Sur le vif - Mardi 05.03.24 - 10.27h
La Suisse est aujourd'hui partagée en deux camps. Ceux qui veulent l'Etat, ceux qui n'en veulent pas.
Dans ceux qui veulent l'Etat, il y a les socialistes, les radicaux, et une partie trop silencieuse de l'UDC.
De l'autre côté, il y a les libéraux (la fracture traverse donc, comme un Mur de fer, le PLR), les ineffables associatifs Verts, les approximatifs, trop de centristes, dans la tiédeur flasque du Marais. Ce sont souvent des gens de valeur, des citoyens soucieux du bien public, mais le legs de la Révolution française, avec sa tradition républicaine, le souci de précision géométrique de la loi, ne les habite pas trop. A eux s'ajoutent, bien sûr, les ultra-libéraux de l'UDC tendance Zurich, qui combattent frontalement, à l’américaine, la notion même d'Etat.
Pour ma part, je suis un homme de droite. Patriote. Amoureux du pays, de son Histoire, de sa démocratie directe, de sa cohésion sociale, patiemment construite depuis 1848. Je suis un admirateur des radicaux historiques, ceux de l'économie comme ceux des institutions. Je suis foncièrement souverainiste, et n'accepte aucune instance supérieure à celles de la nation pour décider du destin de la Suisse. Toute cette conception, qui est mienne depuis l'adolescence, se construit autour de la notion d'Etat. Oh, surtout pas tentaculaire, ni armada de fonctionnaires, mais l'Etat, au service du peuple.
La grande ligne de fracture du dimanche 3 mars 2024 est celle du rapport à l'Etat. En forçant le destin par le miracle de la démocratie directe, le peuple et les cantons ont commis un acte de solidarité remarquable, historique, avec les personnes âgées. Mais ils ont inscrit cet acte dans une tâche d'Etat : la Constitution maintenant modifiée, il appartient aux corps de l'Etat de mettre en oeuvre sans tarder l'impératif de solidarité nationale exigé par le souverain.
Il y a eu les années golden boys, haïssables. Nous voilà dans les années de retour de l'Etat. La Suisse y retrouvera son âme, sa cohésion interne, sa joie d'être ensemble, au coeur d'un continent européen que nous aimons.
Pascal Décaillet