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Sur le vif - Page 436

  • Sois libre, bordel !

     

    Sur le vif - Lundi 20.01.20 - 16.16h

     

    Beaucoup trop de "collectifs", de comités, d'associations ! Avec leurs hiérarchies internes, leurs gourous, leurs suiveurs, leurs moutons, leurs pleureuses, leurs hystériques.

    D'où vient-il, ce besoin de s'agglutiner ?

    Il nous faut des hommes et des femmes individuellement responsables ! Ciselés dans leur solitude. Sales tronches. Têtes de lard. Mais assumant leurs valeurs, chacun pour soi, sans se croire obligé de se référer à une appartenance grégaire : "Je dois voir avec le collectif, vous comprenez, nous décidons ensemble".

    Et pendant qu'ils "décident ensemble", la responsabilité individuelle, celle des Humanistes, des Réformateurs, des âmes libres, elle est passée où ? Au vestiaire ? Dégoulinante, comme un parapluie, tout humide encore de la rosée du matin ?

    Laissons chaque humain parler librement, individuellement, pour soi. Moins de "collectifs", davantage d'âmes errantes ! Que ta parole soit tienne, et aussi la noirceur d'ébène de ta colère. Et aussi, ta joie, ta fureur, ta lecture, ton éclairage, tes personnages, tes décors.

    Et avant tout, ton verbe. Le tien, ton style à toi. Et pas celui de ton voisin. Et pas celui, par pitié, de ton gourou.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • D'un trait. Sans points, ni paragraphes.

     

    Jeudi 23.07.15 - 23.15h

     

    Je macère à mort, comme un possédé, dans l'Histoire allemande. En vrac et sans prétention exhaustive, j'ai encore envie de vous raconter l'émancipation des Juifs d'Allemagne par Moses Mendelssohn (18ème siècle), la publication de Cassandra par Christa Wolf en 1983, la traduction d'Antigone par Hölderlin, la reprise d'Antigone par Brecht, le passage de la Meuse en Mai 1940, la première Diète de Francfort en 1848, la première du Deutsches Requiem de Brahms, la traduction de la Bible par Luther, la grande exposition (j'y étais) pour le 500ème de Dürer à Nuremberg en 1971, le suicide de Kleist et d'Henriette à Wannsee en 1811, le travail théâtral de Heiner Müller dans le Berlin de l'après-Brecht, le suicide de Paul Celan à Paris en avril 1970, les dernières décennies de Friedrich Hölderlin dans sa tour, le cimetière militaire allemand que nous avons visité, en famille, en Italie du Nord, en 2001, la Première de Lohengrin, Wagner, tout Wagner, rien que Wagner et encore Wagner, le rapport de Thomas Mann avec sa ville de Lübeck, ma rencontre avec Genscher (j'ai la photo et les autographes) à 14 ans, en 1972, sur un mirador du Mur de Fer, mon incroyable rencontre avec Helmut Schmidt dans son bureau de Hambourg en avril 1999, le destin de l'Allemand de Pologne chez qui j'ai vécu en 1972, la publication de la Montagne magique, de Thomas Mann, la redécouverte de Bach par Felix Mendelssohn, la guerre héroïque des sous-mariniers, la Bataille du Jutland, l'Exode des Allemands, par millions, vers l'Ouest, en 1945 (cf Günter Grass), les années et les rencontres de ma mère dans l'Allemagne de 1937 à 1939, le destin de feu mon ami August von Kageneck, officier de panzers dans la campagne de Russie, fils d'un aide de camp du Kaiser, la Rose Blanche, la Rote Kapelle, Heinrich Mann, Klaus Mann, Erika Mann, les musées coloniaux de Hambourg et de Brême, le concert de Bruckner, par le Wiener Symphoniker, auquel j'ai assisté en juillet 1973, dans la Basilique d'Ottobeuren, sous la mythique direction d'Eugen Jochum, la classe d'allemand à qui j'ai fait visiter le camp de Dachau en 1983, la représentation de Götz von Berlichingen qui m'avait bouleversé à Nuremberg en 1971, ma nuit à Brême, dans un garage, en 1972, avec des anciens combattants de la Campagne de France (mai-juin 1940), mon séjour à Weimar avec mon excellent confrère Pierre-Alexandre Joye en juillet 1999, notre visite du camp de Buchenwald, mes premiers contacts avec la DDR, ma découverte d'Hildesheim et Wolfenbüttel lors du voyage d'études de l'Uni au printemps 1978, ma couverture des manifestations syndicales à Berlin au début des années 2000, mon émission spéciale en direct de Francfort sur l'Oder en septembre 1998, juste sur la frontière polonaise, ma visite admirative des usines VW à Wolfsburg en 1972, ma baignade de minuit dans le Mittellandkanal avec des anciens combattants du front de l'Est, le Kreis de Stefan George, les premières assurances sociales sous Bismarck, mon premier séjour familial en Allemagne en 1968, ma visite d'un U-Boot avec mon père, les films de Fassbinder découverts avec passion chez Rui Nogueira au début des années 80, la vie et l’œuvre d'Ernst von Salomon, les corps-francs issus de la défaite de 1918, la Révolution du 9 novembre 1918, les Spartakistes, Rosa Luxemburg, le "Novembre 1918" de Döblin, Berlin Alexanderplatz, toute l'oeuvre de Richard Strauss, sa relation avec son librettiste Hugo von Hoffmannstahl, les oratorios de Haendel, la révolution musicologique de Bach, l'helléniste Wilamowitz, et je ne vous livre pas, ici, le dixième de mes passions.

     

     

    Et je ne vous dis rien de l'essentiel.

     

    Juste l'écume.

     

     

    Pascal Décaillet

  • S'abandonner dans la parole de l'autre

     

    Sur le vif - Samedi 18.01.20 - 17.03h

     

    La question majeure est celle du verbe. Le moteur de toute phrase. Celui qu'on produit, celui qu'on choisit, celui qui surgit, celui qu'on échange.

    Juste la musique des mots, celle qui révèle. Le contour des syllabes, précises, ciselées. Pauses, soupirs, silences : l'humain qui parle n'est pas un torrent continu, il suspend, s'arrête, reprend. Il émet du son, mais aussi du silence. C'est l'enchaînement de ces pleins et de ces vides qui constitue le discours.

    La parole échangée, d'un humain à l'autre, nous comblera non seulement par la pertinence, la puissance du verbe de l'un et de l'autre, mais - infiniment plus - par la construction à deux d'un discours commun. L'improvisation le permet. A deux conditions : d'abord, une parfaite maîtrise du contenu par l'un et par l'autre ; ensuite, la totalité d'une confiance, qui permettra au silence momentané de l'un de s'abandonner dans la parole de l'autre.

    On est loin du dialogue de commissariat, de la méfiance des "enquêteurs", de la dérobade des margoulins. On est - ou on tente d'être - dans la confiance partagée, le désir de vérité, la passion du verbe. C'est aussi simple que cela.

     

    Pascal Décaillet