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Sur le vif - Page 359

  • L'état sauvage

     

    Sur le vif - Mardi 01.09.20 - 13.59h

     

    Très grande violence dans les bistrots genevois : on s'étripe sur la Présidence tournante du Conseil d'Etat. Les coups et les insultes pleuvent. Le sang coule. Les muqueuses vacillent. On s'arrache les masques. On se jette au visage les reliques de Chasselas. Les portraits de François Longchamp sont extirpés des murs, on y replace ceux du Général Guisan. On s'assomme avec de vieux exemplaires du Contrat social. On vitupère. On se lacère. On injecte de sang des regards de fauves. Sujet passionnel, viscéral. Genève, martyrisée. Sulpicienne. Jouissante de souffrance. Genève, extatique.

     

    Pascal Décaillet

  • Aimer l'allemand, c'est prêter l'oreille

     

    Sur le vif - Mardi 01.09.20 - 08.06h

     

    Impossible de se figurer en profondeur l'Histoire de la Grèce, sans se pénétrer de l'Histoire de la langue grecque, dans toutes ses inflexions dialectales (dorien, ionien, attique, etc.).

    De même, impossible d'embrasser l'Histoire des Allemagnes sans s'immerger avec passion dans l'Histoire et la dialectologie de la langue allemande.

    L'Histoire allemande, c'est l'Histoire de la langue. Le Althochdeutsch, puis le Mittelhochdeutsch, puis l'allemand moderne à partir de Luther. Les innombrables dialectes. Les mots locaux. L'enfouissement de ces derniers au moment de l'Aufklärung, puis leur prodigieuse résurrection avec le Sturm und Drang (autour de 1770), puis avec le Romantisme et les Frères Grimm.

    Le rôle des mots dans la formation de l'idée nationale allemande, à partir des Discours de Fichte (1807). Des discours qui prennent d'ailleurs la langue - et le langage - comme thème.

    Luther est un inventeur de mots. Brecht est un inventeur de mots. Paul Celan est un inventeur de mots. Günter Grass est un inventeur de mots.

    Jamais la langue allemande n'a été figée par une Académie, un Richelieu. Toujours, le tissu linguistique a été malléable, évolutif, perçu comme tel par la pluralité germanique.

    L'Histoire allemande, c'est l'Histoire de la langue allemande.

    Et c'est aussi - j'y reviendrai largement - l'Histoire de l'évolution musicale allemande. Je ne pourrais concevoir une Histoire allemande sans une Histoire, en profondeur, du langage musical allemand.

    Aimer l'allemand, c'est prêter l'oreille.

     

    Pascal Décaillet

  • DDR : le grand livre à écrire

     

    Sur le vif - Lundi 31.08.20 - 16.22h

     

    A quand une grande Histoire de la DDR (1949-1989) ? Une Histoire sérieuse, documentée, fouillée, incluant non seulement la politique, mais l'économie, le social, les sciences, l'industrie, le rapport au spectacle, la littérature, la linguistique, la culture. Une Histoire évitant l'écueil de l'Ostalgie, mais tout autant, à l'opposé, celui du dénigrement systématique, sécrété dès 1949 par le camp capitaliste, à l'Ouest.

    Une Histoire vraie. Renseignée. Avec une foule de témoignages. Une Histoire littéraire, théâtrale, musicale, cinématographique. Une Histoire de la langue allemande, celle de Luther et des Frères Grimm, dans ces années-là. La langue de Brecht.

    Une Histoire où on parlerait des très grands écrivains de ce pays. De ses immenses dramaturges (avec, puis après Brecht ; je pense principalement à Heiner Müller).

    Et puis surtout, une Histoire de la Réunification (89-90), vue de la DDR et non vue de l'Ouest. Le mouvement des Eglises protestantes, dans les semaines précédant la chute du Mur. La réaction aux événements du 9 novembre 1989. L'angoisse, mêlée d'envie, oui toute l'ambiguïté des gens de l'Est, pendant ces mois où ils furent purement et simplement phagocytés par l'Ouest.

    Cela vaut bien un livre, non ? Un grand livre !

     

    Pascal Décaillet