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Sur le vif - Page 1041

  • Derrière l’enseigne rose, l’extase

     

    Sur le vif - Vendredi 11.02.11 - 19.10h

     

    Dans un débat, juste à l’instant, sur la RSR, qui l’opposait à Nathalie Ducommun et Roger Nordmann (singularité triangulaire que je vous laisse apprécier), Christian Lüscher a dû se sentir bien seul. Il a osé, sur la radio d’Etat, émettre, de l’extrême Finistère de ses lèvres, l’idée que, peut-être, l’avenir de la Suisse n’était pas dans l’extase de l’intégration à l’Union européenne.

     

    Honte à lui. Haro sur le baudet. Sèche leçon du pasteur Nordmann, parce que Lüscher ose qualifier « d’adversaires » nos chers partenaires de l’UE. Remis à l’ordre, l’avocat évoque, avec le sourire, une « déformation professionnelle ». Cela ne suffit pas à notre rigoriste : « Vous n’êtes pas ici comme avocat ! », lui lance-t-il sur le ton si aimable de Fouquier-Tinville s’adressant à Louis Capet. Pour Nordmann, la souveraineté, c’est l’intégration. Toute opinion dissidente est immédiatement qualifiée de « repli » ou de « peur identitaire ».

     

    Elle est belle, l’Europe. Elle est belle, la tolérance. Elles étaient si belles, les maisons qui portaient ce nom. Il y avait, devant, des enseignes roses. C’était comme le socialisme. On y allait pour partager le plaisir. On en sortait tout seul avec sa peine.

     

    Seul, Lüscher, ce soir ? Oui, face aux deux autres pointes du triangle.

     

    Mais seul avec 75% des Suisses, c’est un isolement plutôt supportable, non ?

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Affaire Mark Muller – Analyse

     

    Sur le vif - Mercredi 09.02.11 - 11.44h

     

    La grave affaire qui affecte le département de Mark Muller, à Genève, est doublement révélatrice. D’abord, sur les négligences internes à ce département. A cet égard, de nouvelles informations pourraient nous parvenir d’ici 48 heures. Ensuite, sur les limites politiques de l’Entente (libéraux, radicaux, PDC) à prétendre gouverner ce canton avec une majorité au Conseil d’Etat, alors qu’elle n’obtient, au Parlement, que les suffrages de deux Genevois sur cinq. Non que ce soit impossible, j’entends bien que les deux élections (législatif, puis exécutif) obéissent à des logiques différentes. Mais parce qu’il eût fallu, dans ces conditions de faiblesse électorale, une tonalité beaucoup moins arrogante que celle, par exemple, du prédécesseur de Mark Muller à la présidence du Conseil d’Etat.

     

    Aujourd’hui en danger, Mark Muller va sérieusement avoir besoin de soutien politique pour s’en sortir. Nos informations, très claires, nous disent qu’il ne pourra guère compter sur son propre parti, où l’exécution interne procède de l’abattage rituel, et où on ne le défendra – à l’exception de vrais fidèles – que pour la galerie. Signalons en passant la remarquable probité intellectuelle de l’actuel président des libéraux genevois, Cyril Aellen, face à cette tourmente : les crises dévoilent souvent des abysses, parfois (et c’est le cas avec Aellen) la cristalline fermeté de certains caractères.

     

    Il n’est pas exclu qu’une extension des dysfonctionnements au sein du DCTI soit rendue publique avant la fin de la semaine. Si c’est le cas, la situation sera vraiment très difficile pour Mark Muller. Dans le cas contraire, la survie politique du président du Conseil d’Etat devra, hélas pour lui, s’accompagner de toute une batterie de mesures, proches de la tutelle, et signifiant de toute manière un affaiblissement politique. A coup sûr, cette perte de soutien eût été moindre si l’Entente avait un peu moins, dans les dernières années, considéré comme des gueux de bas chemin les partis non-gouvernementaux qui se trouvent, soit à sa droite, soit dans la prétendue « ni gauche, ni droite », disons le néo-boulangisme galopant.

     

    Aucune de ces deux marges, évidemment, ne lui fera le moindre cadeau : déjà, elles menacent ensemble de manifester devant le Palais Eynard, le 18 février prochain, à 10.30h. La Ville doit officiellement, ce jour-là, recevoir le nouveau président du Conseil d’Etat. Triste paradoxe : Mark Muller a toujours fait partie de ceux qui prônaient ce que Christian Lüscher appelle aujourd’hui la « droite élargie », qu’on peut aussi nommer « droite unie », ou « droite non-suicidaire ». Au contraire de son prédécesseur à la présidence du Conseil d’Etat, qui n’a cessé, par d’improbables triptyques de « conditions », d’ostraciser ce troisième tiers, oui ce Tiers Etat de l’espace politique genevois. Arrogance à vouloir incarner à soi-seul la famille de la droite, erreur de vouloir jouer sur un savant pivot de passerelles, par exemple avec les Verts, la Genève des compromis horizontaux, qui dilue la clarté des fronts politiques, et finalement exacerbe, dans le public, le sentiment d’un establishment.

     

    Rien, à l’heure où j’écris ces lignes, ne permet de prévoir l’issue de la crise. Mais une chose est sûre : la réduire aux seuls dysfonctionnements du DCTI, sans en tirer des leçons politiques plus englobantes, serait sombrer dans l’errance. C’est dans la crise – et non dans la trompeuse torpeur des cocktails – que se mesure l’ampleur des soutiens. Et aussi, n’en doutons pas, celle des trahisons.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Cinq lignes pour défendre la dignité du Parlement

     

    Sur le vif - Lundi 07.02.11 - 16.36h

     

    Chargée de s’occuper du dossier du Service de la gérance de l’Etat, à Genève, dont on a tant parlé en fin de semaine dernière, la Commission du contrôle de gestion du Grand Conseil vient de publier, à 16.12h, un communiqué de cinq lignes, qui frappe par sa sobriété et sa détermination.

     

    Aucune mention de la fuite qui a permis de rendre public le fameux rapport de l’Inspection cantonale des finances. Ni de celle qui a mis au grand jour le PV de la séance du 24 janvier 2011.

     

    Non. Juste cinq lignes, signées du président, Eric Stauffer, et du vice-président, le socialiste Antoine Droin, pour dire que la commission ira jusqu’au bout. Le mot « à l’unanimité » est inscrit en gras.

     

    Cinq lignes qui sentent la défense de la dignité parlementaire face à l’exécutif. Et qui, face aux pressions qu’on imagine dans ces cas-là, ne manquent ni de classe, ni d’allure.

     

    Pascal Décaillet