Sur le vif - Mardi 13.02.24 - 10.44h
Ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin vient de se rendre à Mayotte. Dans un climat quasi-insurrectionnel, désespéré, à cause d'une immigration massive, non-contrôlée, le ministre, à des milliers de kilomètres de la Métropole, dans cet archipel perdu entre Madagascar et la côte africaine, lâche une bombe : il annonce la fin du droit du sol, sur le territoire de Mayotte.
Mayotte, c'est loin, mais c'est la France. Pour la première fois, sur une question aussi profondément liée à l'identité française, est évoquée l'idée d'un statut spécial pour un membre de plein droit d'une République réputée indivisible depuis la Révolution. Même le Décret Crémieux d'octobre 1871, applicable sur les Départements d'Algérie française, n'atteint pas ce degré de partition. Les constitutionnalistes auront peut-être, le jour venu, à se prononcer sur cette entorse à l'indivisible, mais la question essentielle n'est pas là.
L'essentiel, c'est la bombe politique. Au bout du monde, un message est donné. Pour Mayotte, et sa situation terriblement difficile. Mais avant tout, pour la Métropole. Aujourd’hui Mayotte, demain la France. Le ministre, et avec lui Emmanuel Macron, sentent que le pays est mûr pour la révision historique de l'un des fondements séculaires de la politique migratoire française. C'est cela, la grande leçon de Mayotte.
Le ministre a parlé aux Français de Mayotte. Et il a parlé à toute la France. Élu en 2017 contre Marine Le Pen, réélu en 2022 contre la même adversaire, Emmanuel Macron n'a cessé de repousser l'examen de la question migratoire. D'un discours au début libéral, il a certes évolué, mais aujourd'hui, il a fallu attendre Mayotte, février 2024, pour le grand tournant. Le Président a enfin compris que l'immense majorité des Français voulaient un frein à l'immigration. Reprendre le contrôle. Décider, non subir. Alors, il s'adapte. Ce qu'il dit maintenant (ou fait dire par son ministre), la candidate du RN le disait déjà en 2017, en 2022.
Partout en Europe, les peuples veulent contrôler l'immigration, nation par nation et surtout pas "à l'échelle européenne". Nation par nation, peuple par peuple, souveraineté par souveraineté. Macron a fini par le comprendre. Il aura mis du temps.
Pascal Décaillet