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Sur le vif - Page 1033

  • Il n’y a plus rien

     

    Sur le vif - Lundi 14.02.11 - 17.39h

     

    On savait le PDC ouvert à tous les vents, mais là, avec son nouveau label « PDC Ecologie », à Genève, c’est maintenant l’œcuménisme comme aucun Concile, fût-il le plus en pointe, n’eût osé le rêver. Avancer que ce parti ratisse large, c’est faire insulte à la Grande Faucheuse. Et dire que j’entends encore son candidat à l’exécutif de la Ville de Genève (que mille Vierges l’attendent en Paradis) prôner frénétiquement l’extase par les parkings. Le Bolchoï peut se rhabiller : le record universel du grand écart est atteint.

     

    Il y avait déjà les Verts. Noble parti, riches personnalités. Puis, les Verts libéraux. Puis, Génération Ecologie. Voici maintenant PDC Ecologie. Heureuse humanité, où tout le monde est un peu vert, un peu orange, un peu rose, tout le monde est tout, tout le monde n’est rien. Les sons et les parfums décidément, ne tournent plus dans l’air du soir, on en perd son latin, plus rien ne se décline, il n’y a plus ni supin, ni sapin. Et comme le disait si bien Léo Ferré, dans l’un des plus beaux récitatifs, il n’y a plus rien.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Marie-Hélène Miauton: l'étincelle de la différence

     

    Sur le vif - Lundi 14.02.11 - 12.02h

     

    Dans les colonnes du Temps, par la grâce d’une colonne, une femme, une plume, un style. On aime ou non, une chronique n’est surtout pas là pour être appréciée de tous. Moi, j’aime. La plume, c’est Marie-Hélène Miauton. Le verbe est pesé, la forme cristalline, l’envoi précis, ajusté.

     

    Comme tout chroniqueur qui ose, Mme Miauton est truffée d’ennemis. C’est bien la preuve de son talent. Les passants, les gentils, ceux qui ne prennent aucun risque, veulent ménager leurs pairs, la presse romande, hélas, en regorge. Alors, de grâce, que vive, et vive encore, la douce acidité de Mme Miauton. Qu’elle continue de froisser, irriter, grattouiller, chatouiller, qu’elle dépare et dérange, qu’elle heurte et tranche. C’est aussi là, depuis Théophraste Renaudot, l’une des fonctions de la presse.

     

    Et ses ennemis, qu’ils l’attaquent par le verbe et par l’esprit. A en juger par certaines sécrétions récentes, ils semblent également dépourvus de l’un que de l’autre. Et, comme tous les médiocres, n’ont plus qu’un argument à brandir : celui de la disparition. « Elle nous dérange, qu’on la chasse ! ». Belle preuve de tolérance, venant des milieux qui s’en réclament tant. Et, à la première occasion, réactivent toujours le même réflexe : le Berufsverbot.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • La pureté, le miasme, la grande illusion

     

    Sur le vif - Dimanche 13.02.11 - 09.55h

     

    Il paraît qu’ils sont humanistes. Et les autres, la majorité écrasante des autres, ils seraient quoi ? Déistes ? Animalistes ? Végétaliens ? Des irradiés du Minéral ?

     

    « Humanistes », c’est le mot, moutonnièrement utilisé, repris, copié, collé par les journaux romands pour qualifier le quarteron de protestataires qui, au sein du parti libéral-radical suisse, avaient fait savoir, par annonces dans les journaux, qu’ils n’étaient pas d’accord avec le projet de nouvelles lignes directrices de leur parti sur l’immigration. En Suisse romande, on n’a parlé que d’eux. Ils étaient Antigone, le parti national était Créon, ils étaient la pureté, le parti incarnait la souillure. Ils étaient les « humanistes ». Rien d’humain, à l’autre camp, n’était concédé.

     

    Le problème, c’est qu’en Assemblée des délégués, hier à Zurich, c’est le coup de barre à droite qui a été choisi. À une majorité extrêmement claire. Pas la moindre ambiguïté. Le parti national a tranché.

     

    Mais dans la presse romande, ce matin, on continue de parler des humanistes, ces sublimes perdants. On continue de leur donner la parole. Une parole qu’au final, on n’aura quasiment pas octroyée à l’autre camp, celui de la victoire écrasante d’hier, à Zurich. Car enfin, si le PLR entend durcir sa politique migratoire, c’est peut-être qu’il a des raisons. Bonnes ou mauvaises. Mais au moins, qu’on lui laisse le loisir de les exprimer.

     

    Peut-être, cet épisode étant passé, pourrait-on s’interroger sur les véritables intentions de certains « humanistes ». Une piste, au hasard : à quel jeu joue tel candidat à l’exécutif genevois en multipliant les sujets de désaccord avec son parti national ? Et, surtout, en les rendant publics de façon si ostentatoire. Se forger un blason d’humanisme ? Ou, plus prosaïquement, s’imaginer qu’il ira ainsi quérir les voix d’une partie de la gauche municipale genevoise, le 17 avril prochain ? Si c’est son calcul, il se trompe : il arrive que la droite vote pour la gauche ; la réciproque est infiniment plus rare. Georges Pompidou l’avait expliqué assez fermement – en lui tapant sur les doigts – à son Premier ministre Jacques Chaban-Delmas, au lendemain de son discours de 1969 sur la « Nouvelle Société ».

     

    Au reste, il n’est pas sûr qu’on puisse durablement survivre en politique en multipliant les attaques contre son propre camp. Cela laisse des traces. Et il y a des gens qui ont de la mémoire.

     

    Pascal Décaillet