Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Commentaires GHI - Page 180

  • Occasion ratée

    20180118163620732.jpg?puid=
     

    Commentaire publié dans GHI - 24.01.18

     

    La Suisse, à ma connaissance n’est pas le 51ème État américain. Elle ne fait pas, non plus, partie du Royaume-Uni. Ni du Commonwealth. On y parle quatre magnifique langues, surgies de notre Histoire : le français, l’allemand, l’italien, le romanche. C’est dans ces langues que le génie suisse s’exprime. Si vous êtes un personnage officiel de notre pays, vous avez de la chance : vous avez le choix, où que vous soyez en Suisse, entre quatre langues pour prendre la parole.

     

    Bref, je n’ai pas aimé du tout entendre notre Président de la Confédération (contre lequel je n’ai rien, loin de là) s’exprimer en anglais dans son discours à Davos. Oh, il le parle fort bien. Mais il parle encore mieux le français, sa langue maternelle, ou l’allemand, qu’il maîtrise parfaitement, sans doute aussi a-t-il d’excellentes notions d’italien. Plus que tout autre, par sa culture personnelle, et sa richesse de connaissances sur ce qui touche la Suisse, Alain Berset avait, à Davos, une occasion : celle de délivrer, dans l’une de nos langues nationales, un message puissant face à l’aréopage cosmopolite de ce Forum.

     

    Si j’avais été à sa place, j’aurais même dit quelques mots en romanche, cette langue superbe jaillie des entrailles rhétiques des Grisons. Histoire de bien leur montrer, à tous ces anglophones planétaires, à quel point la Suisse est belle et variée, respectueuse de ce qui est petit. Ancrée dans ses traditions, aussi, pour justement se projeter vers l’Autre. Oui, une occasion ratée. Au profit, hélas, d’une allégeance.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La politique, ça s'apprend dès l'école !

    5270870.image 

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.01.18

     

    En Suisse, c’est à partir de l’âge de 18 ans qu’on peut voter. Mais c’est bien en amont qu’il faut initier les jeunes à décortiquer le langage politique ! Comment imaginer, en 2018, dans un monde envahi par les messages, submergé d’invitations à voter pour X ou Y, que subitement, un jeune soit irradié, le jour de ses 18 ans, par les lumières de la compréhension politique ? Comment le serait-il, à moins d’un parcours personnel (ce qui est rare), si, dans les années précédentes, il n’a pas été initié à une lecture critique de ce que le monde politique pourra lui délivrer, toute sa vie, comme propagande ? Ce travail passionnant, aux confins de l’Histoire et de la linguistique, le seul acteur qui peut l’entreprendre à une grande échelle, de façon égalitaire, citoyenne, c’est l’école. Quelle école ? Mais celle de la République, l’école pour tous, celle qui est réputée nous donner des clefs pour nous aider à affronter la vie.

     

    Ce travail d’initiation, il faut qu’il soit vivant, plaisant, excitant. Il doit faire de l’élève un acteur, et non juste un récepteur à qui on inculquerait, comme à une oie gavée, les notions de base sur le Grand Conseil, le Conseil d’Etat, le National, les Etats, le Conseil fédéral, etc. Beaucoup d’enseignants le font déjà, avec des débats citoyens, comme dans les parlements de jeunes, sur des thèmes d’actualité. Les élèves y tiennent des rôles, prennent position, apprennent à argumenter en écoutant l’adversaire, ce qui est loin d’être si facile.

     

    Tout cela, c’est très bien. Mais il faut aller beaucoup plus loin : la parole médiatique, celle des journaux, des sites, des radios, des TV, doit être abordée de façon critique. Pour cela, il faut prendre le temps d’écouter des émissions, ou les visionner, démonter les mécanismes du langage, analyser le discours. Non pour condamner tel intervenant, mais simplement pour comprendre comment le langage, notamment l’oralité, fonctionne. Ces ateliers, qui existent déjà, doivent se multiplier : ça n’est pas un luxe, mais une absolue priorité pour former les citoyens de demain.

     

    Il se n’agit pas de « faire de la politique à l’école ». Mais de faire de l’école le lieu privilégié où l’on acquiert les outils de compréhension du langage politique. Le sens critique, ça s’apprend. Ça s’aiguise. Et cet apprentissage, mené par des profs enthousiastes et éveillés, dans des ateliers et surtout pas dans des cours, doit avoir les vertus d’une mise en appétit. Ces lieux de vie, autour du langage, où la parole se capte avec un micro, puis s’écoute à plusieurs, doivent mettre en jeu le rapport de chacun avec l’expression orale. Chacun doit y être respecté. La formation doit se faire dans l’esprit d’un humanisme révélateur des qualités individuelles. Il faut qu’on s’y engage, qu’on y mette du sien, qu’on s’y engueule un peu, qu’on y éclate parfois de rire. Comme dans la vie. Oui, je rêve que l’école consacre beaucoup plus de temps à former des citoyennes et des citoyens. Et pas seulement des consommateurs. Ou des clients.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • En être, ou ne pas être

    grandpingouin.jpg 

    Commentaire publié dans GHI - 17.01.18

     

    Il y a, dans le Forum de Davos, quelque chose de fascinant. Non qu’il existe, il en a bien sûr le droit. Non qu’il concentre, l’espace de quelques jours, une galaxie de pointures rappelant les plus étincelants bottiers de Milan. Non qu’il rayonne, depuis tant d’années, par une singulière légitimité auto-proclamée, dépassant de loin celle de toute réunion privée, ou mondaine, sur la planète. Rien de tout cela, non, non, non.

     

    Ce qui stupéfie, c’est l’empressement des politiques, au plus haut niveau de la Confédération, à vouloir à tout prix paraître dans ce cliquetis qui brille et virevolte. En être, ou ne pas être ! A cet égard, il était particulièrement choquant d’entendre, sur une onde publique, un confrère déclarer que notre Président, Alain Berset, allait tout faire pour obtenir un entretien avec Donald Trump.

     

    Choquant, parce que le Président des Etats-Unis a choisi de venir sur territoire suisse. A ce titre, c’est à lui, comme n’importe quel autre chef d’Etat, d’annoncer sa venue à M. Berset, et de solliciter un entretien, même de simple courtoisie, avec lui.

     

    Mais l’inverse, Alain Berset accourant vers Donald Trump au milieu des pingouins dans les cocktails, voilà qui confirme Davos comme un îlot entre ploutocrates, indifférents aux nations et aux convenances, agissant, partout sur la planète, comme bon leur semble. Parce qu’ils seraient au-dessus des lois. Nous, les Suisses, sommes citoyennes et citoyens d’un tout petit pays. Mais tous, nous tenons à son honneur, surtout face aux géants, dans le concert des nations.

     

    Pascal Décaillet