Sur le vif - Vendredi 18.09.20 - 08.39h
L’État doit être fort, mais pas tentaculaire. Il doit être solide, vigoureux, ciblé dans ses tâches, férocement économe de l'argent qui lui a été confié par les contribuables.
A Genève, c'est tout le contraire. L’État est partout. Il se veut universel. Il prétend s'occuper de tout, y compris du bonheur des gens. Il est docte, moraliste, interventionniste. Il dépense sans compter, dilapide, a l'incroyable culot de créer de nouveaux postes (292) alors qu'il prévoit un déficit d'un demi-milliard au budget, qu'aucune rentrée fiscale solide n'est vraiment garantie, et que l'économie du canton traverse sa plus grande crise depuis la guerre.
Le Conseil d'Etat n'a pas fait son travail. Il reporte à demain, sous prétexte de retard dû au Covid, l'impérieux audit interne sur la redéfinition de ses missions. Entre nous, nul besoin d'audit, tout le monde connaît fort bien les secteurs hypertrophiés, par exemple dans les états-majors du DIP. Mais aussi ailleurs : trop de postes inutiles, juste là pour entretenir le fonctionnement interne, trop de contrôleurs. C'est là qu'il faut agir, tout le monde le sait, et d'ailleurs tout le monde le dit.
Ce travail d'analyse, c'est ce printemps et cet été, Covid ou non, qu'il aurait dû être mené. Mais non, on a géré à vue. On a distribué des subventions. On a continué d'alimenter collectifs et associations. On a gouverné comme au temps des vaches grasses. Et là encore, au budget présenté hier, on prend soin d'épargner les deux Départements tenus par des socialistes, histoire de cuisiner cet automne la majorité politique nécessaire à l'acceptation d'un budget. Les partis de droite font la moue, mais on sait très bien qu'ils composeront. Le PDC, bien centriste et bien balourd, plus aveuglément "gouvernemental" que jamais, se dit même satisfait. Il faudrait quand même faire comprendre à certaines personnes, prêtes à tout par ambition, qu'en politique, on grandit par la transgression, pas par la génuflexion devant la suzeraineté népotiste et consensuelle.
Ce projet de budget n'est pas sérieux. Il ne prend absolument pas en compte la situation économiquement dramatique dans laquelle nous entrons. Il continue d'engraisser l'Etat. Il saupoudre, pour ne vexer personne et obtenir une majorité avant Noël. Il continue d'octroyer des dizaines de millions supplémentaires à des Départements qui doivent impérativement se réformer à l'interne. Il feint le beau temps, en pleine tempête.
Pascal Décaillet