Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Commentaires GHI - Page 191

  • Que 2017 soit l'année de la lucidité !

    image_612.jpg 

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 04.01.16

     

    Du Brexit à l’élection de Donald Trump, en passant par le 9 février 2014, nos belles âmes ne cessent de se repentir : « Nous n’avons rien vu venir ». Que font-elles ? Elles passent leur temps à proclamer leur cécité. Comme si être aveugle était leur nature, inéluctable. Une fois de plus, elles se trompent. En politique, nul n’est certes devin. Mais passer totalement à côté du réel ne relève pas d’une fatalité. Pour lire, décrypter les enjeux, il existe des outils. Pas ceux de la compassion. Ni de la morale. Non.  La lente, patiente, observation du réel, sur de longues années, parfois des décennies, la lecture de milliers de livres d’Histoire, la fréquentation des archives et des témoignages. Cela exige assurément un certain effort, peut-être même une vie d’ascèse. Dans cet ordre d’action, comme dans celui de l’écriture, il ne faut pas être paresseux.

     

    Des horreurs, dans ce monde, il y en a. Il y en eut, il y en aura toujours. Le principe de la guerre, avec tout ce qu’il a de mortifère, dévastateur, avec son lot de violences extrêmes, est profondément ancré dans l’espèce humaine. Je doute, pour ma part, qu’on puisse jamais l’éradiquer. De Stalingrad à Alep, de Coventry à Dresde, il y aura toujours des civils sous les bombes, des innocents massacrés, comme dans les Ecritures, et comme « Les Tragiques », ce chef d’œuvre d’Agrippa d’Aubigné, qui nous raconte, en vers, les Guerres de Religion, et notamment la journée sanglante de la Saint-Barthélemy, ce 24 août 1572, où les protestants de France, sous le règne de Charles IX, furent massacrés dans d’atroces souffrances. A l’époque, il n’y avait ni radio, ni télévision, ni même des journaux, ni réseaux sociaux. Mais il y eut le regard de ce grand poète, Théodore Agrippa d’Aubigné, mort à Genève le 9 mai 1630. Comme la Guerre de Troie eut Homère, les Guerres de Religion eurent Agrippa.

     

    C’est de cela que nous avons besoin : le regard. Nous n’avons pas le génie du poète, ni celui du romancier, mais il n’est interdit à personne d’entre nous de s’intéresser à la marche du monde. Ce travail, immense et passionnant, ne passe pas par des leçons de morale, mais par l’observation du réel. Je n’invite pas ici au cynisme, fût-il celui, génial, d’un Machiavel, non, nous avons tous le droit de nous émouvoir. Mais je ne pense pas que l’émotion doive primer sur l’impérieuse nécessité de compréhension. Cette dernière implique de s’intéresser à toutes les parties présentes dans des conflits, y compris celles que l’on juge coupables. Elle exige surtout, pays par pays, région par région, une intense plongée dans l’Histoire : que comprendre de l’affaire syrienne, si complexe, sans s’instruire sur le morcellement confessionnel, l’héritage colonial, les rivalités de clans, de tribus, le poids des grandes puissances de la région, comme la Perse, ou la Turquie ? Dans cette optique, j’invite chaque lectrice, chaque lecteur, à ouvrir des livres d’Histoire, en lire cent avant d’émettre le premier jugement. Que 2017 soit l’année de la lucidité ! Je vous la souhaite, à tous, chaleureuse et riche de découvertes.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Courage et vision

    topelement.jpg Commentaire publié dans GHI - 21.12.16

     

    Il n’est pas toujours facile d’avoir raison avant tout le monde. Surtout lorsque Noël approche, avec son ambiance de cadeaux, sa nécessité d’apaisement des consciences. On passe pour un bougon, un empêcheur : c’est l’habit qu’a dû endosser le député PLR Cyril Aellen, porte-voix d’une opposition de 40 députés, ceux qui ont dit non au budget 2017 du Canton de Genève. Contre 56, vainqueurs, qui ont dit oui.

     

    Cyril Aellen est l’un des meilleurs députés de la République, sans doute le meilleur. Son refus du budget ne procède pas d’un coup de tête, ni d’une quelconque intention de se profiler : il aurait pu allègrement être candidat au Conseil d’Etat en 2018, il avait franchement ses chances, il a préféré ne pas l’être.

     

    Non. Nous avons simplement affaire à un parlementaire qui a du courage, et de la vision. Sa politique budgétaire, qui refuse les déficits et veut combattre à la source l’endettement, Cyril Aellen ne l’a pas élaborée sur un coup de tête : il la couve et la développe, patiemment, depuis des années. L’homme est solide, cohérent, il prend son temps, sait où il va.

     

    J’écris ces lignes, d’autant plus volontiers qu’avec mon vieux fond plutôt étatiste, je ne partage pas les options libérales du député Aellen. Et peut-être l’aurais-je voté, ce budget, que sais-je ? Mais le combat solitaire et courageux d’un homme à la pensée structurée et au caractère bien trempé, ne peut que provoquer mon admiration. Il n’est vraiment pas candidat, en 2018 ? C’est bien dommage !

     

    Pascal Décaillet

     

  • 2017 : l'autre printemps des peuples !

    printemps-des-peuples.jpg 

     Commentaire publié dans GHI - Mercredi 21.12.16

     

    Le printemps des peuples, c’était 1848, cette année si décisive pour la Suisse. Mais en voici poindre un autre, près de deux siècles plus tard : celui des masses citoyennes, contre des élus sourds à leurs volontés.

     

     

    On les entend déjà depuis des mois, ces voix des peuples qui n’en peuvent plus de gronder. 9 février 2014, Brexit, élection de Donald Trump, il y a dans notre monde quelque chose qui commence à bouger. Oh, ça n’est pas linéaire, l’Histoire ne l’est jamais : sa démarche est celle du crabe, titubante, chancelante, incertaine. Nul progrès qui ne soit suivi de recul. Nulle éclaircie sans ténèbres. Mais enfin, nous le percevons tous, il y a, venu des entrailles de la terre, comme un tremblement précurseur. J’ai parlé ici de Révolution conservatrice, je le crois plus que jamais. Mais il y a aussi la promesse, et peut-être l’imminence, d’un printemps des peuples. Un bourgeonnement des consciences. Une volonté de s’approprier la politique de façon massive, directe, par le suffrage universel. Sans trop s’en laisser conter par les corps intermédiaires. En Suisse, nous connaissons cela, grâce à l’outil incomparable de la démocratie directe. Mais beaucoup de nos voisins, qui en sont aujourd’hui privés, rêvent de s’en emparer.

     

    Dire cela, est-ce de l’antiparlementarisme ? Oui, si vous voulez. J’assume sans hésitation, pour ma part, une vieille et viscérale méfiance face aux cénacles d’élus, lorsque ces derniers, hélas, torpillent les décisions du suffrage universel, comme ils viennent de le faire, à Berne, dans l’application du 9 février 2014. Lorsque les Chambres fédérales, après des mois de palabres, démontent à ce point la volonté souverainement exprimée par le peuple et les cantons, c’est le rapport de confiance lui-même, entre le peuple et ses élus, qui se trouve entamé. Une fois de plus ! Comme il le fut pour les Français, après leur décision sur le Traité européen, au printemps 2005. Les Parlements de notre vieille Europe, naguère si libérateurs lorsqu’il s’agissait de combattre l’absolutisme d’Ancien Régime, ne voient-il pas qu’ils se transforment eux-mêmes en machines à s’isoler ? C’est grave, c’est central, c’est autour de cette surdité coupable que s’articuleront, dans nos pays, les prochaines Révolutions : contre les corps intermédiaires, pour le suffrage universel.

     

    Je dis bien « le suffrage universel ». Je ne dis pas « le peuple », mot certes plus beau, plus chaud, plus romantique, mais pas assez précis. Ce qui m’intéresse, c’est le « démos », le corps électoral. Pas la masse hurlante des rues. Le Révolution que je sens poindre, je ne souhaite certainement pas qu’elle soit celle du débordement, mais au contraire celle de masses citoyennes qui, au fil des ans, de dotent des moyens institutionnels d’influer sur le pouvoir. Comme nous en disposons, en Suisse, avec les initiatives et les référendums. La décision de quatre millions de citoyens, sur un objet précis, un beau dimanche, au terme d’une vaste campagne nationale, vaut bien celle de 246 parlementaires, non ? Alors, voilà, 2017 pourrait bien être une année décisive, tiens disons déjà en France, dans la montée de ce sentiment populaire. Guettons cela, vivons-le, avec la passion qui est la nôtre. A tous, j’adresse ici mes meilleurs vœux pour les Fêtes de fin d’année.

     

    Pascal Décaillet