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Sur le vif - Page 1064

  • Saint François et l’esprit de Soral

     

    Sur le vif - Lundi 19.10.10 - 17.11h

     

    Populaire et pragmatique, John Dupraz fait partie de ces radicaux qui n’ont jamais eu leur langue dans leur poche et s’intéressent parfois à d’autres sujets que le monothème de la laïcité. Chez Dupraz, le caractère est âpre, la saillie menaçante, la saute d’humeur omniprésente. Mais la sincérité est là.

     

    Entendu aujourd’hui comme témoin dans le procès BCGe, l’extatique défenseur des régions céréalières en a sorti une toute belle, qui risque de jeter un froid dans la clique si urbaine, si policée, si centriste des radicaux genevois millésime 2010. « Ce procès n’aurait jamais dû avoir lieu, les accusés n’ont pas volé un centime ! ». Bref, le contrepied exact de la philippique si soigneusement préparée de François Longchamp, membre de son parti, il y a quelques jours.

     

    John Dupraz n’est pas le seul. Au sein même du Conseil d’Etat, évidemment hors antenne, le show justicier de Saint François n’a été que moyennement goûté. Mais là, c’est la goutte de chasselas qui fait déborder le tonneau. Car, ici bas, amis lecteur, plus dévastateur que l’esprit de vin, et même que le Saint Esprit : l’esprit de Soral.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

     

  • « On n’est pas à Moscou, M. Sommaruga ! »

     

    Sur le vif - Dimanche 10.10.10 - 18.49h

     

    Opposé à l’instant à Oskar Freysinger, sur la RSR, le socialiste genevois Carlo Sommaruga vient de rivaliser avec la philosophe Marie-Claire Caloz-Tschopp (voir nos textes précédents) dans l’art de l’auto-goal. Le 28 novembre prochain, le peuple suisse, seul souverain dans notre pays, se prononcera sur l’initiative de l’UDC concernant le renvoi de criminels étrangers. Ainsi que sur le contre-projet.

     

    L’initiative a obtenu largement assez de signatures, elle a été déclarée recevable par le parlement, il s’agit maintenant qu’il y ait campagne et que, fin novembre, comme c’est l’usage dans nos institutions, le peuple tranche. Cette campagne, il faut évidemment qu’elle soit politique, que les forces antagonistes s’affrontent, c’est cela la démocratie.

     

    Las, vu comme cela, c’était trop simple : alors, revoilà, comme chaque fois, la clique et la cléricature des juristes. Leur dernière trouvaille ? Venir nous annoncer, à ce stade du débat, clairement dans l’arène citoyenne, que l’initiative torpillerait le droit européen parce qu’elle serait contraire aux accords de libre-échange. Concrètement, Messieurs les juristes, ça veut dire quoi ? Qu’on arrête la campagne et qu’on va se coucher ? Ou qu’on laisse voter, et qu’en cas (bien probable) de victoire du texte, on annule tout ? Dans les deux cas, déni total de démocratie. Le seul fait de tenir ce genre de discours apporte des voix supplémentaires à l’UDC.

     

    Et puis, la démocratie n’est pas affaire de juristes. Mais de citoyens. Chaque voix, le jour du vote, a le même poids, que le votant soit riche ou pauvre, clerc ou inculte, fin connaisseur des lois ou non. Sinon, c’est le suffrage censitaire. En fonction du revenu. Ou du diplôme. Le peuple suisse, donc les auditeurs du débat qui vient de se terminer à la RSR, n’en est pas dupe. Il déteste qu’on lui confisque les débats au profit d’une Nomenklatura qui déciderait à sa place. Ce qu’à un moment assez chaud de l’entretien, le très imagé Oskar Freysinger a résumé par une expression tirée de notre jeunesse sous la guerre froide, mais aussi de quelques pages un peu folles de Gogol : « On n’est pas à Moscou, M. Sommaruga ! ».

     

    Pascal Décaillet