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Sur le vif - Page 298

  • Regarde, Maman, comme je suis présentable !

     
    Sur le vif - Dimanche 29.11.20 - 10.48h
     
     
    Jamais l'urgence d'un contre-pouvoir à la toute-puissance de l'exécutif n'a été aussi criante à Genève, depuis Fazy.
     
    Et jamais le Grand Conseil n'a été aussi impuissant à l'établir.
     
    A cela, deux explications. D'abord, la barbichette. Les partis gouvernementaux font tout pour tuer toute émergence de commission d'enquête sur la gestion de la crise sanitaire, depuis ce printemps, par le Conseil d'Etat. Terrible spectacle que celui de ce Parlement tétanisé, à la botte de l'exécutif, tout le monde se tutoie, les députés tutoient les conseillers d'Etat, l'impuissance tutoie la complicité.
     
    Et puis, on se prépare à une élection complémentaire, celle du 7 mars 2021. Il s'agit de ménager les alliances. L'une d'entre elles sera celle des fatigues patriciennes avec les Gueux.
     
    Des Gueux qui, depuis longtemps, sont rentrés dans le rang. Tout heureux de s'associer aux voluptueuses délices du pouvoir. De se fondre dans la masse. De s'embourgeoiser. De pouvoir dire à leurs mamans : "Regarde comme je suis devenu présentable".
     
    Jamais, à Genève, le pouvoir de l'exécutif, sa prise de visibilité directe, comme chez lui, n'ont été aussi forts. Jamais la nécessité d'un contre-pouvoir n'a été aussi pressante. Le Parlement, ce printemps comme cet automne, a choisi à deux reprises de s'y dérober. Reste donc, comme ultime espoir pour sauver notre démocratie, l'entrée en action urgente de son seul véritable souverain : le peuple.
     
     
    Pascal Décaillet

  • L'économie doit être nationale, ou n'être pas !

     
    Sur le vif - Vendredi 27.11.20 - 10.49h
     
     
    J'ai toujours été opposé, depuis ma jeunesse, à l'idée même de multinationales. Au-delà de savoir si elles doivent êtres "responsables" ou non (elle le doivent, assurément), j'invite à une réflexion bien en amont : comment l'économie libérale, dans le pire sens de ce mot, a-t-elle pu laisser éclore et prospérer de tels monstres planétaires, sans ancrage dans la réalité d'une économie nationale, spoliant parfois le Tiers-Monde, pour mieux accumuler les profits ? Une fois tranchée la votation de dimanche, j'invite mes compatriotes à s'attaquer à une autre ambition, autrement plus fondamentale : refuser l'existence même des multinationales.
     
    Je suis pour une économie vivante. Réelle. Pour l'entreprise, qui est une fantastique aventure, surtout quand elle procède, au départ, du rêve d'un homme seul, ou d'une femme seule. Notre économie suisse, diversifiée, n'a pas à rougir : plus de 95% de son tissu est constitué de PME : quelques personnes, parfois trois, deux, voire une seule. Ca n'est pas la taille qui fait une entreprise : c'est la férocité d'indépendance, la solitude face à la responsabilité, la capacité de décider, d'inventer, de se remettre en question.
     
    La finalité de l'économie n'est pas, à mes yeux de lecteur de Léon XIII, l'accumulation de profits. Oh, il faut bien gagner sa vie, du mieux qu'on peut. Mais le Veau d'or, celui que décrit l'Ancien Testament, dans le Livre de l'Exode, c'est non. Jamais la finance, dans ce qu'elle peut avoir de spéculatif, ne doit l'emporter sur l'économie réelle. Je suis pour des entreprises nationales, délimitant leur action, non dans le casino planétaire et cosmopolite, mais dans le périmètre d'une communauté humaine solidaire. Contribuant à la prospérité de cet ensemble-là, par le savoir-faire, par l'emploi, par la fiscalité. Ces entreprises-là ont mon respect. J'ai l'honneur de tenir l'une d'entre elles, minuscule, microscopique, mais entreprise, croyez-moi, dans son fonctionnement. Depuis quinze ans, je me sens responsable économiquement, ça change l'esprit, ça change la manière de voir.
     
    Je n'accepte pas que le monde, en un siècle, ait pu laisser prospérer, au nom d'un libéralisme érigé en dogme, ces géants tentaculaires sans foi ni loi, siège social en Europe, griffes prédatrices dans les pays d'Afrique ou d'Amérique latine. Je n'accepte pas, même si j'en vois bien les avantages fiscaux pour nos États, l'éternelle génuflexion de la droite libérale et de ses valets, dans nos Cantons suisses, devant ces fausses divinités, que je récuse de toutes mes forces.
     
    Je suis un homme de droite, vous le savez. Attaché à la nation. Attaché aux frontières. Attaché à la cohésion sociale, la solidarité à l'intérieur de chaque communauté humaine organisée. Attaché à l'entreprise, de toutes mes forces. Attaché à la langue, aux textes. Mais pas à ces monstres apatrides. Mon discours déplaira aux libéraux. Eh bien, qu'il déplaise !
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Allemagne : la victoire en silence

     
    Sur le vif - Vendredi 27.11.20 - 01.15h
     
     
     
    Covid : la France est en train de décrocher par rapport à l'Allemagne, comme elle ne l'a jamais fait depuis la guerre.
     
    C'est une réalité lourde. Un mouvement de fond, tectonique, structurel. L'Allemagne a mieux géré la crise. Mieux géré les questions sanitaires. Mieux géré l'économie. Mieux géré les finances. Mieux géré la proximité par rapport aux centres de décision. Elle a, plus que tout, mieux géré la confiance. Das Vertrauen, mot luthérien, mot puissant, biblique.
     
    La France décroche. Personne ne le voit. Personne n'en parle. Et c'est pourtant l'une des conséquences majeures de la crise que nous traversons. Sans un couple franco-allemand équilibré, comme les piliers d'une Cathédrale, pas d'Europe. Juste des moulins à paroles, à Bruxelles. Juste des experts, hagards, dans le désert du sens.
     
    La France sombre dans l'autoritarisme, l'arrogance jacobine. Elle n'écoute plus son peuple, elle l'inonde sous sa propagande, diabolise toute opposition à la pensée dominante, dresse des potences, libère les meutes, élève des bûchers. Elle vit, dans l'ordre de la liberté des esprits, des consciences, l'une des pires périodes de son Histoire.
     
    L'Allemagne est en train de gagner un combat singulier, engagé il y a très longtemps, disons en 1806. Elle gagne, dans l'indifférence de tous. Elle gagne lentement, doucement, puissamment.
     
    Elle gagne en silence. Comme les héros de la mythologie grecque, chez Friedrich Hölderlin, le géant des mots et du non-dit, dans la poésie allemande.
     
    Elle gagne, non dans le mode offensif d'une symphonie au moment de l'attaque, dans l'Allegro de la naissance. Mais dans la douceur terrienne de l'Andante con Moto, celui de la Cinquième, par exemple, version Furtwängler, dans le travelling aérien de Berlin en ruines.
     
    Au milieu de la Prusse en décombres, printemps 1945, tout était déjà là, perceptible. Par le miracle de cet Andante, la saisissante beauté des images, épurée comme une ruine grecque. Déjà, le renouveau. Parce que Beethoven, toujours en mouvement, du haut de ses 250 ans, donne un sens à la vie
     
     
    Pascal Décaillet