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Commentaires GHI - Page 213

  • Un nouveau théâtre : l'affaire des citoyens

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 25.06.14

     

    Nouvelle Comédie, nouveau Théâtre de Carouge : a priori, comme spectateurs, comment ne pas nous féliciter d’avoir un jour deux espaces de scène flambant neufs dans le canton de Genève ? Le financement de la Nouvelle Comédie, on le sait, est à l’étude. Et, à Carouge, un référendum conteste la part que devrait payer la commune dans un nouveau théâtre. Dans les deux cas, le nerf de la guerre, l’argent, pose problème.

     

    Autant le dire tout de suite aux coqs de combat des deux projets : il est parfaitement normal que le corps des citoyens, qui sont aussi contribuables, ait voix au chapitre concernant ces projets. Les millions d’un nouveau théâtre ne concernent absolument pas le seul monde des comédiens, mais l’ensemble de la société civile. Normal que les citoyens demandent des comptes, des évaluations exactes, et finalement décident.

     

    Normal, aussi, qu’ils se posent des questions. Par exemple, se demander pourquoi l’espace culturel genevois aurait à tout prix besoin de ces deux nouveaux théâtres. Pourquoi, entre les écuries concurrentielles soutenant l’un et l’autre, n’existe aucune vision d’ensemble. Pourquoi le Canton de Genève, qui a de réelles attributions culturelles, se montre pour l’heure aussi muet que le mime Marceau dans le dossier.

     

    Le dossier, d’urgence, est à arracher aux seules mains des professionnels et groupes d’intérêts. Il appartient à l’espace public. A nous tous. Citoyens. Et contribuables.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Profs : le miracle de la transmission

     

    Coup de Cœur - GHI - Mercredi 25.06.14

     

    Au moment où ils s’apprêtent à prendre des vacances méritées, je veux dire ici ma reconnaissance à tous les profs du canton. Tous. Ceux de tous les niveaux, classes enfantines, primaires, secondaires, universitaires, enseignement professionnel, spécialisé. Tous ceux qui, en un quelconque domaine, transmettent des connaissances, une habileté, un savoir-faire. Le métier est magnifique, mais dur. Ce que nous, les citoyens, devons favoriser au maximum, c’est le climat de confiance avec les enseignants. Ils ne doivent pas se sentir dans un monde à part, mais dans l’exercice d’une fonction, ô combien capitale, de notre société : celle de la transmission. La qualité de ce climat est infiniment plus importante que le nombre d’heures de telle ou telle branche. En ce monde plus qu’ailleurs, sachons voir l’essentiel.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Ca sert à quoi, un Parlement ?

     

    Publié dans GHI - 11.06.14

     

    La question est simple : pourquoi un canton d’un demi-million d’habitants doit-il déléguer à cent d’entre eux non seulement d’importants pouvoirs pour la vie de la Cité, mais aussi une visibilité, une notoriété donnant l’impression qu’ils seraient l’alpha et l’oméga de notre vie politique ? Les Parlements, ces assemblées qui, dans nos contrées, font les lois depuis la Révolution française, ont-ils encore un sens à l’époque de l’information partagée, où d’autres modèles de citoyenneté, incluant beaucoup plus de monde, sont imaginables ? Il ne s’agit pas, comme on tente mensongèrement de nous le faire croire, d’un débat opposant l’institution à l’opinion. Mais tentant de mettre en dialogue l’institution actuelle (parlementaire), face à d’autres institutions, plus globales, à inventer. Où le démos (le corps électoral) serait simplement élargi, comme il l’est déjà aujourd’hui dans les initiatives et les référendums.

     

    Musique d’avenir ? Oui, bien sûr. Mais il faut y réfléchir. Parce que les temps ont changé. L’époque des Diètes, dans lesquelles on envoyait siéger des notables, date du temps des diligences. D’où l’habitude, assez étrange, qu’a gardée le Parlement suisse de ne se réunir, de façon ordinaire, que quatre fois par an, avec un calendrier connu des années à l’avance. Antique liturgie, en décalage avec les accélérations de la politique. Et puis, il y a le degré de connaissance des dossiers. Nous vivons aujourd’hui le temps de l’information partagée, c’est même la révolution majeure de notre époque. Si le suffrage universel peut se prononcer sur des initiatives et des référendums, pourquoi ne le pourrait-il pas plus systématiquement, non pour réagir à des lois, mais pour les créer lui-même ? D’ici deux ou trois générations, j’en suis certain, nos enfants ou petits-enfants auront empoigné ces problèmes.

     

    Evidemment, les parlementaires eux-mêmes (tous, cantonaux ou fédéraux) sont les premiers à refuser ce débat. Vous leur parlez extension du suffrage universel, ils vous traitent aussitôt de populistes, ou (pour les plus cultivés d’entre eux) de partisans d’une démocratie plébiscitaire, de type bonapartiste, où les pouvoirs intermédiaires (le leur, évidemment) perdraient du terrain. En nous répondant ainsi, en qualifiant avec mépris de « démocratie d’opinion » le pouvoir du peuple, ils nous mentent. Ils tentent de nous faire croire que d’un côté, il y aurait l’institution légitime, et de l’autre l’imprévisible férocité de l’opinion. Mensonge, oui : l’initiative et le référendum, par exemple, ne sont pas mouvements d’opinion, mais organes, parfaitement prévus par notre Constitution, de décision démocratique. Au même titre – ni plus, ni moins – que la délibération parlementaire.

     

    Je dis « ni plus, ni moins ». Il n’est aucunement question de supprimer l’institution parlementaire. Mais d’imaginer des modèles d’extension du suffrage universel. Surtout, refuser avec la dernière énergie ce grief de « populisme » jeté comme une antienne par  une caste intermédiaire qui, sous prétexte qu’elle a un jour été élue, entend confisquer au peuple une participation accrue aux décisions qui serait pourtant aussi salutaire que bienvenue.

     

    Pascal Décaillet