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Sur le vif - Page 108

  • Ni les lents, ni les retardataires

     
    Sur le vif - Lundi 02.01.23 - 15.50h
     
     
    Il y a des choses que je dis depuis des années, et que l'écrasante majorité des chroniqueurs ou éditorialistes ne disent pas.
     
    Ces choses, vous les connaissez. Elles tournent autour de l'idée de nation, de la souveraineté des peuples, de la préférence nationale, du protectionnisme économique, du rejet de l'atlantisme et de l'impérialisme américain, du rapport à la mémoire et à l'Histoire.
     
    Elles s'articulent, aussi, autour d'un rejet sans appel de la morale, lorsqu'on on se prononce sur une période historique, au profit de l'impératif premier qui est pour moi la lucidité. Établir les chaînes de causes et de conséquences, dégager les intérêts économiques, démanteler le jeu des masques, bref s'inspirer de l'historien athénien Thucydide, dans son chef d’œuvre écrit il y a 25 siècles, La Guerre du Péloponnèse.
     
    Certaines de ces idées commencent, très doucement encore, à être reprises par les si sages éditorialistes de la presse romande, ceux qui sont en écriture pour ne surtout rien déranger, à commencer par le pouvoir en place.
     
    Je pourrais m'en réjouir. Non. Leur lenteur à ouvrir les yeux m'exaspère. Dans l'observation commentée de la politique et des phénomènes historiques, je n'aime ni les lents, ni les retardataires.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Joseph Ratzinger : un littéraire pur

     
    Sur le vif - Samedi 31.12.22 - 15.04h
     
     
    Avec Joseph Ratzinger, Pape de 2005 à 2013 sous le nom de Benoît XVI, c'est l'un des plus grands intellectuels du catholicisme qui disparaît, à l'âge de 95 ans, premier souverain pontife depuis des siècles à démissionner, pour des raisons que l'Histoire doit encore établir.
     
    Un Pape allemand. Un lecteur des textes, dans toute l'immense tradition de la philologie, de la philosophie et de la théologie allemandes, Luther compris. Luther, oui, dont il était paradoxalement si proche, par la démarche : le texte, avant tout !
     
    Je pourrais écrire un livre sur les analogies entre le Réformateur, inventeur de la langue allemande moderne écrite, et le très conservateur Président de la Doctrine de la foi, cinq siècles plus tard. Vous n'imaginez pas le nombre de convergences entre l'homme de Thuringe et celui de Bavière, celui qui jette les bases d'une nouvelle lecture du christianisme, et celui qui, infatigablement, remonte aux textes pour tenter de définir au plus près, avec une précision millimétrée, l'identité du christianisme, telle qu'il nous la propose.
     
    J'aurais tant à écrire sur Benoît XVI. Son prédécesseur, le Pape polonais, était un génie de la pastorale, du contact humain, de la communication de masse. Il aura été, lui, l'un des très grands intellectuels du christianisme. Un homme sachant lire un texte, le faire parler, l'installer dans sa perspective, lui donner sa dimension. Au fond, un littéraire pur.
     
    En attendant, je republie ci-dessous le texte que j'avais publié le 8 janvier 2008, dans le Temps, sur l'Encyclique Spe Salvi, la deuxième de Benoît XVI, "Dans l'espérance, nous avons été sauvés". Référence, bien sûr, à la célèbre Lettre aux Romains de Paul, fondement de la théologie d'un certain... Martin Luther.
     
     
    Pascal Décaillet
     
     

  • La possibilité d'une aventure

     

    Sur le vif - Vendredi 30.12.22 - 16.06h

     

    Il ne s'agit pas de regarder le temps qui passe. Nous ne sommes pas des pêcheurs à la ligne, en contemplation semi-éveillée devant le flux de l'onde. 

     

    Non. Nous sommes des yeux et des nerfs, des vaisseaux de sang, des viscères. Nous sommes des neurones en éveil. Nous sommes le sujet et l'objet, nous voulons le verbe, celui d'action, conjugué. Le verbe de mouvement. Pas le verbe d'état, aplatissant, inutile. Car le verbe est action, rien d'autre. Dans une phrase, enlevez tout, gardez le verbe.

     

    J'invite chacun de vous à tenir son journal. Le génie du réseau social, celui sur lequel nous sommes, c'est d'ouvrir à tous cette possibilité d'une aventure. Rien que ça, et on renvoie dans leurs catacombes à jérémiades les éternels scrogneugneux qui passent du temps à vomir sur cette prodigieuse démocratisation de l'expression, sous prétexte des excès et des dérapages, hélas réels, qui s'y commettent.

     

    Laissons geindre les universitaires, les journalistes qui se croient encore "indispensables à la démocratie" (quel culot !), les puissant défenseurs des "intermédiaires". Le réseau est là. Le réseau, c'est nous. Nous tous ! Il y a du bon et du mauvais, et alors, c'est la vie ! Que chacun de nous s'efforce de donner le meilleur, le réseau vivra,  les geignards s'éclipseront en trottinant sous le sourire de la lune.

     

    Tenir son journal. S'inscrire dans le temps, eh oui, l'étymologie du mot "chronique". A chacun, son regard. Chacun, sa vie. Chacun, ses regrets, ses amours perdues, sa nostalgie. Chacun, ses secrets. Chacun, ses buts de guerre. Chacun, ses armes. Chacun, sa solitude. Chacun, son émerveillement, face au jour qui baisse.

     

     

    Pascal Décaillet