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Sur le vif - Page 1037

  • Du PDC au néant, en voiture, SVP !

     

    Sur le vif - Samedi 07.05.11 - 09.18h

     

    Dans un article incroyablement profond du Matin d’aujourd’hui, l’ex-candidat PDC à la Mairie de Genève envisage de supprimer le mot « chrétien » du nom de son parti : beaucoup de jeunes ne se reconnaîtraient pas dans ce mot.

     

    Michel Chevrolet a raison. Mais il devrait aller plus loin. À quoi bon conserver le mot « démocrate »? Tout le monde aujourd’hui, Dieu merci, est démocrate. C’est comme lorsqu’on vend de belles oranges : aux orties, les mots inutiles !

     

    On peut donc, aisément, supprimer les mots « chrétien » et « démocrate ». Et conserver le seul trait d’union. On demandera à Jean-Pierre Jobin, un membre éminent du parti, un nouveau logo (pas plus cher qu’un apéro), on fera de ce trait d’union un monde en soie, on allègera tellement le bagage conceptuel du parti qu’il n’en restera – cette fois, vraiment – plus rien.

     

    Perdre du poids, c’est bien. Reste le défi suivant : apprendre à disparaître. Vaste défi. Et la promesse de plein d’articles passionnants dans le Matin.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le MCG et la splendeur des conversions

     

    Sur le vif - Mercredi 04.05.11 - 12.15h

     

    J’ai eu la chance, à l’âge de huit ans, de me rendre avec ma famille sur le chemin de Damas, en provenance de Beyrouth, via Baalbek. C’était en juillet 1966, il faisait abominablement chaud, l’autobus n’était pas conditionné, et partout, le nez collé à la vitre, dans la dévastatrice beauté de ce désert, je cherchais l’endroit où avait bien pu se dérouler la conversion du centurion Saul, pour devenir Saint Paul. Je ne l’ai, hélas, pas trouvé. Même lorsque le car a crevé un pneu, et que des Bédouins sont venus nous dire bonjour. 45 ans après, la magie caniculaire de ce voyage me fait penser, avec l’enivrante énigme d’un mirage, à l’actuel conseiller d’Etat radical à Genève.

     

    J’ai toujours été fasciné par les conversions. Celle de Claudel, le 25 décembre 1886, debout près du 2ème pilier de Notre-Dame de Paris, figure au nombre de celles qui ont le mieux habité la littérature. Dans un registre plus laïc – et sans doute un peu plus prosaïque – la conversion du magistrat précité à la préférence cantonale dépasse, en fulgurance, la longue, l’interminable martyrologie de feu, celle des saints, celle des fous, celles des miraculés, celle des illuminés, celle des stylites qui finissent assis, extatiques, sur l’extrémité d’une colonne. Il paraît même qu’ils y prennent plaisir.

     

    Mais cette conversion a une singularité : le patient la nie. Irisé, pourtant, déjà, irradié, tellement perclus de bonheur qu’il se refuse à prendre acte de la majesté du Grand Virage. Déboussolé. Plus de compas. Juste la lumière, celle qui rend aveugle. Tout s’est pourtant si bien enchaîné, précipité, en quelques jours : vendredi, dans le Temps, quelques fragments apocryphes de Saint Mark, la Bonne Nouvelle, nouveaux pôles, nouvelles frontières. Lundi, confirmation par le Conseil d’Etat de la nouvelle politique, et surtout de la nouvelle rhétorique. Ce matin, dans la Tribune de Genève, le zèle des convertis. L’Epître à Sandrine, cendre et poudre, fureur, gémonies. Nouvelles victimes, Nouvelles proies. Nouveaux repères. Retour du compas. Nouvelle géométrie, pleine d’inconnues. Aussi belles qu’une Fille de Jérusalem. Dans l’étouffante splendeur du désert.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Libre circulation : le PLR se réveille

     

    Sur le vif - Mardi 03.05.11 - 12.38h

     

    Vendredi dernier, alors que paraissait dans le Temps le papier de Mark Muller sur la préférence cantonale en matière d’engagements, nous réagissions, sur ce blog, sous le titre « Apocryphe ou non, l’Evangile selon Saint Mark mérite le détour ». Le texte de Mark Muller annonçait la conférence de presse du Conseil d’Etat d’hier, dont beaucoup parlent ce matin. Oui, il y a inflexion d’une politique, oui il y a lieu de s’en réjouir : elle va dans le bon sens, tient compte des souffrances des chômeurs locaux, et peu importe que le gouvernement se soit inspiré des thèses du MCG, ce qui compte c’est le résultat.

     

    Mais aujourd’hui, en fin de matinée, il y a du nouveau. Le phénomène de « copié collé », spécialité absolue du PLR (par rapport à l’UDC) en politique fédérale depuis des années, se confirme avec éclat. Dans un communiqué qu’il vient de publier, ce parti, naguère champion du libre échangisme sans entraves (version libérale de la jouissance libertaire de 68), nous propose un virage à 180 degrés où il multiplie les demandes de garanties contre les abus de la libre circulation des personnes : dumping salarial, tourisme social, faux indépendants. Sans compter une mise en garde draconienne contre le risque des flux migratoires en provenance d’Afrique du Nord et du Moyen Orient, dont le style pourrait être immédiatement puisé d’un service de presse de l’UDC.

     

    Last, but not least : « Il paraît illusoire de vouloir appliquer les accords de Schengen/Dublin sans renforcer le contrôle aux frontières. Le Conseil fédéral doit se rendre à Bruxelles pour exiger l’application de ces accords ». Dixit l’UDC ? Niet : le PLR !

     

    La leçon de tout cela ? Au moment où, dans les sondages (cf gfs/SSR de vendredi dernier), le PLR tutoie les abysses, voire la fosse des Mariannes, il commence à se rendre compte que le peuple suisse n’est pas insensible à un minimum de protectionnisme. Lequel ne signifie ni xénophobie, ni fermeture des frontières. Coïncidence : c’est aujourd’hui même que le Seco (Secrétariat d’Etat à l’Economie) publie le nombre impressionnant d’entreprises suisses qui ne respectent pas les normes salariales et pratiquent le dumping. Serge Gaillard, à l’instant où je termine ce billet, s’en explique au micro de David Racana, en ouverture du 1230h RSR.

     

    Bravo au PLR pour sa prise de conscience. La prochaine fois, sur un thème de son choix, peut-être pourrait-il s’arranger pour arriver en premier. Dans une autre vie ? Un autre monde ?

     

    Pascal Décaillet