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Commentaires GHI - Page 180

  • DIP : voracité PLR

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 13.09.17

     

    Ils sont comme des requins, attirés par la moindre goutte de sang : ils vont chercher le point faible. Nathalie Fontanet et Alexandre de Senarclens, les deux candidats PLR (avec, jusqu’à nouvel ordre, Pierre Maudet) au Conseil d’Etat, multiplient les attaques contre Anne Emery-Torracinta, cheffe du DIP. Elle aurait, par exemple, laissé en jachère le champ de l’initiation au numérique, véritable dada de tout PLR, sur Genève ou sur Vaud, frénétique « d’innovation », obsédé par l’idée de se montrer branché dans ce secteur, moderne, à la pointe. Entre deux hymnes à la blanche félicité des start-ups.

     

    La cheffe du DIP a-t-elle négligé l’importance de l’informatique ? Pas sûr. Ce qui, en revanche, est certain, c’est que cette ministre, clairement choisie comme cible privilégiée par le PLR, n’a absolument pas démérité pendant son mandat. Elle n’a peut-être pas eu le souffle d’un Jules Ferry, ni d’un André Chavanne. Mais enfin, que je sache, elle n’a commis aucune erreur majeure, qui puisse être comparée à une mauvaise gestion du G8, de la police ou de la mobilité, pour prendre trois exemples, au hasard, de ces quinze dernières années.

     

    Sera-t-elle réélue ? Je n’en sais rien. Mais à mes yeux, son bilan est parfaitement comparable à ceux de ses collègues. Tout au plus fait-elle moins de tintamarre que d’autres sur la communication. Elle ne se déplace pas en Harley. Non. Comme Serge Dal Busco, discret et bosseur, elle fait son boulot. N’en déplaise à la rapace voracité des candidats PLR.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Candidats : l'obsession du réseau

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 06.09.17

     

    La politique est un art compliqué. Pour quelques élus, il est celui de gérer au mieux la Cité, prendre des décisions, anticiper l’avenir, marquer sa génération. Au niveau genevois, qui, depuis la guerre, peut se targuer d’avoir agi à cette hauteur-là ? Peut-être André Chavanne, Christian Grobet, Guy-Olivier Segond, et quelques autres, qui voudront bien me pardonner de ne point les citer. On les aime ou non, mais ils ont imprimé leur trace, ça n’est pas rien. En France, toujours depuis la guerre, de Gaulle, Mendès France, Mitterrand. En Allemagne, Willy Brandt. Bref, à chaque fois une poignée, alors que les politiciens sont légions.

     

    La première nécessité du politicien, c’est de se faire connaître. Emerger. Occuper un espace, d’audience ou de visibilité, qui lui permette d’être identifié. Pas simple ! La concurrence est féroce, surtout à l’interne du parti, les places sont chères, personne ne se fait de cadeaux, il faut jouer des coudes, tenter d’exister. Lorsqu’approchent les élections (nos cantonales, ce sera au printemps 2018), les candidats se mettent à tourner dans tous les sens. Il faut être partout, se montrer, prouver immédiatement, sur un réseau social, qu’on a participé à telle communion d’existence, vibré à telle extase de cocktail, souri dans la meilleure des humeurs, touché, embrassé ses contemporains. Bref, attester qu’on est là, bien vivant, débordant de santé, pétaradant de félicité dans le contact des humains.

     

    A ce jeu d’apparitions, où l’image sainte le dispute à l’aridité du banal, tel conseiller d’Etat PDC, amateur de Harleys, n’ayant besoin de personne (d’autre que lui) pour faire sa pub, fou d’ubiquité, n’a pas son pareil. Il est partout, occupe le terrain jusqu’à l’ultime arpent, rayonne de bonheur. Hélas, tous les candidats ne jouissent pas d’une propension aussi impériale à l’immédiateté. D’aucuns tentent de l’imiter, notre motard archange, sans succès. Et là, gare à la fausse note ! Le public n’est pas dupe, et ne pardonne pas les personnages composés, forçant leur nature. En clair, si vous êtes discret et austère, n’essayez pas le mimer le geste auguste du bateleur, cela se retournera contre vous.

     

    Tenue, entre Versoix et Chancy, dans un périmètre fort restreint, Genève est une République des miroirs. Un palais des glaces. Tout le monde y est partout, les corporations s’y enchaînent, les allégeances s’y déchaînent, les appartenances à des multitudes de sociétés s’y entremêlent. On finit par retrouver absolument partout la même grappe de quelques personnages-clefs, ceux qui ont compris la puissance du réseau. Tant mieux pour eux. Tout au plus pourrions-nous nous interroger sur un système où le miracle d’une apparition l’emporte sur la qualité de l’argument, où la vélocité à se montrer partout prime sur la puissance de solitude. En cas de crise, c’est pourtant cette dernière qui sera indispensable. Ils auront essaimé, papillonné, butiné. Mais au final, que restera-t-il de ces Zébulons tournicotants ? Beaucoup d’écume. Et, comme dans la tragédie, beaucoup de bruit pour rien.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Conseil fédéral : Pierre Maudet a les qualités !

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 30.08.18

     

    En Suisse, ce ne sont pas les quelque cinq millions de citoyennes et citoyens qui élisent le Conseil fédéral, mais seulement les 246 membres de l’Assemblée fédérale (200 conseillers nationaux, 46 conseillers aux États). Un mode électoral que le peuple lui-même a récemment confirmé en votation populaire. Lorsqu’un candidat « fait campagne », ça n’est donc pas pour convaincre les masses populaires, comme lors d’une initiative ou d’un référendum, mais juste les 246. Ce côté cénacle, ou jeu de miroirs, il faut constamment l’avoir à l’esprit lorsqu’on commente la campagne. A bien des égards, c’est comparable au travail de conviction que doit opérer le candidat à la direction d’un théâtre, en allant convaincre, un à un, les membres du Conseil de fondation.

     

    L’aspect public, pourtant, existe. Pierre Maudet, pour Genève, ça n’est pas exactement un inconnu ! Ni Mme Moret, pour un Vaudois. Ni M. Cassis, au Tessin. Ce sont même trois personnalités très connues, très exposées, de la vie politique en Suisse. Si Maudet passe au Conseil fédéral, il y aura d’immédiates conséquences sur la campagne électorale genevoise du printemps 2018 pour le Conseil d’Etat. Surtout, il y aurait à Berne, au plus haut niveau, un nouveau souffle, un nouveau style. Qu’on aime ou non le radical genevois, il faut bien reconnaître qu’il incarne une rupture. L’émergence, avec toutes ses qualités et tous ses défauts, d’une figure entière, visionnaire, audacieuse, dans le petit monde, si prudent, de la molasse fédérale. Disons-le tout net : l’arrivée du Genevois constituerait, en termes de style politique, de rapport à la parole, et même à la pensée, l’irruption d’une contre-figure majeure par rapport à Didier Burkhalter.

     

    A partir de là, quid ? Franchement, nous n’en savons rien ! Pierre Maudet sera-t-il retenu, vendredi 1er septembre, sur le ticket du groupe PLR ? Si oui, sera-t-il élu le mercredi 20 septembre ? Nous verrons bien. Tout au plus chacun de nous peut-il énoncer et assumer une préférence : la mienne, clairement, va à Pierre Maudet. Malgré les nombreuses réserves qu’ici même, dans ce journal, j’émets depuis des années sur son style de gouvernement : auto-promotion excessive, pratique des fusibles, tendance à vouloir chaque jour réinventer la politique, comme si rien de bon ne s’était fait auparavant. Mais face à ces défauts, que de qualités ! Puissance de travail exceptionnelle, énergie phénoménale, approche visionnaire des problèmes, si loin du bric-à-brac et de la cuisine trop souvent propres à la politique suisse. A cela s’ajoutent un réseau d’enfer, dûment cultivé depuis des années, une intelligence du temps, une rapidité de captation des enjeux. Bref, les qualités l’emportent sur les défauts : je n’enlève rien à mes réserves, mais j’affirme ici que, pour moi, Pierre Maudet pourrait être l’homme de la situation.

     

    Le sera-t-il ? Je n’en sais rien. D’autant que ni Mme Moret ni M. Cassis ne sont de mauvais candidats. Mais là, il fallait oser publiquement un choix. C’est désormais chose faite. Certains d’entre vous m’applaudiront. D’autres me maudiront. C’est ainsi. C’est la vie, lorsqu’on s’exprime dans l’espace public.

     

    Pascal Décaillet