 64

  • Un putsch anti-Parlement, et tout le monde se la coince !

     
    Sur le vif - Vendredi 29.09.23 - 06.02h
     
     
    Hallucinant édito de la TG, qui s’arrange pour trouver plein de bonnes raisons au putsch du Conseil d’Etat contre une décision souveraine du Parlement, premier pouvoir de ce Canton, dans la loi sur l’énergie.
     
    Le Grand Conseil n’est pas un organe consultatif. C’est lui qui décide. Quand il a voté une loi, on peut l’attaquer par référendum, et le peuple tranche. En aucun cas, et surtout pas en avançant un 49.3 à la sauce genevoise, le Conseil d’Etat n’a à revenir sur une loi votée par le Parlement. C’est une décision scélérate. Nous sommes en Suisse, État de droit, pas dans une République bananière.
     
    Mais le plus fou, dans cette affaire, c’est la mollesse des réactions. On aimerait entendre la Présidente du Grand Conseil, au nom de la dignité supérieure de sa Chambre. On aimerait entendre la presse, moutonnière et gouvernementale comme jamais. Ne surtout jamais attaquer le ministre Vert. Ne surtout pas se brouiller avec le pouvoir.
     
    Et puis, il y a les trois magistrates de droite, puisqu’on nous décrit la forfaiture du Conseil d’Etat comme unanime. À quel jeu jouent-elles ? Une libérale, une centriste qui s’aligne sur la première (on est partis pour cinq ans), et surtout une radicale qui, sur ce coup, déçoit. Oui, du grand parti qui a fait la Suisse, nous attendons sens de l’Etat, respect rigoureux et géométrique des institutions.
     
    « La décision du Parlement entrave le Plan Climat », osent dire les ineffables Verts, ce parti si approximatif sur les institutions. Eh bien oui, elle l’entrave ! Eh bien oui, c’est le droit du Parlement ! Eh bien oui, nous avons eu des élections ce printemps, la droite les a gagnées largement, les Verts ne font plus la loi dans ce Canton, pas plus qu’ils n’ont à régenter nos âmes. Alors, s’il faut « entraver » un plan délirant, gouffre à millions, entravons-le ! Par des votes démocratiques, of course.
     
    Toute la classe politique, ou presque, a été comme en hypnose sous la férule de la pensée Verte, allant jusqu’à reprendre ses mots, sa liturgie, ses mantras. Eh bien cette époque est révolue. L’heure du réveil a sonné. Protéger l’environnement, oui. Mais protéger la République, aussi. La primauté du Parlement. Les libertés fondamentales, dans ce Canton.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Assurance maladie : la parole politique est ruinée

     
    Sur le vif - Mardi 26.09.23 - 15.46h
     
     
    J'ai couvert à Berne, il y a trente ans, tous les débats parlementaires ayant donné naissance à la loi sur l'assurance maladie. Déjà à l'époque, dans mes commentaires, je condamnais le paradoxe entre obligation de s'assurer et mise en concurrence féroce des Caisses. Il faut choisir : un système d'Etat, ou la jungle libérale. Nous eûmes le mélange des pires : le pire de l'Etat, avec sa technocratie ; le pire du libéralisme ultra, qui laisse la santé des gens à la merci des requins.
     
    En trente ans, j'ai suivi l'intégralité du dossier. J'ai vu défiler Ruth Dreifuss, Pascal Couchepin, Didier Burkhalter, Alain Berset. Quatre échecs successifs. Monumentaux. L'Histoire de l'assurance-maladie, en Suisse, depuis trente ans, c'est celle de l'échec absolu du politique face aux puissances de l'argent.
     
    Trente ans après, les classes moyennes de ce pays sont paupérisées comme jamais. Les moins nantis sont assistés, donc financés par l'impôt des classes moyennes. Nous payons plus de primes, plus d'impôts, plus de taxes, nous bossons comme des malades, nous n'en pouvons plus de payer.
     
    Échec de la politique. Mais échec, encore plus fracassant, de la parole politique. Son crédit est dévasté, ruiné. Des ministres, cantonaux ou fédéral, osent encore arriver avec leurs "recettes", alors qu'ils ont été en place dix ans, ou plus. Des parlementaires sortants, à Berne depuis quatre ans, huit ans, douze ans, seize ans, ont encore le culot d'avancer leurs "pistes".
     
    Passe encore pour la gauche, qui n'a jamais été suivie sur ses scénarios de Caisse publique, ou unique. Mais le Centre ! A part se réveiller in extremis, à l'approche des élections, qu'a-t-il entrepris, toutes ces années, contre le lobbyisme éhonté des représentants des Caisses aux Chambres fédérales ? Quant au PLR, à force de noyer le poisson sous des termes techniques, ennuyeux à mourir, ou de faire la leçon sur les "coûts de la Santé", en quoi a-t-il résisté à la puissance démesurée des forces de profit ?
     
    La parole politique est ruinée. Celles des médias aussi, qui n'ont cherché noise à Alain Berset que sur d'insignifiants épisodes de sa vie privée, mais se sont bien gardés de l'attaquer sur l'essentiel : son échec, dans la LAMal.
     
    La parole publique est réduite en cendres, dans ce pays. La gestion libérale de la Santé publique est un échec inimaginable. Nous devons nous tourner vers d'autres modèles, où le sens de l'Etat, celui du bien public, de l'intérêt général, doit prévaloir sur la mise en bourse de nos vies terrestres.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Macron répond à l'ingérence du Pape. Et il a raison.

     
    Sur le vif - Mardi 26.09.23 - 09.15h
     
     
    On me soupçonnera difficilement de macronisme, mais désolé, le Président, dimanche soir, a eu les mots justes pour répondre à l'ingérence - et je pèse mes mots - du Pape dans la souveraineté nationale française.
     
    Les mots justes, pourquoi ? Parce que la gestion des flux migratoires vers la France appartient au pouvoir temporel de la France, tout simplement. Elle appartient à ce pouvoir, et à nul autre. Et celle de la Suisse appartient à la Suisse. Et celle de l'Italie appartient à l'Italie, etc.
     
    Et dimanche soir, face aux propos tellement généraux du chef d'Etat du Vatican en visite à Marseille (au fait, accueille-t-il, lui, son quota de migrants dans l'espace dont il est également chef temporel ?), le Président de la République française a rappelé - fort poliment - la primauté, dans son pays, de la République sur toute chose.
     
    En clair, donc en mots moins mouchetés que ceux de l'homme de l’Élysée, il n'appartient pas au Pape de dicter à la France, ni à une quelconque nation souveraine de la planète, sa politique, ni en matière de migrations, ni en aucun domaine.
     
    Au reste, le Jésuite de Buenos-Aires aurait pu prévoir cette réaction. La loi de Séparation, certes, ne date que de 1905, mais toute l'Histoire de France, déjà sous Philippe Le Bel, puis Louis XIV, est marquée par l'intransigeance du pouvoir temporel à défendre sa souveraineté. La France n'est ni Guelfe, ni Gibeline, elle est la France, tant sous les Rois que sous la République.
     
    Vous me direz que le Pape se bornait à énoncer un principe général. Non, non et non ! Il savait très bien ce qu'il faisait, à quel endroit il était, à quel public il s'adressait, quelle résonance populiste, et au fond tellement facile, aurait sa petite leçon morale dans le monde entier. Le Pape parle urbi et orbi.
     
    Oui, nous avons affaire à un Pape cajoleur de l'opinion, soucieux de son image humaniste. C'est son affaire. Celle de Macron, c'est de traiter, avec les mains périssables d'un pouvoir temporel, le dossier immense et fondamental de l'immigration en France. Il commence à en prendre la mesure. Il fera ce qu'il pourra, puisse-t-il consulter le peuple français. Mais le patron, c'est lui, Pas le Pape.
     
     
    Pascal Décaillet