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Sur le vif - Page 185

  • Des "sanctions" suisses : et puis quoi, encore !

     
    Sur le vif - Lundi 21.02.22 - 16.30h
     
     
    Hallucinant. La Suisse participera à des "sanctions" contre la Russie, en cas de guerre avec l'Ukraine.
     
    Hallucinant au carré : ces possibles "sanctions" suisses nous sont annoncées par qui ? Par Monsieur Cassis ? Pas du tout ! Par le Premier ministre belge !
     
    Hallucinant, puissance un million : le Belge explique qu'il s'agit, pour le camp pro-américain, "d'éliminer" les failles dans les futures sanctions, par exemple venant de la Suisse, dans le domaine bancaire.
     
    La Suisse est un pays indépendant et souverain. C'est un pays neutre. Elle n'est membre ni de l'Union européenne, ni de l'Otan. Si elle a des choses à dire sur le dossier Russie-Ukraine, c'est à ses dirigeants, à elle, de les exprimer, non aux Belges, ni aux Européens, et moins que tout aux Américains.
     
    Je suis le seul à fulminer ? Ou toute la classe médiatique suisse, depuis la chute du Mur, est définitivement rangée derrière la bannière américaine ? Comme elle le fut pendant les guerres balkaniques, j'ai soutenu l'option contraire. Comme elle le fut lors de l'invasion de l'Irak en 2003, j'ai soutenu l'option contraire, dans un retentissant commentaire de la Revue Choisir, "Notre colère", printemps 2003.
     
    La Russie est une amie de la Suisse. Avec cet immense pays, nous avons plusieurs siècles de relations respectueuses, de dialogue, quels que soient les régimes. Non seulement il n'est pas question que la Suisse s'associe à des "sanctions" contre la Russie. Mais il est encore moins question que cette éventualité soit annoncée au monde par... le Premier ministre belge !
     
    Si la Belgique entend devenir le 51ème Etat américain, grand bien lui fasse. La Suisse, elle, a mieux à faire : rester neutre, indépendante, souveraine. Demeurer en capacité de dialogue respectueux, constructif, avec tous les pays du monde.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Journalistes, ou détectives ?

     
    Sur le vif - Lundi 21.02.22 - 12.39h
     
     
    Au nom de quoi le secret bancaire, en Suisse, comme n'importe quelle disposition légale dans notre pays, ne devrait-il pas être scrupuleusement respecté par les journalistes, sous prétexte que ces derniers "enquêtent" ?
     
    Tout d'abord, sur le grand mythe de "l'investigation journalistique", il y aurait tant à dire. Je n'oublie pas que certaines méthodes rédactionnelles, qui tiennent plus du bureau de détectives privés, ont amené certains "soutiens" à retirer leurs billes du Journal de Genève, dans les mois précédant sa chute, en 1998. Il n'était pas dans l'ADN de ce grand journal, où j'ai eu l'honneur de faire mes premières années, de se prendre pour les grands limiers du Watergate. Non, le Journal de Genève, c'était l'observation des faits, l'analyse, le commentaire. Et c'est cela que les lecteurs voulaient. Avoir voulu instiller une culture du shériff dans une partie de la rédaction, dans les années 1990, fut une erreur fatale.
     
    Pour moi, aucun droit journalistique ne doit outrepasser les droits de toutes les citoyennes, tous les citoyens. Les journalistes sont des citoyens. Ils doivent avoir tous les droits des citoyens, sans plus. S'ils tiennent à "enquêter", cela doit être à leurs risques et périls. S'ils enfreignent la loi, il n'y a pas, sous prétexte qu'ils l'auraient transgressée, à les tenir pour des héros.
     
    "Enquêter" ? Si les journalistes en ont le droit, alors tout le monde doit en avoir le droit ! A commencer par les lanceurs d'alerte. Et ce droit doit être un droit citoyen, une loi pour tous, et en aucun cas le droit corporatiste d'une profession déclinante, moralisante, persuadée d'agir pour la bonne cause, pour le Bien, alors qu'elle s'en va trottinant derrière les doxas et les modes.
     
    Il me semble qu'à cet égard, un signal assez clair a été donné, par le peuple suisse, il y a huit jours.
     
    Ai-je été assez clair ?
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Nina, Géraldine : magnifique concert à Bernex-Confignon

     
     
    Sur le vif - Dimanche 20.02.22 - 22.26h
     
     
    Magnifique concert, ce soir à la la Paroisse de Bernex-Confignon, autour de deux monstres sacrés de la musique, Schubert et Mahler. Pour interpréter les Lieder, la cantatrice mezzo Géraldine Cloux. Au piano, Nina de Félice. De l'une à l'autre, la perfection d'une complicité. Thème du concert : les confins du romantisme allemand (incluant bien sûr la musique autrichienne), les débuts avec Schubert, la phase de clôture, trois quarts de siècle plus tard, avec l'auteur du Chant de la Terre.
     
    La voix de Géraldine Cloux impressionne par sa puissance, son registre de nuances, l'incorporation du poème et de la musique, pour ne faire qu'un : c'est cela, le Lied. Se passionner pour la culture allemande, c'est passer par l'étude du Lied, beaucoup plus riche et complexe qu'il n'y paraît : il précède largement Schubert, et survit sans problème à Mahler. On pense, par exemple, au grand musicien allemand du vingtième siècle Hindemith.
     
    La soirée de Bernex-Confignon passe par quelques-uns des centaines de Lieder de Schubert. Pas les moindres ! Erlkönig, D.328 op. 1, sur le poème de Goethe, l'un des plus célèbres de la langue allemande. Ou aussi Gretchen am Spinnrade, D. 118, op.2. Ou encore, Ständchen, pour clore la première partie.
     
    Le moment Mahler nous plonge dans la lumière d'un paradoxe, et c'est le choix très subtil des morceaux, par les deux musiciennes, qui nous y amène : entre ces deux puissants génies, on laisse soudain tomber la distance galactique qui semble les séparer, on perçoit les points communs, le travail sur le poème, le cisèlement de la syllabe. Oui, Géraldine a raison : on est encore aux confins du romantisme. Avant que la musique, celle du début du vingtième, ne s'abandonne à mille révolutions, le dodécaphonisme n'en étant qu'une parmi d'autres. Lieder und Gesänge aus der Jugendzeit, no 1, ou le célèbre Des Knaben Wunderhorn, c'est encore la très grande tradition, entre musique et texte, celle du temps de Schubert.
     
    Entre Schubert et Mahler, Nina de Félice seule, au piano, dans un interlude magique, pour les transcriptions de Schubert par Liszt. Avec un moment d'éblouissement : Auf dem Wasser zu singen, S. 558 no2. La polyphonie d'une source. Le thème romantique par excellence. Où chaque note est un jaillissement.
     
     
    Pascal Décaillet