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Sur le vif - Page 1062

  • L’étrange précipitation du Ministère public de la Confédération

     

    Sur le vif - Mardi 26.10.10 - 11.43h

     

    Pour une fois dans leur vie, ils ont agi comme l’éclair. Plus rapides que leur ombre. Saisi le jeudi 21 octobre par le Conseil d’Etat genevois dans l’affaire de l’affiche MCG représentant le dictateur libyen Kadhafi, le Ministère public de la Confédération décrétait le lendemain même, vendredi 22 octobre, sous la signature de Laurence Boillat, procureure fédérale suppléante, le séquestre de cette affiche.

     

    Quelle célérité, Madame Boillat ! Chapeau. Jamais vu ça. Une nuit de réflexion, à Berne, et paf, le séquestre. Jusqu’ici, le Ministère public de la Confédération (instance dont Christoph Blocher a payé de son poste le culot d’en avoir mis en question le fonctionnement) était réputé, au-delà des frontières, pour la lourdeur et la lenteur de ses procédures.

     

    Question : si la dénonciation avait émané, non du Conseil d’Etat genevois, mais d’un simple quidam, vous ou moi, et avait porté sur l’outrage à un autre chef d’Etat que le bienfaiteur du désert, des infirmières bulgares, des otages suisses et des passagers de Lockerbie, combien de temps la procédure du MPC aurait-elle duré ?

     

    Dans cette affaire, où la séparation des pouvoirs s’évanouit d’un coup au profit d'une raison d’Etat sur laquelle on aimerait au moins quelques précisions, les « autorités », au sens large, au reste scandaleusement confondues les unes avec les autres, se foutent du monde.

     

    En l’espèce, il y a trois autorités bien distinctes. Le Conseil d’Etat genevois, qui veut censurer l’affiche. L’exécutif fédéral, à Berne, qui le veut aussi. Le Ministère public de la Confédération, qui s’empresse immédiatement d’aller dans leur sens, à l’issue d’une très courte nuit, le lendemain même des démarches.

     

    Il y a, dans tout cela, quelque chose qui pue. Quelque chose de pourri. Et les grands airs de donneur de leçons de François Longchamp n’y pourront rien changer. Cela s’appelle censure. On compte sur la majorité de l’opinion, celle des équilibres et des barbichettes par lesquelles on se tient, pour faire passer la pilule. Que le Ministère public de la Confédération soutienne ce tour de passe-passe avec une fulgurance chronologique qu’on ne lui a jamais connue en d’autres circonstances, achève de décrédibiliser cette institution. Et donne raison, a posteriori, à un ancien conseiller fédéral qui avait eu la fatale témérité d’aller y fourrer son nez.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Garde noire, nuits blanches

     

    Sur le vif - Lundi 25.10.10 - 09.06h

     

    Ce matin, sur Radio Cité, pour donner la réplique à Soli Pardo, non pas François Longchamp, mais sa Garde noire. Réplique ? Pas exactement : il n’y eut pas débat, mais succession de prises de parole.

     

    La Garde noire, c’est le secrétaire général adjoint du Département. Je ne dirai pas son nom, car je dois protéger sa personnalité. C’est ce que m’a aimablement demandé, un jour, son supérieur, le secrétaire général tout court, un homme totalement inconnu au bataillon, disons le chaînon invisible entre le magistrat élu et l’adjoint de l’adjoint.

     

    Et c’est cela qui me titille. Le secrétaire général tout court, qui est supérieur au secrétaire général adjoint, strictement personne ne le connaît, il ne monte jamais au front. Si ce n’est, par lettre courtoise, pour appeler à la protection de la personnalité (évidemment en grand danger) du secrétaire général adjoint, alias la Garde noire. Une aspirine ?

     

    Le secrétaire général adjoint est un homme de valeur. Dont il s’agit de protéger la personnalité. Des fois qu’elle exploserait en vol. Donc, pour résumer, il y a un conseiller d’Etat, qui monte au front quand ça l’arrange, un secrétaire général totalement inconnu au bataillon, et un secrétaire général adjoint, alias la Garde noire, qui affronte très volontiers micros et caméras. Mais dont il ne faut pas parler. Car il faut protéger sa personnalité.

     

    C’est comme si je vous disais : « Je ne suis hélas pas disponible, mais voyez avec l’adjoint de mon adjoint. Car mon adjoint tout court est trop inconnu au bataillon. L’adjoint de mon adjoint, lui, faites-lui confiance, il connaît tous les dossiers ». Alors, va pour l’adjoint au carré, sauf que du coup, l’adjoint tout court vous invite à respecter la personnalité de l’adjoint de l’adjoint. Alias la Garde noire.

     

    Pas simple, le Département Longchamp. Dans ce jeu de cagoules, masques et bergamasques, le marivaudage (qui n’est pas sans séduction) le dispute au culte de l’ombre. Peut-être est-ce là l’une des tâches de l’adjoint de l’adjoint, qui a en fait plus de pouvoir que l’adjoint tout court. Et dont il s’agit de maintenir le nom secret. Car il faut protéger sa personnalité.

     

    Pascal Décaillet