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Sur le vif - Page 489

  • Seuls, les Verts ne peuvent rien !

     

    Sur le vif - Samedi 26.10.19 - 15.55h

     

    Que nous soyons, dans les quatre ans qui viennent, écrasés de taxes idéologiques, ou non, ne dépend absolument pas des seuls Verts. Aux élections de dimanche dernier, ils ont certes progressé. Mais 28 sièges sur 200, à ma connaissance, ne représentent pas une majorité.

    Donc, notre avenir fiscal, enfer ou non, dépend de qui ? Non des Verts, dont on connaît la chanson. Mais des autres partis du Parlement fédéral, principalement le PLR et le PDC.

    On peut imaginer que l'UDC ne les votera pas, ces taxes. Et puis, on peut supputer que le reste de la gauche, le PS notamment, les votera. Les Verts libéraux, ça dépendra. Bref, le PLR et le PDC, la bonne vieille droite classique, traditionnelle, bien sage et bien présentable, la droite des notables convenables, en costumes et cravates, aura à jouer beaucoup plus qu'un rôle d'arbitre : elle portera la responsabilité des votes.

    Sans ces partis, les Verts, au Parlement, ne sont rien. Sans eux, les taxes sont mortes. Seulement voilà, ces deux partis sont rongés, notamment le PLR, par l'idée de mimer à tout prix le climatisme ambiant. J'ai maintes fois souligné ici, pendant la campagne, à quel point ce petit jeu était perdant, l'électeur préférant l'original à la copie.

    Mais ils sont tombés dans le panneau : plus Verts que les Verts, plus climatiques que le plus apocalyptique des prophètes, ils ont passé leur temps à brasser les thèmes de leurs adversaires, au lieu de traiter en priorité les leurs.

    S'ils continuent, pendant quatre ans, à se laisser tétaniser par ce qui n'aura été que la mode d'un moment, au lieu de se concentrer sur les fondamentaux de leurs propres idéologies politiques, alors non seulement nous aurons les taxes. Mais eux, partis qui ont fait la Suisse, se perdront eux-mêmes. Est-ce là leur dessein ? La balle est dans leur camp.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Thuringe : l'Apocalypse, ils connaissent !

     

    Sur le vif - Samedi 26.10.19 - 07.26h

     

    Dans le Land de Thuringe, ex-DDR, que j'ai la chance de bien connaître, les élections de demain pourraient bien engendrer, elles aussi, une vague, ou une déferlante.

    Et cette vague, si elle advient, ne sera pas celle de bobos urbains qui veulent asperger le peuple de taxes. Parce que l'Apocalypse, en Thuringe, ils ont déjà donné, il y a 74 ans. Et puis, il y a 30 ans, le miracle de la Réunification, ils n'en ont strictement rien vu, à part quelques spéculateurs, qui en ont profité en collaborant avec l'Ouest conquérant. Eux se sont enrichis, mais pas le peuple.

    Au pays de Luther et de Jean-Sébastien Bach, ce sommet de culture et de civilisation au centre de l'Europe, des catégories entières de la population, immenses, n'ont plus ni avenir ni espoir. Le libéralisme triomphant, importé d'un coup de l'Ouest, leur a tout pris. Même leur passé. Même leur mémoire.

    Pour ces gens-là, en Thuringe, en Saxe, en Prusse, Mme Merkel, pourtant native de la DDR, n'a strictement rien fait. En accordant une massive priorité, à l'automne 2015, à une altérité, extérieure à la Communauté germanique, elle a commis une erreur majeure. Elle a sacrifié la cohésion sociale allemande, si importante depuis Bismarck, sur l'autel de son prestige international, à elle. Bref, elle a fait du Stresemann.

    Gustav Stresemann, l'une des figures majeures de la République de Weimar (1919-1933), c'est le brillant ministre qui voulait plaire a la France, plaire à la SDN, plaire au monde, quand les populations allemandes étouffaient sous le poids des Réparations de Guerre, imposées par l'odieux Traité de Versailles (1919). Et quand la France occupait la Rhénanie. Dans l'âme meurtrie des Allemands, la colère fulminait, Stresemann ne voulait pas la voir. Il avait voulu jouer l'image extérieure, contre la Gemeinschaft.

    En Thuringe, pays de la Wartburg, coeur vibrant de l'identité historique, littéraire et musicale des Allemagnes, fin octobre 2019, ce ne sont pas les prophètes d'Apocalypse qui ont la cote. Mais ceux qui défendent la priorité indigène à l'emploi, le retour à un Etat social, fierté des Allemagnes depuis Bismarck, le primat de la communauté allemande, la Gemeinschaft, sur le cosmopolitisme.

    Les enjeux de l'élection de demain, dans le Land de Thuringe, sont autrement signifiants, pour l'avenir de l'Europe, que la vague de mode, en Suisse, dimanche dernier.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Ils se feront vite détester !

     

    Sur le vif - Vendredi 25.10.19 - 18.40h

     

    Une vague politique n'est jamais que l'effet lunaire d'un moment de grâce. Elle déboule, déferle, et puis un jour vient le reflux. De la vague poujadiste de 1956, en France, à la vague socialiste de 1981, ou la vague bleu horizon de 1919, ou celle de juin 1968, cette loi mécanique de la politique se vérifie, toujours.

    La vague Verte est là, c'est vrai. Encore faut-il relativiser : l'UDC demeure, de très loin, le premier parti du pays. Et seuls, les Verts ne pourront pas faire grand-chose.

    Mais enfin, ils sont là. Si la législature 2019-2023 consiste, pour eux, à se comporter comme des ayatollahs, imposer à tous leur vision d'Apocalypse, faire la morale au pays tout entier, négliger le social au profit du sociétââââl, taxer tous azimuts, punir, menacer, alors le reflux surgira beaucoup plus vite que prévu. Et les mêmes, envoyés à Berne cet automne suite à une campagne d'enfer, seront les premiers à se faire détester dans l'ensemble du pays. De leur stratégie 2019, on ne verra plus que la ficelle. De leurs discours, on ne déduira plus que l'aubaine d'avoir été les prophètes de la peur.

    La vague aura passé. La politique suisse demeurera. Avec ses fondamentaux : nécessité de cohésion sociale, respect entre parties du pays, besoin absolu de justice fiscale, souci des plus démunis. Cela s'appelle le social. C'est peut-être, ces jours, moins vendeur que le climat. Mais ce sont les valeurs auxquelles moi, je crois dur comme fer. Et je n'ai aucune intention, sous prétexte d'une marée de mode, d'en changer.

     

    Pascal Décaillet