Sur le vif - Dimanche 01.03.20 - 14.06h
La démocratie chrétienne jurassienne est historiquement, philosophiquement, culturellement, l'un des piliers de la démocratie chrétienne suisse. Autant qu'en Valais, autant qu'à Fribourg. Elle a joué, dans le dernier siècle, un rôle fondamental dans la genèse du futur canton, sa construction identitaire, son affirmation dans l'ordre de l'existence, de l'indépendance. Lisez les grands penseurs de l'entre-deux-guerres, lisez les Helvétistes, lisez Gonzague. Imprégnez-vous des racines intellectuelles et morales du mouvement jurassien d'affranchissement.
Le revers qu'elle subit aujourd'hui marque une étape, dans la politique en Suisse romande. Non que les héritiers suisses du Zentrum bismarckien, ou de la Doctrine sociale de 1891, soient en voie de disparition. Mais de régression, oui. Car perdre, n'est rien. Ni même mourir, si c'est pour renaître, en quelque Pâque de folie et d'espérance. Mais ne plus être, là où l'on fut beaucoup... Subir le désaveu, sur la scène même où l'on porta naguère le sens. Voir s'éclipser la bannière, là où jadis elle fut imprégnée de la plus brûlante des lumières.
Dans d'autres cantons de Suisse romande, pour ne porter son regard que sur l'aile latine des épigones de Léon XIII, un frisson, ce dimanche 1er mars 2020, peut électriser les épidermes. Non celui de la mort. Mais celui du déclin.
Pascal Décaillet