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Sur le vif - Page 1064

  • Adieu, Madame Widmer-Schlumpf

     

    Sur le vif - Et l'air de rien - Vendredi 24.09.10 - 18.25h

     

    Elle est parvenue aux affaires par la trahison, elle en sortira, dans un peu plus d’un an, par une autre trahison. Celle de ceux-là mêmes qui l’avaient, dans un pronunciamiento de fortune ne visant qu’à se défaire d’un homme trop fort et trop encombrant, portée au pouvoir. Ce jour-là, le glaive se retournera contre Eveline Widmer-Schlumpf. Personne ne pleurera. Surtout pas le triumvir qui avait ourdi, dans quelque alcôve du Bellevue, la singulière irruption de cette Grisonne dans l’Histoire suisse.

     

    Ce qui a sonné le glas d’EWS, c’est le remarquable succès de la candidature de combat de Jean-François Rime, le 22 septembre. Oui, l’UDC est de retour, elle n’était d’ailleurs jamais partie, oui l’idée de lui restituer son dû chemine sous la Coupole, oui la trahison isole, finit toujours par se payer. Oui, le Climatique peut brûler d’envie d’empoigner le Flandrin, il a bien fallu quelques Verts, en plus de quelques PDC de Suisse centrale, pour que Rime fasse un tel score. Oui, il arrive toujours un moment où Brutus, Cassius et Antoine finissent par s’étriper. C’est dans Plutarque. Dans Shakespeare. Dans l’immuable et sublime noirceur de l’être humain.

     

    Donc, le Flandrin a tort. De quoi ? De voler aujourd’hui, dans Le Temps, au secours de l’Usurpatrice. Et le reste de la droite suisse a bien raison de préparer l’année des adieux. Vous les verrez, ce seront les mêmes. Ceux qui l’avaient portée aux nues, lui porteront le coup fatal. Ainsi va la politique. Ainsi tourne le carrousel des choses humaines. Et les mêmes, les tyrannicides d’hier, seront comme Edith Piaf, à qui elle ressemble tant : non, rien de rien, non, ils ne regretteront rien.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Velasco, le désir demeuré désir

     

    Sur le vif - Et sans décodeur - Mercredi 22.09.10 - 14.26h

     

    Dites 33 ! Les socialistes de la Ville de Genève ne manquent pas de gourmandise en présentant un nombre assez impressionnant de candidats sur leur liste pour le Municipal. Sympathique auberge espagnole, avec des hommes et des femmes, de jeunes pouliches et quelques chevaux de retour, des idéologues et des pragmatiques, un Papy Moustache et son épouse, on coupe, on mélange, on distribue.

     

    Espagnole, l’auberge l’est d’autant plus qu’on y découvre l’une des créatures plus attachantes du socialisme genevois, le très ibérique et très codé Alberto Velasco, l’homme à la parole oraculaire et à la polysémie triomphante.

     

    Il fut député. Il est constituant. Il a tout fait. Et il repart à zéro. A lui, René Char, dans les Feuillets d’Hypnos : « Le poème est l’amour réalisé du désir demeuré désir ».

     

    Aux autres, quelques bons pour une louche de caviar, chez Globus.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Un grand prélat nous quitte

    Genoud.jpg

    Mercredi 22.09.10 - 11.36h

     

    Eclipsée par le vacarme du cirque fédéral, la nouvelle qu’on savait imminente depuis lundi : le décès du 80ème évêque de Lausanne, Genève et Fribourg. Mgr Genoud souffrait d’un cancer du poumon. Il avait 68 ans. Lorsque nous étions allés le voir cet été pour le Grand Oral de l’Assomption (15 août) à la Providence, en Basse-Ville de Fribourg, avec Fathi Derder, il nous avait frappés par sa lucidité et sa sérénité. « La maladie, nous avait-il dit, nous aide à grandir ».

     

    Qu’est-ce qu’un grand prélat ? Qu’est-ce qu’un évêque ? Je parle ici pour ceux qui se reconnaissent dans cette Maison commune-là. Et aussi pour ceux qui, au-delà de cette Maison commune, sont sensibles aux signaux d’humanité, là où ils sont. Un évêque n’est pas, n’est plus, ne doit plus être un prince, comme ce fut trop longtemps le cas dans une Eglise catholique beaucoup trop accrochée au pouvoir. Pas un prince, mais un homme au milieu d’autres hommes. Pour avoir très bien connu Mgr Genoud, j’affirme qu’il fut cet homme-là.

     

    On se souviendra de sa culture et de sa simplicité. On se souviendra de l’évêque au bistrot, clope au bec, n’opérant nulle distinction entre les êtres qui l’approchaient. On se souviendra du philosophe et du musicien, enfant de ce pays fribourgeois où ces deux disciplines sont tant à l’honneur. On me permettra de retenir la clarté du regard, la plénitude du sourire. « La maladie nous aide à grandir ». Ceux qui, une fois dans leur vie, ont été malades, comprennent.

     

    Mgr Genoud était un évêque au milieu des hommes. Hommage à lui, aujourd’hui ailleurs. Quelque part.

     

    Pascal Décaillet