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Commentaires GHI - Page 201

  • Parler au peuple : tout commence par là !

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 14.12.16

     

    « Je vous ai compris ! ». En cinq syllabes, prononcées le 4 juin 1958, sur le balcon du Gouvernement général, à Alger, Charles de Gaulle, qui vient de revenir aux affaires après douze ans et demi d’absence (20 janvier 1946), galvanise une foule et inscrit son verbe dans le marbre de l’Histoire. Qu’il ait, en fait, inauguré quatre ans de malentendus avec les Français d’Algérie, n’a pas été retenu. On se souvient juste de la magie des quatre mots, ils nous assaillent la mémoire. On peut dire la même chose de Kennedy à Berlin, « Ich bin ein Berliner », quatre mots aussi. Ou de Martin Luther King, « I have a dream », quatre syllabes. Chaque fois, le mot « Je », chaque fois un choc de sons très courts. Chaque fois, l’homme parle au peuple. Avec des mots simples, des mots de tous les jours. Les mots du cœur. Les pète-sec, toutes lèvres pincées, appellent cela « le langage affectif », qu’ils opposent au discours rationnel. Comme s’il était déshonorant de s’adresser aux gens avec des mots qu’ils comprennent.

     

    La vérité, c’est que peu de politiques savent parler au peuple. Ils ont appris, au mieux, à s’exprimer dans le gros plan d’une émission TV, surtout ne pas trop bouger, pas d’esclandre, pas d’outrance. Ils l’ont tellement bien appris qu’ils en ont totalement perdu le goût de l’estrade, de la foule à conquérir, parler loin, pour le dernier, tout au fond de la salle, comme au théâtre. La foule : s’adresser à elle, la prendre à partie, la faire rire, l’émouvoir, la faire vibrer aux accents de fraternité. Très longtemps, ce fut cela, la rhétorique politique, ça passait par le miracle d’une voix. Aujourd’hui, on la juge excessive, parce qu’il faut s’inscrire dans des formats : le plan TV, le nombre de signes Twitter. Souvent, on y perd en énergie, en saveur, en présence. Et les quelques rares qui osent encore l’adresse directe au plus grand nombre, on les qualifie de « populistes ». On les étiquette. On les sort du champ. On les maudit.

     

    Evidemment, on a tort. Parler simplement, pour être reçu par tous, n’appauvrit en rien le propos : au contraire, cela le sert ! A qui s’adresse le politique ? A un corps électoral (en Suisse, au niveau fédéral, toute personne ayant la nationalité, et l’âge de 18 ans) de plusieurs millions d’âmes. Toutes, assurément, ne sont pas agrégées de grammaire ! Ni lectrices de Kant. Donc, il faut aller vers elles. C’est aussi simple que cela. Sans aucune concession sur le fond. Mais en le traduisant en mot clairs, audibles, imagés, immédiatement compréhensibles. Parler au grand nombre, c’est servir la citoyenneté, puisqu’on étendra le champ de la compréhension. J’invite ici toutes les femmes, tous les hommes qui font de la politique, de gauche ou de droite, de tous bords, à s’imposer l’absolue rigueur rhétorique de la clarté et de la simplicité. Au service de tous ! Si cela, c’est être populiste, alors je veux bien : soyons tous populistes, dans ce sens-là, celui de parler au peuple avec les mots qui sont les siens.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Vive Philippe Morel !

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 07.12.16

     

    Philippe Morel : un grand chirurgien, spécialiste de la transplantation, respecté par tous, en Suisse et à l’étranger. Un homme qui a sauvé des vies. Un professeur de médecine. Un député de la République. Et en plus, un colonel. Un homme sympathique, chaleureux, travailleur infatigable, surdoué dans son métier. Bref, un type comme on aimerait qu’il y en ait un peu plus.

     

    Alors voilà, les succès créent des jaloux, toujours et partout. Dans sa profession, aux HUG, dans la politique, dans tous les domaines où il s’active. En soi, rien de grave. Sauf que là, ça commence à prendre des proportions dantesques. Ou romanesques. Il y en a, bien cachés, qui veulent tellement sa peau que le moindre froncement de sourcil de Morel est pour eux une occasion d’ajuster leur tir. Comme dans le film Stalingrad, le duel entre ces deux tireurs d’élite : on se guette pendant des jours, et au premier mouvement vous êtes mort.

     

    Dans une affaire récente, impliquant un laboratoire des HUG, sur le fond de laquelle nous n’avons pas ici compétence pour statuer, revoilà l’armada des vieux ennemis du Professeur Morel. Ils sont comme ça, ils surgissent régulièrement, comme de beaux diables, tournicotés pas le ressort. Pour ma part, sans rien connaître en médecine, enfin juste comme patient, ni aux bisbilles internes aux HUG, je veux dire ici, publiquement, de façon signée et assumée, mon admiration et mon amitié pour Philippe Morel. Un homme de compétence, de talent et d’enthousiasme. Ça nous change des souris grises. Et des pète-sec.

     

    Pascal Décaillet

     

  • RIE III : on ne gouverne pas par hibernation !

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 07.12.16

     

    RIE III : la troisième réforme de l’imposition des entreprises. Avec ce fameux taux d’imposition unique à 13,49%. Un chiffre réputé savamment calculé, soupesé, au milligramme, pour éviter de faire fuir les multinationales, qui constituent une manne considérable pour la prospérité du canton. RIE III, depuis des mois, obsède littéralement la classe politique genevoise. Au point que certains députés, tous partis confondus, rencontrés par hasard dans la Vieille Ville, ne vous disent plus « Bonjour », mais « RIE III » en vous serrant la main ! Vous leur parlez de M. Renzi, M. Trump ou M. Hollande, ou du stratus d’automne, ils vous écoutent à peine, et reprennent avec « RIE III ». Même le CEVA, en 2009, n’avait réussi à atteindre ce niveau obsessionnel d’incantation.

     

    Le CEVA, parlons-en ! C’est la comparaison qui s’impose. En 2009, nous avons vécu, le même automne, la votation sur le CEVA et les élections cantonales. Face à un parti qui montait (le MCG), il s’agissait de faire preuve de cohésion. Sur un thème, porteur d’avenir. Des radicaux aux Verts, tous les partis gouvernementaux n’ont plus juré que par le CEVA. Tout plan B était immédiatement jeté aux orties, c’était une question de survie : le CEVA ou la mort. C’est exactement dans cet état d’esprit que les partis gouvernementaux nous présentent aujourd’hui RIE III. A les entendre, ministre des Finances en tête, on a l’impression qu’hors de cette question amirale, plus rien n’existe. Il faudrait non seulement accepter le principe, mais le chiffre, au centième près. Nulle contestation possible. On est face au dogme. Faudrait-il, comme à Rome en 1870, conférer au Conseil d’Etat le statut d’Infaillibilité ?

     

    La réponse est non. La politique, ce ne sont ni des dogmes, ni des encycliques. Ça passe par une dialectique. Cela exige un Parlement qui fasse son boulot. Une ouverture de la discussion aux partis non-gouvernementaux (UDC, Ensemble à Gauche), plutôt que de les placer devant le fait accompli. Surtout, cela exclut toute forme « d’arrangement », comme il semble en poindre, par exemple s’abstenir de lancer des initiatives en matière financière, pendant un certain nombre d’années ! Oui, c’est une singulière forme d’armistice qui est en train de se concocter, en substance : « Laissez-nous mener en paix RIE III, en contrepartie nous maintiendrons des acquis ».

     

    Ça n’est pas à cela que doit ressembler la politique. Déjà sur le CEVA en 2009, ce genre de consensus fleurait la naphtaline. Cette manière d’opérer aiguise l’idée que le monde parlementaire passe avec le gouvernement des pactes, plus ou moins publics, sur lesquels il n’a reçu aucun mandat de son électorat. Entre soi, on s’arrange ! Détestable procédé, sur le dos des citoyennes et citoyens de ce canton. Impression d’un petit monde où chacun se tient, entre les murs patriciens de la Ville Haute. Non, la politique ne doit pas être cela. Elle doit, au sens où l’entendait Pierre Mendès France, aller de pair avec la transparence. Le respect de la parole donnée. La confiance. Dans cette affaire, nous en sommes, hélas, assez loin.

     

    Pascal Décaillet