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Commentaires GHI - Page 182

  • Plaidoyer pour l'intérêt supérieur du pays

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 27.12.17

     

    Au seuil de la nouvelle année, je plaide ici pour l’intérêt supérieur de notre pays. Nous, les citoyennes, les citoyens, hommes et femmes libres, adultes, vaccinés, surgis de tous les horizons, avec nos opinions divergentes, ce qui doit nous réunir, c’est le souci du bien commun. Que nous soyons de gauche, de droite, libéraux ou protectionnistes, réformistes ou conservateurs, peu importe ! Confrontons nos opinions, bagarrons-nous en saine démocratie, engueulons-nous fraternellement, mais de grâce, gardons à l’esprit que le but ultime de nos combats, c’est d’être utiles à notre pays. Non à tel ou tel corporatisme. Non à tel ou tel parti, qui n’a pas à être un but en soi. Mais à l’ensemble. Facile à dire. Difficile à mettre en œuvre.

     

    Regardez la santé. Un casse-tête. Caisse unique ? Caisses publiques ? Couper les ailes aux lobbyistes à Berne ? Fixer les primes en fonction du revenu ? Modèle étatisé ? Privé ? Chaque Suisse, comme dans le domaine de l’éducation, a sa petite idée. Huit millions de ministres de la Santé ! Chacun, surtout, sent en soi la colère qui gronde, parce que les primes, depuis vingt ans, ne cessent de grimper. A partir de là, que faire ? Le Parlement, le Conseil fédéral, sont-ils encore dignes de confiance ? La démocratie directe, activée par plusieurs initiatives conjointes, sera-t-elle la solution ? De ce capharnaüm, rien de durable ne pourra émerger sans une disposition d’âme, en chacun d’entre nous, liée sincèrement à l’intérêt supérieur de la communauté humaine de notre pays. A cela, et non à la défense de telle corporation, tel groupement d’intérêts : il y a un moment où le foisonnement associatif de la Suisse doit céder la place à la clarté de l’intérêt général. Idem pour les retraites. Idem pour la fiscalité.

     

    Oui, mais comment définir l’intérêt général, autrement qu’en dégageant des majorités ? C’est précisément pour cela que je crois si fort à la démocratie directe, principalement aux initiatives populaires. Parce qu’elles viennent d’en bas. Elles exhument de l’indifférence les thèmes boudés par les clercs. Elles agitent des sujets méprisés par les élites, politiques ou médiatiques, qui sont d’ailleurs liées. Elles établissent une rude et saine concurrence à la bonne vie parlementaire. Elles les secouent, et c’est pourquoi les élus, se bouchant le nez, affichent leur mépris pour ces textes munis de plus de cent mille signatures, ayant passé l’épreuve de la rue, des empoignades devant les stands de signatures. Alors, eux, les parlementaires, font tout pour invalider l’initiative, empêcher la votation d’avoir lieu. Ils ont tort, évidemment, car ce comportement montre leur peur face à cette concurrence surgie de la base. Et surtout, leur volonté de défendre l’institution parlementaire, hélas parfois, avant le sujet lui-même, qui ne doit être considéré que dans l’intérêt supérieur du pays.

     

    Cette dialectique entre démocratie directe et démocratie participative, l’une et l’autre étant parfaitement utiles et respectables, continuera de nous accompagner pendant toute l’Année 2018. Que je vous souhaite, à tous, excellente, pleine d’émotion et de lumière.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La meute, ça n'est pas du journalisme !

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 20.12.17

     

    Après quelques semaines dans le rôle du gibier de chasse à courre, Yannick Buttet a donc choisi de démissionner. On l’eût fait à moins. Acculé de toutes parts, jeté en pâture aux hurlements, livré à l’hallali, le conseiller national valaisan a fini par donner à ses persécuteurs ce qu’ils cherchaient à obtenir : sa démission du Parlement fédéral. A peine, d’ailleurs, l’annonçait-il, que les corps de chasse autoproclamés se mettaient déjà à exiger son départ de la Présidence de la Commune de Collombey-Muraz, prouvant ainsi leur dessein d’aller jusqu’au bout dans la destruction d’un homme. Cette hargne, face à une proie, ne relève en aucune manière des missions du journalisme, mais de l’esprit de meute le plus féroce, le plus haïssable, le plus contraire à la définition de l’intérêt public. La profession, assurément, ne sort pas gagnante de ce lamentable épisode de fin d’automne.

     

    Car il y a eu meute, et singulière jouissance à en être. Dans l’affaire de Sierre, qui relève strictement de la vie privée, il y a une plainte. Fort bien. On devait attendre qu’elle fût instruite, donnât lieu à un procès, une condamnation, et même patienter jusqu’à ce que cette dernière fût définitive, une fois épuisés les échelons de recours de notre Etat de droit. Dans le volet bernois, nulle plainte, du moins à notre connaissance. En lieu et place, des rumeurs. Des « témoignages anonymes ». Peut-être fondés. Et puis, peut-être pas. Qu’en savons-nous ? Et puis, quoi ! Ces choses-là, si elles sont dénoncées, relèvent de la justice, seule habilitée à enquêter, démêler le vrai du faux, un jour juger, et peut-être condamner. Ce travail est celui des juges. Il ne saurait être, sous prétexte « d’investigation » (mandatée par quelle légitimité ?), celui des médias. Et c’est exactement là, dans le confluent de ces impostures, que commence l’esprit de meute.

     

    Dans cette affaire, quelques journalistes, fonctionnant de facto en une sorte de pool (où chacun cite l’autre, amplifiant une affaire par eux-mêmes créée), ont voulu la peau d’un homme. Il y aurait beaucoup à dire sur les véritables motivations de ces chasseurs acharnés : les unes sont internes à la politique valaisanne, les autres sont faites de concessions à l’esprit du temps, notamment une idéologie de guerre entre les sexes, nourrie par quelques extrémistes. Au final, tous les ingrédients d’une conjuration contre un élu, au demeurant remarquable, du peuple suisse. Bien sûr, l’homme avait commis des fautes. Pour Sierre, peut-être une faute contre la loi, nous verrons. Pour Berne, des « fautes morales », autant dire qu’elles laissent la place à des galaxies de subjectivité, tant qu’un juge, sur la base d’une plainte, n’a pas statué. La meute, c’est jouer sur l’opinion avant le droit, privilégier la rumeur sur l’information, tabler sur le « témoignage anonyme », indigne de la transparence républicaine. Dans cette affaire, il y a deux perdants : Yannick Buttet, mais aussi le journalisme en Suisse romande.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La vie privée, ça existe, bordel !


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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 13.12.17

     

    Je dois être un homme d’une autre époque. Pour moi, les mots « vie privée » ont un sens. Et la séparation, drastique, entre existence intime, justement, et action publique. Ainsi, les politiques, les élus : autant je suis favorable à un exercice critique intransigeant de leurs actes, dans l’exercice de leurs fonctions, autant leur vie privée m’est indifférente. Je vais plus loin, et suis conscient d’être minoritaire sur ce plan : il m’est assez égal de savoir que tel ou tel aurait « fauté » sur le plan de la morale (définie par qui ?), ou des convenances, s’il s’avère excellent dans l’exercice de son mandat. Ouvrons les livres d’Histoire, les biographies des grands hommes : pouvez-vous m’en citer un seul dont la vie privée fût parfaite ? Quelle importance ? On ne le juge pas à cette aune-là, tout simplement.

     

    Je dis que je dois être d’une autre époque, parce qu’aujourd’hui, sans doute sous influence américaine, nos médias ne font plus la moindre différence entre vie privée et vie publique. Sous prétexte « d’exemplarité » (dans quelle Constitution, quelle Charte fondamentale, quelle loi, ce concept est-il inscrit ?) des élus, il faudrait que ces derniers soient parfaits. Des anges. Sans la moindre aspérité. Oui, cela nous vient des Etats-Unis, d’un certain puritanisme qui, de longue date, à vrai dire dès les premiers colons, sévit Outre-Atlantique. Et cela nous a été importé ces dernières années. Homme d’un ancien temps, je conteste absolument l’opportunité de cette importation. Je continuerai, jusqu’au bout, à juger les hommes et les femmes politiques en fonction de leurs résultats, non de ce qu’ils sont sur le plan privé.

     

    Cette volonté de résistance à l’esprit du temps m’a amené à ne pas accabler Mark Muller, pas plus que Valérie Garbani, ni Yannick Buttet. Bien sûr, s’il y a plainte pénale, que cette dernière est reçue, instruite, donne lieu à un procès, et qu’il y a un jour condamnation, l’élu devra se retirer : non parce qu’il aurait enfreint la morale, mais la loi. Eh oui, la loi, la codification qui nous est commune, que nous devons tous respecter. Mais à mes yeux, tant qu’il n’y a pas condamnation, la personne peut rester. Je me sais minoritaire à penser cela, mais l’exprime néanmoins.

     

    Et puis, il y a les réseaux sociaux. Le poids, de plus en plus insupportable, de la délation. Pour un rien, on dénonce. On jette l’anathème. On confond l’information avec la rumeur. On salit. Jusque dans la presse, on donne crédit à des accusation anonymes. On va jusqu’à sanctifier la catégorie « victime », sans que la justice, seule habilitée à statuer, n’ait été saisie, sans qu’une affaire ait simplement été instruite, sans qu’il y ait eu procès, encore moins condamnation. Alors, on juge, à l’emporte-pièce. En fonction de la morale ambiante, celle du moment. Sous la pression de groupes, lobbys ou corporatismes qui font régner une véritable terreur, et vouent à la damnation ceux qui ne vont pas dans leur sens. Je suis peut-être un homme d’une autre époque, mais cette dérive-là, je la rejette, de toutes mes forces.

     

    Pascal Décaillet