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Sur le vif - Page 432

  • La liberté leur fait peur ?

     

    Publié sur mon site FB - Samedi 01.02.20 - 09.57h

     

    L'essentiel n'est pas la survie des mammouths médiatiques. Ni des structures corporatistes. L'essentiel, c'est la capacité, pour chaque citoyenne, chaque citoyen, de rendre publique sa part de vérité. Sa lecture. Son interprétation. Et surtout, sa sensibilité.

    Il n'y a aucune raison qu'une quelconque caste - celle des journalistes, par exemple - s'accapare le monopole de cette capacité d'expression.

    En cela, le réseau social, comme celui sur lequel nous sommes ici (toi aussi, puisque tu me lis), est en soi une invention absolument géniale. Chacun d'entre nous est libre. Soit d'y raconter des fadaises. Soit d'y produire des textes d'intérêt public.

    Chacun de nous, face à sa liberté, sa responsabilité individuelles.

    Chacun d'entre nous, face à sa solitude.

    Chacun de nous choisit le thème. Produit son texte. Le corrige, l'améliore. L'édite. En assume la responsabilité.

    Cette incroyable liberté - doublée d'une implacable responsabilité - irrite au plus haut point les médias organisés.

    La liberté leur fait-elle peur ?

    Ils passent leur temps à démolir les réseaux sociaux. Ne prenant pour exemple que ce qu'il y a de pire (vie privée, bavardage, fausses nouvelles, etc.). Ignorant volontairement le meilleur : richesse et pluralité des témoignages humains, construction collective d'un savoir, émergence, chez de parfaits inconnus, de plumes et de sensibilités insoupçonnées, autodidactes de génie.

    Et surtout, ce sentiment de liberté, d'air frais, en un mot d'humanité, qui fait tant défaut à l'écrasante majorité des rédactions organisées. Écrasées de pesanteur, de hiérarchies. Incroyables d'arrogance, quand elles nous définissent elles-mêmes leurs "missions", totalement autoproclamées, dont nul ne leur a jamais donné mandat.

    Oui, ils ont peur. Peur de la mort. Peur de ce qui émerge. Peur de la naissance. Peur que puisse exister, après eux, une autre forme de vie.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Brexit : comprendre, plutôt que gémir !

     

    Sur le vif - Vendredi 31.01.20 - 13.52h

     

    C'est méconnaître l'Histoire européenne que de pleurnicher sur le Brexit. Ou, pire encore : nous définir comme une affaire morale la question de l'appartenance, ou non, du Royaume-Uni à l'Union européenne.

    Il n'y a rien de moral. L'Angleterre (pour faire court), c'est près de deux mille ans d'Histoire depuis la conquête romaine. Ou encore, un millénaire depuis Hastings (1066). C'est une très grande nation, un très grand peuple, une très grande Histoire. Jamais plus grands que lorsqu'ils furent, lors de la Bataille de Londres (septembre 1940), menacés d'invasion.

    Mais l'Angleterre, ça n'est pas exactement l'Europe. Ca l'est, et ça ne l'est pas. Plutôt que geindre sur le Brexit, regardons l'Histoire. La grande aventure européenne de l'après-guerre, d'où surgit-elle ? Réponse : des décombres ! L'Allemagne, pays fondateur, est détruite en 1945. L'Italie, pays fondateur, est vaincue, humiliée, partiellement détruite en 1945. La France, pays fondateur, a quasiment cessé d'exister en mai-juin 40, elle a perdu la guerre, c'est la plus grande défaite de toute son Histoire, elle s'accroche certes aux trois grands vainqueurs en 1945, mais personne n'est dupe.

    En 1945, l'Allemagne est détruite. De grandes villes industrielles italiennes le sont. La Normandie, une partie du Nord de la France, est détruite, non par les Allemands, mais pas ses propres libérateurs. Au milieu de ce chaos, après la faim (pire que pendant la guerre), les privations, la froidure des hivers dans les années 45-49, de grands esprits prennent l'initiative de mettre en commun le charbon et l'acier. En clair, se servir à vil prix du charbon allemand : Vae Victis ! L'embryon, bien avant le Traité de Rome (1957), de la Communauté européenne, est bel et bien une affaire CONTINENTALE, dans laquelle le Royaume-Uni ne tient aucune place.

    Il n'en tiendra pas plus en 1957, ni pendant les années soixante. Il verra monter, non sans quelque inquiétude, l'amitié franco-allemande, suite au remarquable chemin de Réconciliation de deux grands hommes, Charles de Gaulle et Konrad Adenauer. Alors, au final, sur deux millénaires d'une très grande Histoire, l'Angleterre n'aura eu un pied institutionnel dans l'Europe continentale que pendant 48 ans : de 1972 jusqu'au 2020. Que représente un demi-siècle, sur deux millénaires ?

    La vraie lecture de toute l'affaire britannique n'a rien de moral. Comme je l'ai montré ici précédemment, il convient de décrypter le jeu à trois, en tout cas depuis la Guerre de Sept Ans (1756-1763), que se livrent les trois grandes puissances européennes : la France, l'Allemagne, l'Angleterre. Toujours deux, contre le troisième ! Le grand enjeu, et à vrai dire le seul grand succès de l'aventure européenne de l'après-guerre, c'est la Réconciliation franco-allemande. Malgré les hauts et les bas, elle est scellée pour un bout de temps. L'Angleterre, de son balcon maritime, n'y peut rien changer. Une partie de son âme est tournée vers le continent européen, l'autre vers le Grand Large.

    Plutôt que de gémir, prenons acte. L'Angleterre, grande nation, survivra largement à l'épisode européen. Et son départ - qui en préfigure d'autres - peut être lu comme un heureux signal : celui du recentrage de la construction européenne sur la clef de voûte des pays fondateurs. C'est plus modeste que d'aller jusqu'à la Lituanie. Mais c'est historiquement plus juste, politiquement plus réaliste. Et puis, tout de même : la Réconciliation franco-allemande, ça n'est pas rien !

     

    Pascal Décaillet

     

     
     
  • Les bannières de la liberté

     

    Sur le vif - Jeudi 30.01.20 - 13.27h

     

    Eh oui, c'est comme ça : je soutiens Trump quant à sa politique économique intérieure, son protectionnisme, son refus du multilatéral, sa volonté de contrôler les flux migratoires. Et en même temps, j'affirme - depuis toujours - que sa politique au Proche-Orient est une absolue catastrophe.

    Otage électoral d'un clan dans son pays, le Président ne comprend rien, ne veut rien comprendre, à la complexité du monde arabo-persique. Soutien aveugle non seulement à Israël, mais à ceux qui, à l'intérieur du jeu politique (complexe, également) israélien, veulent la colonisation la plus extrême des territoires palestiniens.

    Alors, les gens me disent : "Mais quoi, au final, tu es pour ou contre Trump ?". Je leur réponds qu'à bien des égards, je suis pour, ma position n'ayant pas changé depuis la campagne électorale de 2016. Mais qu'à d'autres égards, principalement sa méconnaissance crasse du monde arabe et son soutien aux faucons israéliens, je suis résolument contre.

    Voyez-vous, je suis un homme libre. Je me suis battu pour cela, croyez-moi, comme peu d'autres, dans l'univers éditorial de Suisse romande. Il m'a fallu des années, des décennies de combat, à l'intérieur même de ma profession, puis en accédant il y a quatorze ans à mon statut d'entrepreneur indépendant, pour bénéficier de cette liberté. Je n'appartiens à aucun parti, aucun clan, aucune faction. Je ne suis l'homme de personne. Je suis un homme seul.

    Alors oui, il y a le Trump que j'apprécie, et celui que je combats. Il y a Macron, dont je dénonce depuis 2017 les liens avec la grande finance internationale, les options libérales, européennes, etc. Mais dont je reconnais la classe lorsque, par exemple, il s'exprime devant Notre-Dame en feu. Soudain, le temps d'une émotion mystique, chez cet orléaniste, des accents de Péguy, celui des Cahiers de la Quinzaine.

    Il y a notre totale liberté à tous (sauf à faire allégeance, nul n'y est tenu) à produire un discours de soutien, d'opposition, ou, un peu plus subtil quand même, une analyse différenciée en fonction des sujets.

    J'encourage chacun d'entre nous à nous livrer sa pensée. Et à lutter, avec la dernière énergie, contre les étiquettes et les catégories : "Celui-là est de gauche, de droite, pro-Trump, anti-Macron", etc. Nous n'avons, nous, les citoyennes et citoyens libres de ce pays, aucune bannière particulière à défendre, si ce n'est celles de notre indépendance, de notre refus des classifications, et de notre liberté. Ne sont-elles pas les plus belles ?

     

    Pascal Décaillet