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Sur le vif - Page 425

  • Ecrire, c'est signer

     

    Sur le vif - Mardi 28.01.20 - 15.39h

     

    Écriture en "résidence", textes à plusieurs mains, signatures collectives, je ne crois à rien de tout cela.

    On parle là de l'écriture comme d'un laboratoire, avec des formules qui pourraient s'apprendre. Stages de cuisine provençale, dans un Mas, face à la mer ! Le lieu, qu'on appelle "résidence", aurait son importance. La compagnie, aussi. Je n'en crois rien.

    Je ne connais rien de plus individuel que l'acte d'écrire. La seule "résidence" qui vaille, c'est la totalité d'une solitude face au verbe. Donc, n'importe où fera l'affaire. De Sade à Céline, que de chefs d’œuvre écrits au fond d'une cellule !

    Quant à l'imposture des textes à plusieurs mains ! Qui, au final, tient la plume ? Qui endosse la responsabilité ? Qui insuffle son style, ou tout au moins sa patte ? Qui assume le lien de filiation entre l'auteur et la suite de mots qui déjà, comme une fugue, s'envole et lui échappe ?

    J'attends de l'école qu'elle réhabilite, dès l'aube de l'enfance, la notion d'auteur. Tu écris bien, tu écris mal, tu aimes écrire, tu détestes (c'est souvent très proche), tu comptes, tu racontes, tu définis, tu décris, tu argumentes : à chacun, ses affinités. Mais au final, tu signes. Avec ton nom et ton prénom. C'est ton texte. Tu l'assumes.

    Dans ce domaine-là, le collectif est une imposture. Seule la plus glacée des solitudes t'aidera - peut-être - à exister.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Mahmoud Abbas dit NON. Et il a raison.

     

    Sur le vif - Lundi 27.01.20 - 15.56h

     

    Le Président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, refuse de discuter avec Donald Trump du "plan de paix américain" pour le Moyen-Orient.

    Comment lui donner tort ? Depuis qu'il est aux affaires (où nous reconnaissons ici sa réussite en économie intérieure), le Président américain multiplie, pour se garder un socle électoral en novembre 2020, les provocations contre la dignité palestinienne la plus élémentaire.

    Il soutient inconditionnellement la politique coloniale de Netanyahou. Il inscrit dans son "plan de paix" la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël. Comment voulez-vous que le patron de l'Autorité palestinienne puisse avaliser un tel document ?

    Le peuple palestinien vit certaines de ses heures les plus difficiles depuis 1948. Israël tente de légitimer les annexions, la Maison Blanche suit systématiquement. La Cisjordanie, Jérusalem-Est, Gaza n'ont ni indépendance, ni dignité. On joue la montre, on atermoie, on fragmente les causes, on continue d'installer des colons, on fait reculer la langue arabe en territoire israélien. On isole, à Gaza, plus d'un million de personnes qui vivent dans des conditions inimaginables. Et il faudrait que le chef investi de ce qui reste de pouvoir palestinien, ce Jean Sans Terre, même pas le pouvoir d'un de Gaulle à Londres, se commette à aller parlementer avec un Président américain qui, sans la moindre ambiguïté, a fait son choix devant l'Histoire !

    Mahmoud Abbas a raison de dire non. Ce mot "non", dans toute sa raideur, toute son intransigeance, c'est la seule manière, aujourd'hui, en ce temps d'immense difficulté pour son peuple, d'affirmer sa dignité. Et la grandeur de sa cause.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Suzette face à la Communauté du Bien

     

    Sur le vif - Dimanche 26.01.20 - 14.21h

     

    L'excellente Suzette Sandoz, dont je ne partage pas les options libérales, mais dont j'admire le combat pour la liberté de pensée, commet dans le Temps un blog jugé déplaisant par les Clercs du Climat.

    Du coup, la Congrégation pour la doctrine de la foi publie un contre-texte, où elle rappelle le dogme. Ce qui est licite, ce qui ne l'est pas. Ce qu'on peut dire, ce qu'il faut taire. Courageuse, la Cléricature multiplie les signatures. A plusieurs, on se couvre, on se protège, sous une même pourpre, cardinalice.

    Mieux : le Temps use de précautions pour se justifier d'avoir donné la parole à l'hérétique. Il coiffe le propos d'un apparat critique, de type "Attention, ce film est déconseillé aux moins de 18 ans".

    L'affaire du climat est loin d'être la seule, dans le choc des idées en Suisse romande, où règne la censure. Il en est d'autres, de plus en plus nombreuses.

    Face à une telle pesanteur, la seule réponse, pour chacun d'entre nous individuellement responsable de ses prises de position, est de s'exprimer. En tentant de préciser au mieux les contours de sa pensée. En disant ce qu'il a à dire. Parfois, cela épousera la doxa ambiante. Parfois, non. Dans ce second cas, évidemment plus difficile à vivre face aux chasses aux sorcières, il ne faudra justement renoncer en aucun cas à dire ce qu'on a sur le coeur.

    La République appartient à tous. Le combat des idées, aussi. Il n'appartient pas à la Communauté du Bien, ni à celle des Experts, ni à celle des "Scientifiques", de déterminer ce qu'on a le droit de dire, et ce qu'il faudrait taire.

     

    Pascal Décaillet