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Commentaires GHI - Page 198

  • Moins de signatures ? Mais oui, bien sûr !

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 01.02.17

     

    Genevois, soyez sur vos gardes. Il y a des gens, dans ce canton, à commencer par les deux partis de l’Entente (PLR, PDC), qui œuvrent contre l’extension de vos droits populaires.  En clair, contre l’abaissement du nombre de signatures pour les deux actes majeurs, dans notre démocratie directe, que sont l’initiative et le référendum. Abaissement demandé à l’origine par Ensemble à Gauche, les socialistes, les Verts, l’UDC et le MCG. Un projet de loi constitutionnel déposé par l’une des plus grandes figures politiques de notre Canton, Christian Grobet.

     

    Pour les initiatives constitutionnelles, le nombre de signatures à récolter passerait à 7'500 (au lieu de 10'000). Pour les initiatives législatives et les référendums, à 5'000 (au lieu de 7'500). Il s’agirait donc de modifier notre nouvelle Constitution cantonale, récemment entrée en vigueur. Le Grand Conseil s’est penché sur ce texte vendredi 27 janvier, mais le vote final a été ajourné, suite à une singulière intervention du Président du Conseil d’Etat.

     

    L’affaire n’a rien de technique, elle est totalement politique. De quoi s’agit-il ? De nos droits populaires ! De cet instrument, incomparable au monde, dont nous disposons en Suisse, qui s’appelle la démocratie directe. Chez nous, le « peuple » (entendez : le corps électoral, le suffrage universel) est souverain. Cela ne signifie pas qu’il ait « raison », mais qu’il tranche en ultime instance. Il peut soit contester une loi parlementaire (référendum), soit, bien mieux encore, modifier directement la Constitution, suite à un vaste débat populaire (initiative). Ces deux démarches sont incroyablement précieuses. Elles constituent l’ADN de notre rapport à la démocratie. Elles permettent un exceptionnel contre-pouvoir du peuple face au monde des élus, une soupape. Cela nous a sans doute évité, dans notre Histoire, des soulèvements de rue, avec fracture du tissu social.

     

    Dès lors, face à l’idée d’abaisser le nombre de signatures, donc de favoriser la possibilité pour le peuple de s’exprimer, la ligne de front est toujours la même : les partis d’opposition sont pour, les notables sont contre. Mais à ce petit jeu, il faut faire attention : les majorités peuvent changer, et les installés d’aujourd’hui peuvent devenir les contestataires de demain. Cela est très bien, très sain, cela s’appelle l’alternance. Hélas, à Genève, il existe deux partis qui, sous prétexte de se partager le pouvoir depuis l’avant-guerre, sous le nom si excitant « d’Entente », s’imaginent qu’ils y resteront pour l’éternité. Ils ont tort, évidemment.

     

    Quant au Président du Conseil d’Etat, fort nerveux, ce vendredi 27, dans un cénacle qui n’était d’ailleurs pas le sien, le signal qu’il délivre, en obtenant un report des débats, est celui de la peur de l’expression populaire, par la voie de la démocratie directe. Derrière lui, le PLR et le PDC, oui la bonne vieille Entente, soutiennent le combat d’arrière-garde. Et donnent l’impression de se boucher le nez, dès que le corps électoral fait usage d’un droit qui est, simplement, le sien. La fin de règne approche.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Naturalisations : le droit de dire non

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 25.01.17

     

    Le 12 février, nous nous prononcerons sur la naturalisation facilitée des étrangers de la troisième génération. Il ne s’agit pas de l’octroyer de façon automatique : les jeunes concernés devront en faire la demande, avoir moins de 25 ans, être nés en Suisse, y avoir fait cinq ans d’école ; l’un des parents devra avoir passé au moins dix ans dans notre pays ; l’un des grands-parents, être né en Suisse ou y avoir obtenu un droit de séjour.

     

    Sur cet objet, comme sur toute votation qui lui est soumise, chaque citoyenne, chaque citoyen de notre pays a totalement le droit le dire oui. Et, tout aussi totalement, celui de dire non. Il n’appartient à personne de faire régner, dans un sens ou dans l’autre, un climat de pesanteur et de menace morale. Par exemple, en traitant de xénophobes les partisans du non. Les citoyens ne se laisseront pas impressionner par ce genre d’intimidations, d’ailleurs largement contre-productives : chacun d’entre nous, de Genève à Romanshorn, de Bâle à Chiasso, votera en conscience. Nul n’a de leçon à recevoir de quiconque.

     

    Dans mon émission « Les Yeux dans les Yeux », sur Léman Bleu, j’ai donné la parole aux deux camps : la Verte Lisa Mazzone pour les partisans ; l’UDC Éric Bertinat pour les opposants. Chacun avait des arguments valables, méritant d’être pris en considération. Il nous appartient de les écouter, eux et les autres, puis, en totale liberté citoyenne, de faire notre choix. Les partisans nous disent que, de facto, par leur intégration, ces jeunes sont déjà quasiment des Suisses. Les opposants nous rappellent que la naturalisation doit se mériter, et qu’il n’y a pas de raison particulière de la « faciliter » pour une catégorie, plutôt qu’une autre. Fort bien. Encaissons tous ces arguments, brassons cela, réfléchissons, et… décidons.

     

    Mais décidons souverainement. En nous demandant, chacun d’entre nous, quelle solution sera la meilleure pour notre pays, sa cohésion, son tissu social. Et non en nous laissant diaboliser par un camp, qui s’érige, on se demande bien en quel honneur, en défenseur du Bien et de la morale. On a le droit de dire oui. Et on a celui de dire non. Comme nous avions ces deux droits, en parfaite égalité, le 6 décembre 1992, sur l’Espace économique européen ; comme nous l’avions le 9 février 2014, sur l’immigration de masse. Nous sommes des citoyennes et des citoyens libres. Nous n’avons de mot d’ordre, ni de leçons de morale, à nous faire asséner par personne.

     

    Quant aux petits prédicateurs de pacotille qui croient impressionner le citoyen en traitant de « xénophobes », voire de « racistes » les partisans du non, ils pourraient bien, au soir du 12 février, en être pour leurs frais : le corps électoral suisse, adulte, mûr et vacciné, rompu comme nul autre à l’exercice de la démocratie directe, déteste ce genre d’insultes et de pressions. On lui pose une question. Il a le droit de dire oui. Et il a le droit de dire non. C’est ainsi. Et c’est tout.

     

    Pascal Décaillet

     

       

     

  • On vote comme on veut !

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 18.01.17

     

    Je vais vous dire une chose : nous sommes des citoyennes et des citoyens libres. Adultes, vaccinés. La politique, c’est nous qui la faisons. Par l’exercice de la démocratie directe, ou en décidant qui nous voulons envoyer siéger dans les Conseils. Les conseillers municipaux, administratifs, les députés, les conseillers d’État, les conseillers nationaux et aux États, c’est nous qui les élisons. Nous sommes la clef de voûte, la pierre angulaire. De nous dépend le destin de nos représentants. Et, beaucoup plus important, celui de nos communes, de nos cantons, de notre Confédération. Ensemble, nous constituons un corps électoral, qu’on appelle, pour faire court, « le peuple ». Il faudrait dire, comme en grec : « le démos ». Entendez le peuple souverain, celui qui vote, qui décide.

     

    Je me permets d’insister sur ces points, parce que nous sommes des citoyens, pas des sujets. Ce sont les élus qui ont des comptes à nous rendre, pas le contraire. Et j’encourage chacun d’entre vous à prendre intimement possession de cette parcelle – certes infime, individuellement, mais indivisible – de pouvoir qui est nôtre. Dans cet esprit, il convient de pousser un gros coup de colère face à certaines tonalités, de la part d’élus, pour nous intimer l’ordre de ce qu’il faut voter. Chacun de nous a certes le droit de tenter de convaincre le plus grand nombre. Mais il y a la manière. Ce qui ne passe pas, c’est de nous seriner, à longueur de campagne, sur tel ou tel sujet, qu’il faudrait à tout prix voter dans leur sens, sous prétexte qu’il n’y aurait pas de plan B.

     

    Il s’agit bien sûr d’une imposture. Prenez RIE III, l’importante votation fédérale du 12 février prochain sur la réforme de l’imposition des entreprises. La majorité de la classe politique genevoise, qui veut à tout prix (à tort ou à raison) faire passer cette réforme, multiplie de façon vraiment lassante, et sans doute contre-productive, les allusions apocalyptiques en cas de non. Il faudrait à tout prix dire oui, sous peine de fin du monde. Rien qu’à cause de ce ton, certains risquent de voter non. Dans notre système suisse, où les gens sont rompus (beaucoup plus que chez nos voisins) à l’exercice de la démocratie directe, on ne réussira pas à convaincre les citoyens en leur posant un revolver sur la tempe.

     

    Non, les Suissesses et les Suisses ont besoin d’arguments, d’intelligence, de respect, de confiance en leur capacité d’entendement. Depuis plus de trente ans, je couvre les campagnes politiques : chaque fois que l’on tente de forcer la main au citoyen, le résultat va en sens contraire. C’était valable le 6 décembre 1992, sur l’Espace économique européen (campagne que j’ai couverte d’un bout à l’autre du pays). Ou encore le 9 février 2014, sur l’immigration de masse. Pour ne prendre que deux exemples. Nous sommes des citoyens. Chacun d’entre nous a un passé, une vision du monde. Chacun est libre de décider comme il l’entend. Chacun vote comme il veut.

     

    Pascal Décaillet