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Commentaires GHI - Page 177

  • Trump, un an après : toujours l'homme à abattre !

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 08.11.17

     

    Il y a tout juste un an, Donald Trump était élu à la présidence des Etats-Unis d’Amérique. Elu, seul contre tous. Contre les médias. Contre les intellectuels. Contre les artistes de Hollywood. Contre l’incroyable campagne organisée pour l’abattre. Contre la puissance du clan démocrate, sa richesse, ses réseaux, ses ressources. Contre Mme Clinton, pourtant donnée grande favorite, et soutenue pendant toute la campagne par le président sortant, Barack Obama. Au matin du 9 novembre 2016, pour tout ce petit monde, y compris en Suisse romande, c’était la gueule de bois. Quelque chose s’écroulait. Un monde s’en allait, laissant la place à un autre. Un univers de références, de paramétrages, était soudain pulvérisé. Nos belles âmes, qui avaient tant fait campagne pour Mme Clinton, tant sanctifié Obama pendant huit ans, n’en revenaient pas. Un an après, elles sont toujours sous le choc. Et n’ont strictement tiré aucune leçon de ce qui s’est passé.

     

    Trump, aux affaires depuis le 20 janvier 2017, a-t-il convaincu ? La question est évidemment complexe, comme pour tout président, il y a de bonnes pistes dans certains domaines, des échecs dans d’autres, il faudra juger sur quatre ans, voire sur huit, pour l’heure c’est beaucoup trop tôt. En politique étrangère, je n’hésite pas à désigner une erreur majeure : vouloir défaire l’Accord sur le nucléaire avec l’Iran, qui était pourtant (avec Cuba) l’un des deux seuls succès, en huit ans, de la diplomatie d’Obama. Dans un Proche et Moyen-Orient compliqués, auxquels les Etats-Unis n’ont jamais compris grand-chose, il y avait là la possibilité de relancer un acteur majeur, historique, ancestral des grands arbitrages dans la région. Il faudra quand même que nous, en Suisse, commencions à entrevoir l’Iran comme autre chose que la caricature proposée par les Etats-Unis depuis 1979.

     

    Des actes du Trump au pouvoir, on peut, on doit discuter. Exactement ce que refusent de faire, depuis un an, dans notre bonne presse romande, les perdants du 9 novembre 2016. Pour eux, Trump demeure, plus que jamais, l’homme à abattre. Avec une avidité sans pareil, ils n’en peuvent plus de guetter le moindre de ses « dérapages », de condamner le plus furtif de ses tweets. Ils sont restés dans leur extase de l’ère Obama, ce « merveilleux danseur », tellement plus fin que l’autre, « l’emperruqué », dont on ne cesse de blâmer la vulgarité. A Trump, ennemi mortel, on ne pardonne rien. A commencer par son péché originel, celui d’avoir, il y a juste un an, eu le culot de se faire élire président à la place de Mme Clinton. Trump, le dévoyé, l’usurpateur. Il est là, il est au pouvoir, mais ça doit être une erreur, un cauchemar, une disjonction du prévisible : il est président, mais on n’arrive pas à s’y faire. Alors, on continue, à n’en plus finir, au moindre de ses actes, de ses propos, de lui déverser des tonnes de fiel. Un an après, la presse romande, toujours aussi uniforme, n’a toujours rien compris. Elle ne saisit plus le réel. Elle s’enferme dans l’éclat solitaire de ses certitudes.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le Progrès, sur ordre

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    Commentaire publié dans GHI - 01.11.17

     

    Des Jeux olympiques en Suisse en 2026 ? Des Jeux d’hiver, alors que la neige se fait rare. Un budget dont beaucoup pressentent qu’il pourrait éclater, comme ce fut le cas dans tant d’autres pays. D’immenses efforts pour une quinzaine de jours seulement. Bref, tout le monde n’est pas enthousiaste, cela se comprend.

     

    Une chose est sûre : si la dialectique des POUR et des CONTRE, dans le débat autour de ces Jeux, se réduit à une opposition entre le progrès et le repli, la Lumière et l’Obscur, la Suisse d’Ogi et celle de Blocher, comme nous le suggérait l’édito de la RTS, sur la Première, au matin du lundi 30 octobre, alors j’en connais qui vont méchamment pencher pour le non.

     

    Pourquoi ? Mais parce que les citoyens, ma foi, n’aiment pas trop, en général, se faire traiter d’abrutis, du haut d’une radio qu’au reste ils stipendient, par une voix matinale leur intimant l’ordre, s’ils veulent être agréés par le camp du progrès, de dire oui. Pour peu, d’ailleurs, qu’on veuille bien leur demander leur avis !

     

    La voix matinale de la RTS a-t-elle bien saisi que nous étions dans une démocratie ? Que le progrès, sur ordre, n’était pas nécessairement le rêve de la multitude. Que nos citoyennes, nos citoyens, entendaient décider souverainement de leur destin. Sans qu’on leur assène, à coups de massue, ce qu’ils ont à faire au nom du convenable. En clair, en cas de vote sur ce sujet, le corps électoral aura le droit de dire OUI. Et il aura, tout autant, celui de dire NON. N’en déplaise à la RTS.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Vous craignez les emmerdes ? N'écrivez pas !

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 01.11.17

     

    La liberté d’expression : vaste programme ! Sur le fond, tout le monde est pour. Vous êtes pour ma liberté, je suis pour la vôtre, nous caressons ensemble l’image d’une modernité délivrée des vieux démons, ceux de la censure et des autodafés. De bonnes âmes, à longueur de journées, nous répètent qu’on doit tout pouvoir dire, quitte à choquer. Les mêmes, exactement, sont les premières à nous tomber dessus dès qu’on met en application leurs beaux principes, à leur détriment.

     

    Bien sûr, nous ne sommes pas en Turquie. Ni en Corée du Nord. Les juges, globalement, nous laissent en paix, c’est un bien précieux. Mais sous nos latitudes, ça n’est pas l’appareil judiciaire qui se montre le plus dangereux face à l’expression des opinions. Non, c’est quelque chose de plus diffus, moins visible, plus tentaculaire : la puissance d’opprobre de ceux qui prônent le Bien. Ils n’agissent pas au nom de la loi, qui présente la vertu d’être mesurable, consultable par tous. Mais au nom de la morale. Leur morale, à eux. Ils sont porteurs, défenseurs de valeurs intangibles. Dès que vous touchez à cette Arche sainte, la masse de leurs cohortes s’abat sur vous.

     

    Des exemples ? Le féminisme. Quasiment pas possible, de nos jours en Suisse romande, de le mettre en cause, sans immédiatement s’attirer les foudres des mêmes Erinyes, ces divinités vengeresses de la mythologie grecque. La cause fonctionne comme un dogme. Elle ne tolère aucune remise en question. Autre exemple : avoir nourri des doutes, au moment des guerres balkaniques (années 1990), sur l’opportunité de démembrer l’ex-Yougoslavie, avoir osé dénoncer le rôle de l’OTAN, celui de l’Allemagne de M. Kohl. Non, il fallait bouffer du Serbe, diaboliser un camp, toujours le même, encenser les autres. Le Bien, contre le Mal.

     

    D’autres exemples : avoir écrit, à l’automne 2016, que le camp belliciste représenté par Mme Clinton était plus dangereux que celui de M. Trump. Ou encore, ne pas tomber en immédiate pâmoison face à la modernité du Pape François. Ou encore, considérer que le vote Front national en France, Brexit au Royaume Uni, AfD en Allemagne, Parti de la liberté en Autriche, Orban en Hongrie, mérite une autre attention que d’être immédiatement catalogué comme fasciste, donc à rejeter d’une chiquenaude, hors du champ républicain.

     

    Je pourrais multiplier les exemples. Dans tous ces domaines, en Suisse romande, aucun problème avec les juges. Mais le feu, le tonnerre, chez les partisans du Bien. Ils sont partout : chez les journalistes, par légions ; sur les réseaux sociaux, bien embusqués, n’ayant d’autre hâte que saisir le moindre dérapage, capturer l’écran, mettre au pilori, dénoncer. Ça n’est pas l’Etat qui vous tombe dessus, ni un parti, c’est l’invisible meute de justiciers qui, au nom d’une morale par eux définie, vous livre au fatras et au fracas, à la bave recommencée, à la délation généralisée.

     

    Voilà dans quel état nous sommes en Suisse romande. Voilà d’où vient la foudre. Non des fureurs du Mal. Mais du miel du Bien. Chez ces gens-là, Monsieur, il n’y a plus ni analyse, ni synthèse : il n’existe plus que l’aveuglante lumière, si douce et si convenable, de la morale.

     

    Pascal Décaillet