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Commentaires GHI - Page 201

  • Et si on inventait autre chose ?

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 13.05.15

     

    Des affiches, des sourires, des tronches. Tous, l’air sympa. Des campagnes, des stands, des raclettes, des saucisses. Du blanc de messe. Des grappes de militants, qui tentent de vous harponner. Des ballons, pour les enfants. Des annonces dans les journaux, des slogans. Des attaques, des missiles. Des baisers de Judas. Des chats, des chiens, des photos de famille, sur les réseaux sociaux. Ça fait un moment que ça dure, ce système. Les supports changent, en fonction de l’évolution des techniques, mais au fond, voilà bientôt deux siècles que le principe demeure : le citoyen délègue à d’autres le pouvoir de décider à sa place. Siéger en son nom. Dans le délibératif d’une commune (Conseil municipal, à Genève), le législatif d’un canton (Grand Conseil), ou celui de la Confédération (Conseil national, Conseil des Etats). Cela s’appelle la démocratie représentative. D’aucuns nous décrivent ce système comme inégalable, inattaquable : on n’aurait jamais fait mieux. Je ne suis pas certain de partager ce point de vue.

     

    Nous fonctionnons encore comme au temps des diligences. A l’époque où le système de délégation parlementaire se met en place (autour de la Révolution française, puis deux siècles, riches de soubresauts, jusqu’à aujourd’hui), la plupart des gens ne savent pas lire, n’ont pas grande idée de la vie politique de leur pays, ne connaissent pas les lois, seraient incapable d’argumenter, du haut d’une tribune. Alors, on délègue. A des gens instruits, combatifs, courageux, sachant s’exprimer. Et il faut bien dire qu’en ce temps-là, l’invention des parlements fut un progrès exceptionnel par rapport aux systèmes d’Ancien Régime. De sujet, vous deveniez citoyen. En élisant vos députés, vous participiez à la vie du pays. D’abord, seulement les hommes. Puis, beaucoup plus tard (1945 en France, 1971 au niveau fédéral en Suisse), les femmes. Aujourd’hui encore, ma foi, à part rêver à livre ouvert (ce à quoi je m’aventure ici), comment concevoir un meilleur système ?

     

    Il faudrait pourtant, doucement, commencer à inventer autre chose. Juste après l’antenne, ce dimanche 10 mai vers 18.45h, à Uni Mail, je discutais avec Pierre Conne, candidat PLR non-élu, mais fort bien placé, et ayant mené une belle campagne. Et il y a eu un moment, très fort, où ce paisible sexagénaire, ce gentleman aux yeux bleus, m’a glissé : « Il faut que les jeunes inventent autre chose. Nous sommes au bout d’un système ». Je crois qu’il a raison.

     

    Le lieu, certes, l’ambiance, avec cette surabondance de candidats, heureux ou déçus dans le jeu de miroirs de leurs ambitions, tout cela se prêtait à un sentiment de trop-plein, presque de nausée. Allons-nous, pour l’éternité, laisser se développer, comme une machine à Tinguely, la mécanique recommencée de ces cirques électoraux ? Candidats, assemblées, affiches, coups bas, alliances de dernière minute, promesses ? N’est-il pas temps d’inventer un nouveau système démocratique, où le citoyen, la citoyenne, serait en prise plus directe avec les décisions à prendre ? Je ne parle ici, vous l’avez compris, ni de demain, ni d’après-demain. Mais d’une évolution, dans les générations qui viennent, de notre rapport à la citoyenneté. En attendant, bonne chance à tous les élus communaux 2015-2020. Et surtout, bon courage !

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le patronat n'appartient pas aux libéraux

     


    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 15.04.15



    L’UDC genevoise voit rouge. Dans un communiqué publié le 8 avril, sa présidente, Céline Amaudruz, ainsi que le secrétaire général, Eric Bertinat, disent leur colère. Ils s’en prennent à une lettre, adressée par les plus hautes autorités de la FER (Fédération des entreprises romandes), soit le président Nicolas Brunschwig et le directeur général Blaise Matthey, aux 27'000 entreprises membres de cette organisation patronale, « pour favoriser, en Ville de Genève, le candidat PDC Guillaume Barazzone ». L’UDC genevoise, parti de droite, favorable à l’esprit d’entreprise et à la libre concurrence, voit dans ce soutien non seulement une injustice, mais aussi un décalage complet face à la situation actuelle de l’économie genevoise. Assurément, les arguments et le courroux de ce parti méritent d’être entendus.


     
    Bien entendu, la FER est une organisation libre de ses choix et préférences, elle a le droit de soutenir qui elle veut. Libre à ses entrepreneurs membres (dont votre serviteur) de tenir compte ou non de ses mots d’ordre, après tout nous sommes adultes et vaccinés. Mais tout de même, des questions se posent. Au-delà de cette faîtière et de Genève, pourquoi diable les représentants du patronat, en Suisse, sont-ils à ce point liés aux libéraux, au capitalisme financier, à une conception de l’économie dont le pays tout entier est gentiment en train de revenir, avec le retour des frontières, celui du sentiment d’appartenance, et surtout celui de préférence aux résidents. Préférence cantonale. Préférence nationale, jusqu’à un certain Christophe Darbellay, président du PDC suisse ?


     
    Ce qui exaspère l’UDC genevoise, c’est le soutien sans faille de la FER aux partis de l’Entente (PLR, PDC). Comme si l’UDC (ou d’ailleurs aussi le MCG, les Verts, les Verts libéraux, d’autres encore) n’étaient pas eux aussi des partis d’entreprise. Mais justement, de petits entrepreneurs souvent ! Ceux qui prennent tous les risques. Investissent (donc risquent de perdre) leur propre argent, leur patrimoine. Et qui ont moins accès que d’autres à certains crédits bancaires. Ce sont pourtant ces méritoires aventuriers-là qui sont la sève et le sang de l’économie genevoise de proximité, sa respiration, son poumon. « Ni le PLR, ni même le PDC, poursuit le communiqué de l’UDC, ne sont aujourd’hui les acteurs principaux de la politique économique ». Et ils rappellent ce récent classement de l’USAM (Union suisse des arts et métiers), la faîtière nationale des petits patrons, notamment dans le commerce et l’artisanat, reconnaissant l’UDC comme le parti le plus proche de l’économie en Suisse.


     
    Tiens l’USAM, un mot sur le sujet. Depuis que la présidence de cette organisation, longtemps radicale, est assumée par une personnalité UDC de premier rang, le Fribourgeois Jean-François Rime, on voit fleurir, sous d’improbables plumes libérales, tous les reproches du monde contre ses nouvelles orientations. Comme si la norme, pour l’éternité, de tous les représentants du patronat en Suisse, était la totale obédience à l’idéologie libérale et à ses affidés. Oui, sur ce coup l’UDC genevoise a eu raison de rugir. Non, les patrons ne sont pas tous libéraux. Oui, certaines organisations,  à Genève comme en Suisse, sont en retard de plusieurs guerres. Des changements s’imposent.


     
    Pascal Décaillet

     

  • Envoyons les meilleurs !

     

    Commentaire publié dans GHI - 01.04.15

     

    45 communes, une dizaine de partis cantonaux, des ententes communales, des indépendants, des hommes, des femmes, des vieux, des jeunes : il y en a pour tous les goûts. Il appartient à chacun d’entre nous de se décider en conscience. Le candidat idéal, ou la candidate, existe pourtant. Tous partis confondus, commençons par voter pour ceux qui ont férocement envie d’exercer la fonction. Ceux que nous avons vus sur le terrain, sur les stands, qui nous ont allumés, excédés peut-être, mais dont on sent qu’ils sont habités par le démon politique. Sans cette passion, viscérale, rien n’est possible. Pour convaincre les autres, il faut commencer par y croire soi-même.

     

    Car le chemin est rude. Toutes ces centaines de candidats aux Conseils municipaux (délibératifs), quel sera leur destin, s’ils sont élus ? Eh bien, siéger, ma foi ! Se pencher sur des sujets concrets, qui à la plupart d’entre nous paraissent horriblement fastidieux. C’est le début de « l’exercice de l’Etat » : il y faut de l’abnégation, de la discipline, du dévouement à l’intérêt public. Oui, les élus municipaux méritent respect et reconnaissance. Par délégation, ils assument des tâches que les citoyens sont bien contents de leur refiler, Et s’il est un échelon où la démocratie « représentative » mérite son nom et sa grandeur, c’est bien celui de la commune. C’est là, dans notre pays, que tout commence. La commune est plus ancienne que les cantons, ne parlons pas de l’Etat fédéral (1848). Elle est le début et la source de toute citoyenneté. Tous partis confondus, pour la servir, envoyons les meilleurs.

     

     

    Pascal Décaillet