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Sur le vif - Page 620

  • Italie : la faute présidentielle

     

    Sur le vif - Lundi 28.05.18 - 07.06h

     

    En Italie, le veto du Président de la République à la présence aux Finances de Paolo Savona, jugé germanophobe et hostile à l'euro, montre à quel point ce pays est inféodé à l'Allemagne sur les questions financières et monétaires.

     

    Ce veto donne le signal qu'il existe, aux yeux du Président, des considérations extérieures au respect de la volonté populaire italienne, clairement exprimée lors des dernières élections. Singulière conception de la souveraineté nationale, surtout chez celui qui devrait en être le garant.

     

    Ce veto va contribuer à faire monter encore le réflexe "anti-système", aujourd'hui majoritaire dans le pays.

     

    La gentille Italie de l'après-guerre, élève modèle de la construction européenne, berceau du Traité de Rome de 1957, c'est fini. Revoilà l'Italie, dans la fierté réinventée de son affirmation nationale. Une Italie souveraine, c'est cela le message du peuple, aux dernières législatives.

     

    Monsieur le Président, vous venez de commettre une erreur majeure. Peut-être même une faute politique.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Mort d'un génie

     

    Sur le vif - Dimanche 27.05.18 - 09.35h

     

    Pierre Bellemare, une très grande voix de la radio. Il avait la tessiture. Il avait le rythme. Il avait les silences. Il avait les ruptures de tempo, pour briser la monotonie. Il parlait droit devant lui, penché en avant, plongé dans le cœur vivant du micro. Il parlait, on l'écoutait. Il parlait, on le comprenait. Il parlait, il nous atteignait. Par sa voix, par le seul miracle des syllabes, il racontait, évoquait, restituait. C'est cela, un homme de radio. C'était cela, Pierre Bellemare.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Pensée et prière pour le Proche-Orient

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    Sur le vif - Mardi 15.05.18 - 16.29h

     

    Je suis un ami du Proche-Orient, où je me suis rendu à de nombreuses reprises, je reconnais à chaque peuple aujourd’hui sur place le droit à l’existence, le droit à un Etat. Je reconnais cela à Israël, et me souviens de la grande émission spéciale que nous étions allés faire, en direct de Jérusalem, il y a juste vingt ans, mai 1998, pour les cinquante ans de ce pays. Mais tout autant, avec la même ferveur, je revendique depuis toujours, pour les Palestiniens, le droit à un Etat. Un Etat, et non une « Autorité » administrative, avec des check-points à tous les coins de rue. Je me souviens des funérailles de Yasser Arafat, novembre 2004, d’où j’avais présenté un Forum spécial, en direct de Ramallah, au milieu d’une foule immense.

     

    La première réaction, après le massacre d’hier à Gaza, est évidemment celle de la colère. J’ai immédiatement pensé à Sétif, 8 mai 1945, prélude (neuf ans avant) à qui allait devenir, dès le 1er novembre 1954, la Guerre d’Algérie. J’ai pensé à Sétif, parce que là aussi, Jour de la Victoire contre les nazis, cela aurait dû être un jour de fête, et cela tourna en abominable boucherie. Lorsqu’une fête est ensanglantée, alors surgit quelque chose, de l’ordre de la tragédie grecque, comme une rupture avec l’ordre sacré, une source de malédictions futures, à jamais recommencées. C’est dans Eschyle, Sophocle, Euripide. C’est aussi dans la Bible.

     

    L’immense erreur serait de réduire le massacre de Gaza, hier, à un affrontement entre Juifs et Musulmans. Parce que la question nationale palestinienne, c’est un fait depuis 1948, relancé depuis juin 1967, ne peut en aucun cas se résumer à sa seule dimension de conflit confessionnel. D’ailleurs, il y a des Palestiniens chrétiens. Et il y a des Juifs, citoyens israéliens ou de la Diaspora, qui désapprouvent les aspects coloniaux de la politique israélienne. Non, nous ne sommes pas là dans une guerre de religion, mais dans un affrontement d’ordre national. Tant que la Palestine ne disposera d’un Etat à elle, souverain, l’acuité de cette question demeurera.

     

    Le 6 décembre 2017, j’ai publié, ici même, un texte intitulé « Ne faites pas cela, M. Trump ! ». Il était très clair que le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem allait mettre le feu aux poudres. C’est fait, au-delà des pires inquiétudes que l’on pouvait nourrir. Jérusalem, ville « trois fois sainte », où tous doivent avoir leur place, les Juifs, les Musulmans, les Chrétiens, et puis aussi tous les autres, appartient, de toutes les lumières éblouissantes de son passé, au patrimoine de l’humanité, elle est Géorgienne, Syriaque, Arménienne, elle est de toujours et de partout, cela M. Trump n’a pas voulu le comprendre.

     

    Pour l’heure, pensée et prière. Pour les Palestiniens tombés hier à Gaza. Pour les citoyennes et citoyens d’Israël qui veulent la paix des cœurs et celle des âmes. Pour tous ceux, d’une religion ou d’aucune, pour qui l’incomparable lumière du Proche-Orient veut dire quelque chose. Pensée et prière, oui, pout tous ceux de là-bas.

     

    Pascal Décaillet